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Une femme sans-abri dans une rue de Madrid, en Espagne, le 16 octobre 2019. Une femme sans-abri dans une rue de Madrid, en Espagne, le 16 octobre 2019. 

Mieux définir la pauvreté pour mieux la combattre

Le 17 octobre est la Journée mondiale du refus de la misère (appelée par l'ONU "Journée mondiale pour l'élimination de la pauvreté"). Mais c’est un combat de chaque jour que mènent les individus et les organismes contre la misère, un mal difficile à cerner car multidimensionnel. L’organisation ATD-Quart Monde propose une nouvelle définition de la pauvreté, élaborée avec des personnes concernées par l’exclusion. Ce travail de terrain, à l’écoute des personnes, permet d’introduire d’autres dimensions dans l’analyse de la pauvreté.

Cécile Mérieux – Cité du Vatican

Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le taux de pauvreté a augmenté de 0,6 point en 2018, atteignant les 14,7 % de la population française. L’Insee, considère un individu comme pauvre si son niveau de vie est inférieur à 60 % de la médiane des revenus de la population. Ces chiffres sont obtenus à partir de données économiques, des informations qui ne sont pas toujours adéquates pour une juste reconnaissance des situations de pauvreté.

L’association ATD Quart Monde et l’université d’Oxford ont proposé une nouvelle définition plus globale et concrète, en introduisant des dimensions inédites inspirées des témoignages des personnes concernées par l’exclusion. Entre 2017 et 2019, chercheurs et personnes en situation de pauvreté ont travaillé ensemble pour cela, dans six pays très différents (France, Royaume-Uni, Bangladesh, Bolivie, États-Unis et Tanzanie). Ils ont dévoilé la conclusion de ce travail inédit dans un rapport présenté ce jeudi 17 octobre, à l’accession de la journée de lutte contre la misère.

Cette nouvelle définition de la pauvreté ne se restreint pas à des données matérielles.  Elle est composée de huit dimensions qui participent de la situation de pauvreté.

Une pauvreté multiforme

La plus évidente est la «privation matérielle» (argent, nourriture, etc.) et celle de «droits» (de travail, de logement). Cette première dimension en implique nombre d’autres telles que la «dégradation de la santé physique» (sous-nutrition ou mal-nutrition, ou au contraire obésité et diabète.) «ou mentale» (stress, dépression).

Une autre notion récurrente dans les témoignages des personnes interrogées est la «maltraitance sociale». C’est la sensation d’être déconsidéré par les autres, de ne pas avoir sa place dans la société.  Le manque de reconnaissance, voire la dépréciation, est un des facteurs transparents mais fondamentale de la misère sociale.

De plus, la notion de «maltraitance institutionnelle» est stipulée. Elle se traduit par la méconnaissance des personnes en situation de pauvreté de leur droit, et de leur difficulté à la faire valoir.  Nombre de personnes en difficulté renoncent à leur droit par ignorance, par découragement, ou par honte d’avoir recourt à des services dépréciés dans la mentalité de la société.

Les dimensions énumérées ont tendance à se superposer et à susciter chez les individus des «peurs et souffrances». Embourbés dans leurs au quotidien, ils ont d’autant plus de difficultés à se projeter dans l’avenir. Tous ces points sont facteurs d’isolement des personnes pauvres, et les entrainent dans un cercle vicieux de renfermement sur soi et d’enfoncement dans la misère.

Le rapport souligne la situation de «dépendance» et le «combat» que doit mener les individus pour résister dans leur situation de pauvreté au quotidien.  

C’est ce que nous explique Jean Tonglet, volontaire du mouvement ATD Quart Monde à Bruxelles et responsable des relations internationales du mouvement. Il insiste sur l’importance de reconnaitre la dignité de la personne.

Entretien avec Jean Tonglet

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17 octobre 2019, 19:10