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Célébrations du 5e anniversaire de l'annexion de la Crimée par la Russie, à Simferopol, le 15 mars 2019 Célébrations du 5e anniversaire de l'annexion de la Crimée par la Russie, à Simferopol, le 15 mars 2019 

Cinq ans plus tard, ce qu'a changé l'annexion de la Crimée

Le 18 mars 2014, l’annexion de la péninsule de Crimée, votée deux jours plus tôt lors d’un référendum d’autodétermination non reconnu par la communauté internationale, était ratifiée au Kremlin. La Russie s’accordait alors le contrôle de ce territoire ukrainien stratégique. Cinq années plus tard, quel bilan peut-on dresser et quelles perspectives se dessinent ? L’éclairage d’Anne de Tinguy, chercheur au CERI (Sciences-Po).

Entretien réalisé par Hélène Destombes / Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

«L’annexion de la Crimée et l’intervention de la Russie dans le Donbass en 2014 ont été des tournants dans la vie internationale», analyse Anne de Tinguy, professeur émérite à l’INALCO et chercheur au CERI (Sciences-Po). Les initiatives russes ont bouleversé l’équilibre géopolitique en Europe, au sein de l’ancien espace soviétique, ou encore vis-à-vis de pays de l’espace Asie/Pacifique.

Si la population russe soutient volontiers cette annexion, considérée comme acquise par le président Vladimir Poutine et son gouvernement, les Ukrainiens y voient «une initiative russe totalement inacceptable». Un rapprochement forcé, en somme, puisque «la rupture reste forte» et «les relations entre les deux pays se sont détériorées».

La Russie n’hésite pas à manifester son pouvoir sur cette péninsule stratégique sur le plan énergétique et territoriale. Le pont de Crimée est un exemple emblématique. Inauguré en mai 2018 par Vladimir Poutine, il relie sur 18 km la péninsule de Kertch (Crimée) à l'ouest, et la péninsule de Taman (Russie), à l'est. Une partie ferroviaire devrait bientôt être achevée.

Un conflit toujours meurtrier

Un peu plus au nord-est, dans la région ukrainienne du Donbass, le conflit armé s’enlise, entre les séparatistes russophones, qui ont autoproclamé et contrôlent les Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk, et les forces gouvernementales ukrainiennes, qui tentent de récupérer ce territoire. Les cessez-le-feu se succèdent, les négociations pour la paix patinent et «rien n’est réglé» selon Anne de Tinguy.  Même si la guerre a perdu en intensité, il y a toujours des victimes.

À l’approche des élections présidentielles du 31 mars en Ukraine, la victoire d’un candidat pro-russe est donc peu probable, selon la chercheuse.

Analyse d'Anne de Tinguy, chercheur au CERI

Anne de Tinguy a dirigé l'ouvrage La Russie dans le monde, CNRS éditions, à paraître le 21 mars 2019. 

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18 mars 2019, 09:49