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Marche des Congolais devant les institutions des Nations Unies à Genève, en Suisse, le 2 mars 2024, pour dénoncer les massacres des Congolais et réclamer le retour de la paix dans la partie Est de la RD Congo. Marche des Congolais devant les institutions des Nations Unies à Genève, en Suisse, le 2 mars 2024, pour dénoncer les massacres des Congolais et réclamer le retour de la paix dans la partie Est de la RD Congo.  (ANSA)

«Retirez vos mains de la RDC». A Rome, une marche pour dénoncer les massacres des Congolais

Suite à la terreur semée à l’Est du Congo par le groupe terroriste M23, aux massacres et attaques à répétition qui passent sous silence, les congolais de Rome sont décidés à faire entendre leur voix pour dénoncer «cette hémorragie qui décime nos populations». Pour cela, l’aumônerie congolaise de Rome organise dimanche 10 mars 2024, «une messe et une marche en faveur de la paix», qui aboutira sur la Place Saint-Pierre où ils prieront l’Angélus avec le Pape François.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

«De nombreux massacres et déplacés internes et externes des populations dans la partie Est et Nord-Est de la République Démocratique du Congo (RDC) sont perpétrés sous le regard silencieux, indifférent et complice de la communauté internationale», écrit l’aumônerie catholique congolaise de Rome dans son communiqué. Pour dénoncer ces atrocités et ce silence complice, et pour concrétiser le message de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (Cenco) du 16 février demandant d’intensifier la prière pour la paix dans ce vaste pays d’Afrique centrale, la communauté congolaise de Rome organise une messe et une marche en faveur de la paix ce quatrième dimanche de Carême, le 10 mars.

«Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo»

Le communiqué signé par l’aumônier, le père Roger Balowe Tshimanga, précise que la marche commencera juste après la messe qui sera célébrée à 9h00 (heure de Rome), à l’aumônerie de la Communauté catholique congolaise de Rome. Les participants porteront des drapeaux et drapelets à la main, des calicots et des banderoles, des chapelets et entonneront des chants invoquant la paix. Ils se dirigeront vers la Place Saint Pierre pour participer à la prière de l’Angélus à 12h00 avec le Pape François. Sur les pancartes et calicots, tous sont invités à inscrire la phrase du pape François prononcée lors de sa visite en RDC du 31 janvier au 3 février 2023: «Giù le mani dalla Repubblica Democratica del Congo!» - «Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo». Ce message du Saint Père, déclare le communiqué, «sensibilise toute la communauté humaine à ouvrir les yeux sur le drame inédit qui sévit à l’Est de la République Démocratique du Congo avec un silence complice de la communauté internationale».

La RD Congo, un pays martyr

Les Congolais de Rome rappellent que leur pays est simplement victime des ambitions et des appétits des pays étrangers qui continuent à exploiter illégalement leurs richesses, à travers leurs multinationales. Cette situation fait de la RDC «un pays martyr avant comme après la colonisation», et la plonge dans la pauvreté et la misère imméritées. Ainsi, tous veulent dire «NON» à ces puissants prédateurs qui pillent leurs richesses sans vergogne, mais aussi «à ces seigneurs des guerres et à leurs supplétifs qui signent les contrats sur nos richesses volées sans gêne». Ils veulent aussi «dénoncer le silence des médias corrompus et rendus muets devant les drames de l’humanité».

«Le silence indifférent et complice de la communauté internationale»

En rappelant les atrocités que subissent les Congolais de la partie Est du pays, l’aumônerie congolaise de Rome souligne que l’activisme des groupes armés sème «terreurs et désolations», occasionnant des massacres et des déplacés internes et externes. Malheureusement, tout ceci se passe «sous le regard silencieux, indifférent et complice de la communauté internationale». Le sort de ces populations, «plus qu'alarmant… ne semble pas préoccuper les institutions internationales des droits humains, ni émouvoir la solidarité des nations, ni interpeller la conscience de la communauté humaine. Tout montre à suffisance que nous sommes victimes d’un complot international qui ne dit pas son nom», lit-on dans ce communiqué. C’est ainsi que le peuple congolais est résolu de se défendre et protéger l'intégrité de son territoire. Il est aussi déterminé à «faire entendre sa voix et stopper cette hémorragie qui décime nos populations, les opposent les uns contre les autres tout en faisant installer la culture de la haine aux conséquences non maîtrisables», écrit l’aumônerie congolaise.

«Une guerre imposée et un génocide qui passe sous silence»

La région Est de la RDC connaît des attaques et massacres des populations depuis bientôt trois décennies. Le nombre de morts est évalué à plusieurs millions, au point que de nombreuses voix parlent de «génocide congolais». Depuis plusieurs semaines, cette zone est encore le théâtre d’intenses combats entre l’armée congolaise et le groupe armé M23, majoritairement tutsi selon plusieurs rapports, qui a repris les armes fin 2021 et, qui, avec l'appui de l'armée rwandaise, selon les experts de l’ONU, s'est emparé de larges pans des territoires de Rutshuru et Masisi, jusqu'à couper début février toutes les voies d'accès terrestres menant à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, sauf celle de la frontière avec le Rwanda. Des combats intenses sont actuellement en cours entre l’armée congolaise et ces miliciens dans plusieurs villes et villages situés à environ 70 km plus au nord de Goma. Ce mercredi 6 mars, après deux jours de combats, la ville de Nyanzale est passée aux mains du M23, entraînant la fuite de «plus de 100.000 personnes», a indiqué OCHA, l'agence de coordination humanitaire de l'ONU.

Suivre le père carme Roger Tshimanga, aumônier catholique des Congolais à Rome

Lundi 4 mars, l'Union européenne, après les condamnations des Etats-Unis et d’autres pays, a condamné «le soutien apporté par le Rwanda au M23» et a demandé à Kigali «de retirer immédiatement tout son personnel militaire de la RDC».

À Kinshasa, la capitale, comme dans plusieurs autres villes du pays, des manifestations ont été organisées mi-février pour dénoncer «une guerre imposée et un génocide qui passe sous silence», depuis trois décennies. Certaines manifestations ont visé la Monusco, la mission onusienne en RDC, et des ambassades des pays occidentaux, accusés de soutenir le Rwanda.

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06 mars 2024, 18:01