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Des opérateurs sanitaires dans un centre de soins en Ouganda, à la frontière avec la RDC Des opérateurs sanitaires dans un centre de soins en Ouganda, à la frontière avec la RDC 

RDC: le virus Ebola, une urgence régionale mais pas mondiale

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré ce 14 juin que l'épidémie de fièvre Ebola qui gagne du terrain en Afrique centrale ne constituait pas une urgence sanitaire mondiale, mais plutôt régionale. Sur le terrain, les obstacles restent nombreux, rendant difficile l’enrayement du virus.

Adélaïde Patrignani (avec AFP) – Cité du Vatican

Depuis le début de l'épidémie d’Ebola, en août dernier en République Démocratique du Congo, c’est la troisième fois que le comité d’urgence de l’OMS était convoqué. La réunion faisait suite à l'apparition de plusieurs cas d'Ebola cette semaine en Ouganda, pays frontalier de la RDC.

Plus de 1400 morts en dix mois

L’OMS a donc estimé que l'épidémie d'Ebola constitue une «urgence pour la RDC et la région», mais il ne s'agit pas d'«une urgence de santé publique de portée internationale». Autrement dit, «elle ne constitue pas une menace pour la santé mondiale», d’après le directeur général de l’OMS. Le risque de propagation internationale restait «faible», a-t-il été précisé.

L’Ouganda, où s’étend le virus Ebola, est déjà en état d’alerte depuis le mois d’août. Le foyer de l’épidémie se trouve dans l’est de la RDC, dans les provinces du du Nord-Kivu et d'Ituri, où plus de 2100 cas d'Ebola ont été enregistrés, et 1411 de ces malades sont morts.

Le principal défi des autorités ougandaises face à l'épidémie est la porosité des 875 kilomètres de frontière commune avec la RDC, malgré les contrôles sanitaires mis en place aux postes-frontière. Les deux premières victimes d’Ebola en Ouganda, décédées cette semaine, en sont un triste exemple. Il s’agit d’un garçon de cinq ans et de sa grand-mère, qui avaient assisté avec d'autres membres de la famille aux obsèques en RDC d'un proche mort d’Ebola. Les deux sont morts dans le district ougandais de Kasese, frontalier du Congo.

Un recul difficile à obtenir

L'Ouganda a déjà connu des épidémies d'Ebola. La plus récente remonte à 2012. En 2000, 200 personnes sont mortes au cours d'une épidémie dans le nord du pays. En RDC, l'épidémie actuelle est la dixième depuis 1976 et la deuxième la plus grave dans l'histoire de la maladie, après celle qui a frappé l'Afrique de l'Ouest en 2014-2016 (plus de 11 000 morts en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia principalement).

Mais ces pays disposent d'une arme majeure pour contrer le virus: un vaccin expérimental jugé efficace par l'OMS.

La RDC peine toutefois à enrayer l'épidémie, notamment en raison des attaques des milices ou de l'hostilité de la population vis-à-vis des centres de soins. La situation est beaucoup plus stable en Ouganda, pays tenu d'une main de fer par le président Yoweri Museveni depuis 1986.

Ce vendredi, le président du comité du comité d’urgence de l’OMS, le Dr Preben Aavitsland, a par ailleurs déploré un autre obstacle: le manque de soutien financier international. Il a estimé que cela «peut retarder l'éradication effective» de l'épidémie en RDC et contraint l’organisation onusienne à «réduire une partie de son travail de préparation dans certains pays voisins». Face aux difficultés à endiguer l’épidémie au Congo Kinshasa, deux ONG - Oxfam et la Croix-Rouge/Croissant-Rouge - ont récemment demandé de «réinitialiser» la réponse, comme le fait remarquer le journal Le Monde.

Le virus Ebola se transmet à l’être humain par contact, soit avec des animaux infectés (en général en les dépeçant, en les cuisant ou en les mangeant), soit avec des liquides biologiques de personnes infectées. 

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15 juin 2019, 07:52