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Des partisans d'Evo Morales manifestent près de l'aéroport d'El Alto, dans la banlieue de La Paz, le 5 novembre 2019. Des partisans d'Evo Morales manifestent près de l'aéroport d'El Alto, dans la banlieue de La Paz, le 5 novembre 2019. 

Situation toujours tendue et confuse en Bolivie

Le conflit post-électoral continue à s’enliser dans le pays andin. Alors que l’opposition réclame une nouvelle élection, le pouvoir socialiste se présente en garant de l'état de droit devant les membres du Conseil des droits de l'homme de l'ONU et dénonce des velléités putschistes à droite. L’épiscopat continue à appeler au recomptage des voix.

Le ministre bolivien de la Justice a défendu mardi à l'ONU à Genève sa gestion des «manifestations extrêmement violentes», alors que le pays traverse une crise déclenchée par la réélection controversée fin octobre du socialiste Evo Morales.

Le ministre Hector Arce avait fait le déplacement pour l'Examen périodique universel (EPU) de son pays devant le Conseil des droits de l'Homme, un examen auquel doivent se soumettre tous les membres de l'ONU tous les quatre ou cinq ans. À cette occasion, le ministre a défendu les «avancées» réalisées par la Bolivie, comme la lutte contre la pauvreté, la réduction du chômage et la hausse de l'espérance de vie.

À la fin de son discours, il a également souhaité «attirer l'attention» des diplomates sur la crise que traverse son pays, indiquant que l'enquête de l'Organisation des Etats américains (OEA) sur le processus électoral, réalisée à la demande du gouvernement, doit s'achever le 12 novembre.

«Malgré tous ces graves événements qui menacent l'état de droit dans mon pays, le gouvernement bolivien, respectueux des droits humains, n'exerce et n'exercera aucune répression des manifestations extrêmement violentes» qui s'y déroulent, affirme le ministre. «L'intervention de la police se limitera à assurer la sécurité des citoyens et des biens de l'État», a-t-il ajouté.

L'opposition réclame un nouveau scrutin

Le candidat d'opposition à la présidentielle en Bolivie, Carlos Mesa, a exigé dimanche la tenue d'un nouveau scrutin pour sortir le pays de la crise déclenchée par la réélection controversée, fin octobre, du socialiste Evo Morales dès le premier tour.

Selon les résultats officiels, Carlos Mesa, centriste qui a déjà dirigé la Bolivie de 2003 à 2005, était arrivé en deuxième position lors du premier tour de l’élection présidentielle du 20 octobre avec 36,5% des voix contre 47% pour Evo Morales, au pouvoir depuis 2006 et élu avec une avance de plus de 10 points qui lui permettait d’échapper à un second tour.

Mais l'opposition a dénoncé une fraude, et la vague de contestation qui a éclaté dès le lendemain du scrutin a fait au moins deux morts et 140 blessés. Carlos Mesa a appelé ses partisans à rester mobilisés «dans la paix et la non-violence» mais Evo Morales, pour sa part, a accusé ses rivaux de chercher à provoquer un affrontement armé.

Situation confuse et rumeurs de coup d’État

L'opposition «veut des morts causées par la police et les forces armées», a-t-il dénoncé, faisant allusion à une autre figure de l'opposition, Luis Fernando Camacho, leader de la contestation dans la ville de Santa Cruz, qui avait appelé samedi l'armée bolivienne à «se ranger aux côtés du peuple».

Ce mardi matin, alors que ce leader de la contestation dans la ville de Santa Cruz voulait rejoindre la capitale pour contraindre Evo Morales à signer une lettre de démission, il a été escorté par la police à son arrivée à l’aéroport d’El Alto, près de La Paz, et il a dû embarquer dans un avion militaire car l’aéroport était encerclé par des militants pro-Morales. Le ministre de l’Intérieur a affirmé que cette escorte policière visait à assurer l’intégrité physique de Luis Fernando Camacho et à éviter que la situation ne dégénère, mais l’opposition affirme que l’agitation autour de l’aéroport avait été encouragée par la présidence.

Hier, un autre incident étrange avait concerné le président Evo Morales lui-même, lorsque son hélicoptère a dû réaliser lundi un atterrissage d'urgence à cause d'un problème mécanique. Un proche du chef de l'État avait alors dénoncé un «attentat». L'incident s'est produit au moment où le chef de l'État socialiste s'apprêtait à quitter un village andin où il venait d'inaugurer une route.

Les évêques appellent au dialogue

En fin de semaine dernière, avec la déclaration "Compréhension et paix, vérité et justice", la Conférence épiscopale bolivienne a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation actuelle dans le pays. Elle appelle à mettre fin à la violence entre Boliviens et encourage le dialogue entre les parties pour résoudre ce conflit.

«Nous demandons d'écouter le peuple pour maintenir la démocratie, le seul système qui puisse garantir la liberté, le bien commun et le développement», écrivent les évêques qui réclament un examen officiel complet de l’ensemble du processus électoral et non des seuls résultats officiels du premier tour.

Les évêques condamnent la violence et les invitations à des confrontations de toutes sortes, entre les autorités et les citoyens, et concluent en les invitant à prier pour la paix à un moment où le pays a un besoin particulier de paix et de justice.

Dans une déclaration datée du 2 novembre, le secrétariat général de la conférence épiscopale a nié catégoriquement les accusations du ministre de la présidence, Juan Ramon Quintana, selon lesquelles l'Église serait responsable de la promotion des accusations de fraude lors des dernières élections. Ils rappellent que l'Église bolivienne «est au service de la justice, de la vérité et du bien commun».

(Avec AFP et Fides)

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05 novembre 2019, 17:01