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Le président moldave, Igor Dodon, lors d'une conférence de presse à Chisinau Le président moldave, Igor Dodon, lors d'une conférence de presse à Chisinau 

Fin de règne en Moldavie pour le parti démocrate

La Moldavie traverse une crise politique depuis le weekend dernier. Le pays a deux gouvernements qui revendiquent chacun le pouvoir depuis que le président a été suspendu brièvement par la Cour constitutionnelle et que le parlement a été dissous. Ce sont les dernières manœuvres du parti démocrate de l’oligarque Vlad Plahotniuc pour se maintenir au pouvoir et éviter la prison.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Samedi 8 juin, le parti socialiste du président Igor Dodon, pro-russe, et l’alliance pro-européenne ACUM de Maïa Sandu se mettaient d’accord pour former un gouvernement de coalition, trois mois après les élections législatives de février. Cette annonce surprenante tant les deux formations sont opposées, a provoqué la colère du parti démocrate du Premier ministre sortant, Pavel Filip, seconde force en terme de sièges au parlement. L’oligarque Vlad Plahotniuc, qui en est le véritable chef, a qualifié l’accord conclu par ses adversaires de «coup d’État».

Dimanche, la Cour constitutionnelle a suspendu le président Dodon et l’a remplacé par le chef du gouvernement sortant qui a immédiatement dissous le parlement et convoqué des législatives anticipées. Les juges ont argué du fait que vendredi, soit la veille de l’annonce de l’accord de coalition, ils avaient demandé au chef de l’État de dissoudre le parlement, le délai pour former un gouvernement étant passé.

Dernier rebondissement: mardi, le président Dodon a annulé le décret de dissolution et le gouvernement de coalition formé samedi revendique la légitimité du pouvoir. La Moldavie a donc, dans les faits, deux gouvernements.

Un parti démocrate aux abois

Pour Vincent Henry, chercheur associé à l’université Paris-Est, travaillant sur la Moldavie, la décision de la Cour constitutionnelle est plus politique que strictement juridique. Selon lui, la majorité des juges sont inféodés à Vlad Plahotniuc. La perte du pouvoir signifie pour le président du parti démocrate et ceux qui lui sont dévoués, la fin de l’immunité avec un risque très élevé d’être incarcérés.

L’oligarque a perdu tous ses soutiens étrangers ces dernières années. D’abord l’Union européenne, qui a pris ses distances en 2015, puis les États-Unis. La Russie ne lui sera d’aucune aide puisqu’il s’est présenté comme le dernier rempart contre Moscou, jouant la carte de la souveraineté de la Moldavie. Dans le bras-de-fer en cours, l’Union européenne et la Russie, fait rare, ont affiché une position commune, reconnaissant le parlement élu en février comme seul légitime, ce qui isole encore plus Vlad Plahotniuc.

Un nouveau scrutin, et l’espoir de le remporter, reste donc pour lui la seule issue à court terme. Mais pour Vincent Henry, «le pouvoir du parti démocrate est fini». Et les élections prévues en septembre n’auront pas lieu, les autres forces politiques moldaves n’étant pas d’accord. La seule question est de savoir quand et comment le parti démocrate et son chef chuteront définitivement.

L'éclairage de Vincent Henry, chercheur associé à l'Université de Paris-Est

 

 

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12 juin 2019, 08:18