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Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France. Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France.   (AFP or licensors)

En assemblée plénière, les évêques de France s’opposent au projet de loi "fin de vie"

Ce mardi 19 mars, les évêques français réunis en Assemblée plénière à Lourdes ont pris position contre le futur projet de loi fin de vie présenté par le président Emmanuel Macron le 10 mars 2024. Les sujets des travaux de la Conférence épiscopale française ne manquent pas. Les évêques débattront notamment de la prise en charge des personnes victimes d’abus, de l’avenir des radios chrétiennes, du ministère du diaconat permanent et des ministères laïcs institués.

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

«Ne dévoyons pas la fraternité». Telle est la réponse des évêques français au président Emmanuel Macron qui évoquait «une révolution de fraternité» à propos du projet de loi consacré à la fin de vie.

Au premier jour de leur Assemblée plénière à Lourdes lundi 18 mars, la centaine d’évêques de France ont adopté une position très ferme contre le projet de loi qui prévoit de légaliser l’aide active à mourir dans certaines conditions strictes. Une opposition exprimée dans une déclaration publiée ce mardi 19 mars alors que le projet de loi vient d'être présenté au Conseil d’État pour avis.

“Nous exprimons notre grande inquiétude et nos profondes réserves à l’égard du projet de loi annoncé sur la fin de vie (…). C’est un impératif d’humanité et de fraternité que de soulager la souffrance et d’offrir à chacun la fin de vie la mieux accompagnée plutôt que de l’interrompre par un geste létal.”

Priorité aux soins palliatifs

Les évêques réaffirment leur «attachement à la voie française du refus de la mort provoquée et de priorité donnée aux soins palliatifs», à l’image des recommandations du Conseil consultatif national d’éthique.

La conférence épiscopale appelle aussi les catholiques français à s’engager auprès des personnes en situation de handicap, âgées ou en fin de vie. «La demande de suicide assisté ou d’euthanasie est souvent l’expression d’un sentiment de solitude et d’abandon auquel nous ne pouvons, ni ne devons, nous résoudre» expliquent les évêques.

En ce jour de la Saint Joseph, patron de la «bonne mort» car décédé entre les bras de Marie et de Jésus selon la tradition, les évêques français espèrent peser sur les discussions parlementaires qui s’ouvriront en commission le mois prochain. Toutefois, les Français soutiennent le texte à 81% selon un sondage réalisé par l’institut Ifop-Fiducial pour Sud Radio après les annonces du président français.

L’accompagnement des personnes victimes

De nombreux autres sujets attendent les évêques à l’occasion de cette Assemblée plénière de printemps.

Plusieurs temps seront consacrés au suivi des mesures annoncées pour l’accompagnement des personnes victimes d’abus au sein de l’Église. Une rencontre avec les membres du Tribunal Pénal Canonique National sera organisée. Le président du fonds SELAM chargé de la contribution financière donnée aux victimes et la présidente de l’INIRR (Instance Nationale Indépendante de Reconnaissance et de Réparation) seront également entendus.

Une décision des évêques est attendue sur la prolongation du mandat de l’INIRR, ainsi que sur un futur dispositif destiné à soutenir les victimes adultes d’abus au sein de l’Église.

«Notre Église en France doit être capable, sur le moyen et long terme, d’entendre toute plainte mettant en cause gravement l’attitude ou le comportement d’un ministre ordonné ou d’un laïc en responsabilité et d’accompagner jusqu’au bout la ou les personnes qui en auraient été victimes» a ainsi assuré Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, dans son discours d’ouverture.

Comme tous les ans, les évêques de France se réunissent dans le sanctuaire de Lourdes
Comme tous les ans, les évêques de France se réunissent dans le sanctuaire de Lourdes

Le diaconat et les séminaires

Concernant les différents ministères dans l’Église de France, deux heures de travail dans la semaine seront dédiées au diaconat permanent, «dont l’Église célèbre cette année le 60e anniversaire du rétablissement» a souligné Mgr Éric de Moulins-Beaufort. Cette étude théologique sera une manière de saluer la mission des diacres permanents au service de l’Église. «Nous remercions leurs épouses, qui les ont soutenus et les soutiennent dans cette aventure, leurs enfants et petits-enfants» a-t-il poursuivi.

De plus, concernant les ministres institués, les évêques acteront la traduction du rituel de l’institution du catéchiste. Une manière de rendre grâce pour le président de la CEF car ces «ministres ordonnés ou institués sont vraiment des dons de Dieu, des dons du Christ ressuscité».

Plusieurs réorganisations

Enfin, le président de la Conférence des évêques de France a annoncé le vote sur plusieurs changements dans l’organisation de l’Église de France. Une de ces décisions pourrait concerner l’avenir des radios chrétiennes, après un long travail de Mgr François Touvet et du Conseil pour la communication. Un rapport a été remis aux évêques qui devront se prononcer. Il est «nécessaire que nous évaluions ensemble cet instrument et exprimions ce qu’ensemble nous en attendons» a expliqué l’archevêque de Reims.  

La Conférence a également accueilli la responsable de sa nouvelle direction des affaires institutionnelles, Céline Reynaud-Fourton. Elle devra suivre les initiatives gouvernementales et renforcer les liens avec la société civile. «Quelques rencontres avec de grands responsables d’entreprises, par exemple, m’ont fait constater comment de nombreux décideurs ignorent notre Conférence et ses modes d’action» a déploré le président de la CEF. Ce nouveau poste illustre enfin la réorganisation de la conférence en pôles dont trois seront pilotés par des commissions épiscopales.

L’Assemblée plénière de printemps 2024 se clôturera ce vendredi 22 mars.

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19 mars 2024, 17:00