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Méditation du 6è Dimanche ordinaire, B: la foi et la compassion opèrent des miracles

Le père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation, avec les lectures du 6è dimanche du temps ordinaire de l’année liturgique B.

Lectures: Lv 13, 1-2.45-46   Ps 31 (32), 1-2, 5ab, 5c.11    1 Co 10, 31 – 11, 1     Mc 1, 40-45

Au temps de Jésus, les lépreux étaient soumis à de très strictes règles sanitaires: contraints à l’isolement, ils étaient bannis de toute vie sociale. Aujourd’hui encore, nous le savons, des lépreux souffrent de diverses formes de mise à l’écart. La première lecture de ce dimanche, tirée du livre des Lévites, nous donne un aperçu des dispositions prises à leur encontre au temps de Jésus. Et voici que, dans l’extrait de l’évangile de Marc lu ce dimanche, une scène extraordinaire nous est rapportée: un lépreux s’approche de Jésus, s’agenouille et lance un appel: «Si tu le veux, tu peux me purifier». Jésus touche alors ce malade, et répond, mot pour mot, à l’appel entendu: «Je le veux, sois purifié». Habité de foi, le lépreux a transgressé les règles alors qu’il s’est approché de Jésus. Pris de compassion, Jésus a transgressé les interdits pour apporter une guérison qui signifie aussi la réinsertion dans une vie sociale. Mais Jésus invite également son interlocuteur à présenter au prêtre l’offrande qui officialisera sa guérison. L’évangéliste Marc ne nous dit pas si, en définitive, l’homme guéri est allé trouver le prêtre comme Jésus le lui avait demandé.  Peut-être l’a-t-il fait, peut-être ne l’a -t-il pas fait. En revanche, nous savons qu’il a parcouru les environs en racontant ce qui lui est arrivé. De ce fait, des foules entières accourent vers Jésus qui, pour se protéger, est contraint de chercher un abri dans des endroits déserts.

Cette scène évangélique nous montre combien la foi et la compassion opèrent de grandes choses. C’est la foi qui pousse le lépreux à se jeter aux pieds de Jésus (au lieu de s’éloigner), et c’est la compassion qui pousse Jésus à ne pas faire la sourde oreille et à répondre au désir que cet homme lui exprime. Foi et compassion conduisent à aller au-delà des prescriptions légales, à les dépasser pour faire surgir (ou resurgir) la vie. Dans la Bible, il n’est pas rare de trouver à l’œuvre ce couple foi-compassion: Dieu entend le cri de son peuple réduit dans la misère en Egypte, et le sauve de l’esclavage; Dieu voit comment les habitants de la ville païenne de Ninive se convertissent, et il renonce à sa destruction… Jésus s’émeut de la souffrance par laquelle passe, depuis des années, une femme au dos brisé, et il la guérit un jour de sabbat… Jésus se réjouit de voir un homme riche à la réputation douteuse, Zachée, grimper dans un arbre pour mieux le voir passer dans la rue, et il s’invite à déjeuner chez lui, à la stupéfaction des bienpensants… et l’on pourrait multiplier les exemples. Nos cris peuvent traduire une détresse ou une demande pressante; le Seigneur les reçoit comme autant d’indices d’une foi qui, parfois, peine à s’exprimer. Oui, le Dieu de la Bible accueille ces signes, et il tire vers la vie ceux qui se tournent vers lui. Il y a là une profonde source de joie pour nous.

Mais en même temps, le Jésus de l’Evangile perçoit que certains risquent de voir en lui un simple guérisseur à succès. Certes il guérit, mais le soin qu’il prodigue va jusqu’à une profonde réconciliation avec Dieu et avec autrui, et donc vers une pleine restauration de la dignité de chacun. Jésus échappe à la mainmise de tous ceux qui voudraient faire de lui un thaumaturge et il se rend au désert – lieu d’intimité avec Celui qu’il appelle son Père et qu’il nous apprend aussi à nommer notre Père.

Nous-mêmes qui nous reconnaissons chrétiens, nous sommes appelés à nous mettre à la suite de Jésus pour servir notre commune dignité d’enfants de Dieu. Nous saurons alors accueillir l’interpellation de Paul aux Corinthiens lorsqu’il leur lance: «en toute circonstance, je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés. Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ».

Suivre la méditation proposée par le père Antoine Kerhuel, SJ

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10 février 2024, 11:34