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La cathédrale Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles, en 2020. La cathédrale Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles, en 2020.  (ANSA)

Les évêques de Belgique se réjouissent à l'annonce d'une visite «exceptionnelle»

L’Église de Belgique exprime son enthousiasme alors que la Salle de presse du Saint-Siège confirme la visite apostolique du Pape François dans le pays, fin septembre 2024, à l'occasion du six-centième anniversaire des universités catholiques de Louvain et de Louvain-la-Neuve. Le porte-parole francophone de la Conférence épiscopale de Belgique nous parle de son Église: «C'est clair, nous ne sommes pas du tout triomphants. Mais le but est de croire à l'Évangile et d'en vivre le mieux possible».

Entretien réalisé par Marie Duhamel - Cité du Vatican

«Bienvenue au Pape François !», l’Église catholique de Belgique réagit dans un communiqué publié par Cathobel «avec enthousiasme à la visite exceptionnelle» du Saint-Père annoncée par la Salle de presse du Saint-Siège du 26 au 29 septembre prochain, à l'occasion du six-centième anniversaire des universités catholiques de Louvain et de Louvain-la-Neuve.

 

L’actuel président de la conférence des évêques de Belgique, Mgr Luc Telinden, nommé archevêque de Malines-Bruxelles par François en juin 2023, exprime sa «grande joie» car «le Pape visite très peu de pays européens, et encore moins en Europe occidentale» et que lors de son déplacement, il se rendra «à la rencontre du monde intellectuel et scientifique de notre pays et, par extension, de la société belge et de ses différentes composantes», souligne l’ancien étudiant des deux universités.

Le père Tommy Scholtès, porte-parole francophone de l’Église de Belgique.

Entretien avec le père Scholtès, porte-parole des évêques belges

La dernière visite apostolique d’un Pape en Belgique remonte au voyage de Jean-Paul II en 1995 pour la béatification du père Damien de Molokaï, l’apôtre des lépreux. Le contexte a évidemment évolué. Quel est le visage de l’Église de Belgique aujourd’hui?

L'Église de Belgique est évidemment dans une situation différente d'il y a 25 ou 30 ans. La sécularisation est une réalité et en même temps, il y a beaucoup de communautés chrétiennes qui sont extrêmement vivantes. Nous connaissons une diminution évidente du nombre des prêtres et, en même temps, une augmentation du nombre de responsables laïcs. Donc, il y a une figure de la Belgique qui a changé. C'est clair, on n'est pas du tout triomphant. Mais le but n'est pas non plus d'être triomphant. Le but est de croire à l'Évangile et d'en vivre le mieux possible. Beaucoup de réalités sont très très belles à reconnaître, à rencontrer.

Et donc le Pape, en rencontrant les fidèles, que ce soit sur les deux sites de l'université ou à travers de la célébration eucharistique, aura l'occasion de prier et d'écouter, de rencontrer des jeunes, des étudiants, des enseignants aussi, des académiques. Il se rendra un peu mieux compte de cette réalité. Cela dit, les évêques de Belgique ont rencontré le Pape il y a un an et demi, lors de leur visite ad limina. Ils avaient échangé pendant deux heures. Donc le Pape a déjà entendu pas mal de choses. Il ne va pas découvrir des choses entièrement neuves pour lui.

De quels encouragements l’֤Église Belgique a-t-elle besoin aujourd’hui?

Je pense qu’elle a besoin d'une parole d'encouragement, une parole qui permet un dialogue, un réconfort réciproque. Vous savez, la Belgique est un pays étonnant parce que vous avez deux communautés, néerlandophone et francophone - et aussi germanophone. Nous sommes ainsi habitués, dans la vie du pays, à un certain nombre de compromis pour que tout le monde puisse vivre en paix. Cela fait partie un peu de la réalité de la Belgique, de chercher le compromis.

Alors il faut vraiment que l'on puisse arriver à trouver à la fois ce qui est important dans les questions essentielles, que ce soit la place de la femme dans l'Église, le combat pour la justice, l'accueil des réfugiés – tous des thèmes qui tiennent très fort à cœur les évêques -, et qu’en même temps la parole de l'Église puisse encourager les communautés, les responsables, et le peuple de Dieu. Parce que l'Église, c'est le peuple de Dieu avec ses évêques, un ensemble qui aime célébrer ensemble, organiser des colloques.

Ensuite, politiquement, la Belgique est un pays un peu étonnant par rapport à d'autres. Il y a un certain nombre de sujets qui sont difficiles, comme par exemple l'euthanasie, l'avortement, le mariage homosexuel qui sont des réalités possibles, selon la loi établie en Belgique. Et donc ce n'est pas nécessairement facile pour l'Église de trouver la manière d'accompagner ces réalités.

Concernant les sujets sensibles, le scandale des abus commis par des membres du clergé a été relancé à l’occasion de la diffusion d’un documentaire Godvergeten à l’automne dernier. Certains souhaiteraient que le Pape rencontre des victimes. Est-ce le souhait de l’Église de Belgique?

Cela fera partie probablement du programme du Pape. Et il ne peut être concevable qu'il n'y ait pas, d'une manière ou d'une autre, une allusion à cette réalité. Les modalités ne sont pas du tout organisées pour l'instant, mais cette réalité des abus sexuels que l'Église a dû gérer et que l'État a géré à travers des commissions parlementaires, etc., est une réalité qu'il faudra évoquer.

Le Pape expliquait en 2021 préférer, pour ses déplacements apostoliques, se rendre dans les «petits pays» d’Europe. La Belgique est-elle devenue une de ces périphéries chères au Pape François?

Alors si parce que le Pape vient, on est devenu une Église des périphéries, on se réjouit d'accueillir le Pape! Je pense que le Pape se rend compte du fait qu’aujourd'hui, une université catholique comme Louvain, est une réalité très particulière, avec une histoire très belle, des valeurs ancestrales bien enracinées, avec aussi une évolution de la recherche, etc. On est dans des domaines où beaucoup de questions se posent au niveau de l'éthique, et je pense que c'est une manière pour le Pape de pouvoir dire comment dialoguer, et être lui-même à l'écoute de ces réalités qui ne sont pas faciles. Cela fait partie du défi et donc je pense que si la Belgique est choisie parce qu'elle est un peu en périphérie, l'Evangile est là pour les périphéries et pas uniquement pour que l'on reste à l'intérieur du Cénacle. Il faut sortir.

Pour souligner un signe positif, il y a plus de catéchumènes que par le passé en Belgique.

Cette hausse du nombre des baptêmes des catéchumènes nous a réjoui le cœur. Fondamentalement, il y a une réalité: de plus en plus de personnes décident à l'âge adulte d'être non seulement baptisées, mais voire confirmées. Cela fait partie de la découverte «positive» de la sécularisation. Alors c'est vrai qu'on baptise moins automatiquement quand les enfants sont tout petits, mais en même temps, il y a une progression de la courbe des baptêmes d'adultes et des confirmations d'adultes. Cette augmentation fait plaisir, évidemment.

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20 mai 2024, 15:54