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Des agriculteurs bloquent des routes et des autoroutes partout en France. Des agriculteurs bloquent des routes et des autoroutes partout en France.   (AFP or licensors)

Agriculteurs en France: des revendications légitimes pour l'évêque de Tarbes et Lourdes

Depuis une semaine, les agriculteurs français manifestent leur colère contre leurs conditions de travail souvent difficiles. Charges fiscales, règlementations restrictives, difficultés à boucler leurs fins de mois… Plusieurs évêques du sud de la France les ont assurés de leur soutien, dont Mgr Jean-Marc Micas, évêque de Tarbes et Lourdes.

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Rejoignant son évéché en début de semaine, Mgr Jean-Marc Micas a été interpellé par une manifestation d’agriculteurs qui bloquaient l’A64 à l’entrée de Tarbes. L’évêque de la ville du sud de la France s’est arrêté pour discuter avec ces jeunes agriculteurs en colère qui lui ont exprimé leur principale revendication: pouvoir vivre dignement de leur travail.

S’ajoutant aux manifestations allemandes et polonaises de ces derniers jours, les agriculteurs français ont multiplié leurs actions partout sur le territoire, allant pour certains jusqu'à menacer de bloquer Paris.

Entretien avec Mgr Jean-Marc Micas, évêque de Tarbes et Lourdes

«La pudeur s’est envolée»

En Occitanie, Mgr Micas est un habitué des rencontres avec les agriculteurs, lors de ses visites pastorales. Or d’habitude «ils me présentent leurs activités avec une grande fierté mais on partage peu les difficultés qu'ils vivent ou avec beaucoup de pudeur». Mais aujourd’hui, «la pudeur s’est envolée». Il n’oublie pas non plus les agriculteurs qui ne participent pas aux manifestations et «qui souffrent en silence et ne disent rien».

Comme cinq autres évêques du sud de la France, qui ont publié un communiqué commun, Mgr Jean-Marc Micas a voulu assurer les agriculteurs de son diocèse de sa proximité. Écartelés entre les normes européennes, la concurrence internationale et les charges fiscales, l’évêque comprend les agriculteurs qui «ressentent vivement leur quotidien devenu très injuste et difficile».

Un système entier mis en cause  

Loin de la caricature parfois faite d’un secteur polluant, l’évêque de Tarbes et Lourdes estime «qu’ils aimeraient sans doute qu'on leur donne les moyens de faire les choses de manière plus vertueuse». Mais la revalorisation du travail paysan en France ne pourra passer que par une prise de conscience collective de la société de leur rôle fondamental, afin que chaque consommateur accepte de «rémunérer un travail à son juste prix , d’acheter les produits à leur juste valeur» souligne-t-il. Une préoccupation chère à l'Église puisque la juste rémunération est d'ailleurs «l'instrument le plus important pour réaliser la justice dans les rapports au travail» selon la doctrine sociale de l'Église. 

«Leurs revendications sont légitimes au regard de la foi chrétienne», affirme Mgr Jean-Marc Micas revenant sur la nécessité que chaque agriculteur puisse vivre de son travail. Il estime qu’il s’agit donc de tout un système économique à questionner et à repenser.

En revenant sur cette rencontre, ces «quelques petites minutes humaines qui m’ont bouleversées», Mgr Micas invite les fidèles de son diocèse à essayer de comprendre les motivations des agriculteurs. Il a d’ailleurs proposé une intention de prière en ce week-end du 27 et 28 janvier pour inviter «toutes les communautés paroissiales et religieuses à prier tout spécialement à l’intention de ceux qui vivent cette crise, et ceux qui ont à la gérer en apportant de justes solutions le plus rapidement possible».

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25 janvier 2024, 17:04