Le Yémen dépend des importations pour 90% de sa nourriture, et 70% de celles-ci passent par Hodeida, sur les rives de la mer Rouge. Le Yémen dépend des importations pour 90% de sa nourriture, et 70% de celles-ci passent par Hodeida, sur les rives de la mer Rouge. 

Yémen: Processus politique au point mort

La France organise mercredi 27 juin une conférence humanitaire sur le Yémen aux ambitions fortement réduites après le lancement d'une offensive militaire à Hodeida, les ONG dénonçant de leur côté «l'ambiguité» de Paris dans ce conflit.

Joris Bolomey, avec AFP - Cité du Vatican

En dépit ce qui avait été annoncé, la conférence de Paris, ce mercredi 27 juin, se tiendra finalement au niveau des experts et n'aura donc pas de portée décisionnelle. «Compte tenu des incertitudes qui demeurent sur l'offensive en cours, il ne nous a pas paru pertinent, sage de convoquer cette conférence à un niveau ministériel», concède une source diplomatique française citée par l’AFP.

Suite à l'offensive sur la ville portuaire de Hodeida, la conférence parisienne a disparu de l'agenda du chef de l'Etat et du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et ne sera pas ouverte aux médias.

Offensive progouvernementale sur Hodeida

Les forces progouvernementales yéménites, encadrées par les Emirats arabes unis, pilier de la coalition conduite par l'Arabie saoudite, ont lancé le 13 juin une offensive visant à chasser les rebelles Houthis de la ville portuaire de Hodeida, essentielle pour les importations. Le Yémen dépend des importations pour 90% de sa nourriture, et 70% de celles-ci passent par Hodeida, sur les rives de la mer Rouge. Cette ville portuaire de 600 000 habitants, contrôlée par les Houtis, est également le principal point d'entrée de l'aide humanitaire. En deux semaines, les combats y ont fait 429 morts selon des sources locales.

 

Dès le début de l'offensive, Abou Dhabi n'a cessé d'insister sur un retrait «inconditionnel» des rebelles Houthis de la ville clé de l'ouest du Yémen. «Nous avons de l'espoir et nous croyons au processus politique», a déclaré à la presse Rim al-Hachémi, ministre d'Etat émirati à la Coopération internationale, avant des entretiens mercredi 27 juin de l'émissaire de l'ONU pour le Yémen Martin Griffiths avec le président Abd Rabbo Mansour Hadi à Aden, dans le sud du Yémen. 

Manifestant sa préoccupation pour le «sort dramatique» des populations du Yémen «déjà éprouvées par des années de conflit», le Pape avait appelé dimanche 17 juin, à l’issue de la prière de l’Angélus, la communauté internationale «à n’économiser aucun effort» pour ramener «en urgence» les parties prenantes à la table des négociations, afin d’éviter que la «tragique situation humanitaire» n'empire.

"L'urgence c'est d'aboutir à la fin de cette offensive"

Les ONG avaient émis des doutes de leur côté sur la «crédibilité» du rendez-vous parisien dont les Houthis sont les grands absents, co-organisé de surcroît par un des bélligérants, l'Arabie saoudite, qu'elles soupçonnent de violations «massives» du droit humanitaire au Yémen. En mars dernier, Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique de l’Arabie du Sud, évoquait sur notre antenne le drame des populations civiles prises en étau dans cette guerre à huit clos et affirmait que si les Saoudiens «donnent l’impression d’être les pompiers, il ne faut pas oublier que c’est eux qui ont mis le feu».

A la veille de la conférence parisienne, 15 organisations humanitaires internationales ont demandé à la France de faire pression sur ses alliés, Arabie et Emirats, pour «limiter au maximum l'impact sur les civils» de l'opération à Hodeida.

«L'urgence c'est d'aboutir à la fin de cette offensive (...) C'est l'unique critère à l'aune duquel les ONG jugeront les résultats de l'initiative du président Emmanuel Macron», a souligné Fanny Petitbon de CARE France lors d'une conférence de presse à Paris.

Les ONG reprochent aussi à la France de livrer des armes à Ryad et Abou Dhabi. Pour Jean-François Corty, de Médecins du Monde, il faut «absolument travailler à une résolution du conflit», au-delà de l'aspect humanitaire, et «la France a toute sa place dans le leadership à prendre sur cette dynamique de résolution de conflit parce qu'elle est impliquée dans ce qui se passe au Yémen».

Depuis que la coalition militaire emmenée par les Saoudiens est intervenue au Yémen en 2015 en soutien aux forces gouvernementales face aux rebelles, le conflit a fait près de 10 000 morts. Le pays connaît «la pire crise humanitaire du monde», avec des millions de personnes au bord de la famine, selon l'ONU. Aux violences, sur fond de rivalité irano-saoudienne, sont venues s’ajouter, des épidémies de rougeole et de cholera alors que les habitants souffrent de graves pénuries alimentaires. Selon l’UNICEF un enfant meurt toutes les 10 minutes dans le pays.

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27 juin 2018, 12:22