Recherche

Mgr Willy Ngumbi, évêque de Goma, en République Démocratique du Congo Mgr Willy Ngumbi, évêque de Goma, en République Démocratique du Congo 

Noël à Goma: la population a fêté, malgré l’insécurité et l’instabilité

Malgré la guerre, l’insécurité et un contexte dont le lendemain demeure incertain, la population de Goma a pu célébrer Noël dans la joie. C’est ce qu’a indiqué Mgr Willy Ngumbi, évêque de cette ville de la province du Nord-Kivu, dans l’est troublé, de la République Démocratique du Congo. Il appelle les autorités qui seront proclamées à l’issue du scrutin du 20 décembre dernier à mettre fin à l’instabilité qui dure depuis plus de 30 ans dans cette région.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

L’insécurité persistante dans la région Est de la République Démocratique du Congo (RDC) demeure une préoccupation quotidienne pour la population congolaise. Malgré ce contexte d’inquiétudes permanentes, les célébrations de Noël se sont bien passées, a déclaré Mgr Willy Ngunbi, dans une interview accordée à Vatican News mardi 26 décembre. Pour l’évêque de Goma, après 30 ans de troubles et d’instabilité, la population reste vaillante et continue à prier pour un lendemain meilleur. Les chrétiens ont massivement participé aux messes de la Nativité du Christ et ont célébré dans la joie. Pour ces raisons sécuritaires, celles de la nuit de Noël ont été avancées «à 16 heures ou 17 heures», a indiqué le prélat congolais.

La solidarité des congolais envers leurs compatriotes déplacés de guerre

De nombreuses personnes ont pu fêter grâce aux gestes de solidarité de leurs compatriotes, beaucoup de congolais de cette zone ayant été appauvris par la guerre et étant en situation de déplacés. Des groupes de prières et d’étudiants, des familles et des religieux se sont rendus dans les orphelinats, les prisonniers et camps de déplacés et y ont apporté de vivres et d’autres biens. De nombreuses familles ont invité ces personnes démunies pour la fête, «sans compter toutes ces familles qui accueillent déjà ces déplacés chez eux», a ajouté Mgr Ngumbi.

Suivre l'interview accordée à Vatican News par Mgr Willy Ngumbi

28 janvier 2024, Goma va accueillir une rencontre pour la paix, organisée par l’ACEAC

Même si l’insécurité demeure, l’évêque de Goma ne désespère pas sur un possible retour à la paix dans l’est de son pays. «C’est dans l’espérance que nous avons célébré Noël», a-t-il confié, citant la première lecture de la messe de nuit de Noël: «le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière» (Is 9,1). L’un des signes «de cette lumière qui pourrait se lever pour l’est du Congo», est la visite le 28 janvier 2024, à Goma, de tous les évêques de l’Association des Conférences Épiscopales d’Afrique Centrale (ACEAC), qui regroupe le Burundi, la RDC et le Rwanda. Ce sera une rencontre de prière pour la paix dans la région africaine des Grands Lacs. Pour la population de Goma et de l’est très militarisé du Congo, qui espère vivre dans la paix et la tranquillité, cet évènement, au début d’une année nouvelle, est un signe d’espérance. «Nous espérons que des tels gestes pourront se multiplier au cours de l’année 2024 pour qu’il en sorte des voies et moyens pour mettre fin à la guerre que nous connaissons actuellement, celle du M23, avec la présence des groupes armés», a déclaré Mgr Ngumbi.

Ne pas verser dans une campagne de stigmatisation

Au lendemain du scrutin du 20 et du 21 décembre derniers, après quelques jours d’accalmie, des reprises des combats ont été signalées dans quelques localités du Nord-Kivu. Après les élections, la peur, l’inquiétude et l’angoisse ont donc regagné la population de Goma et de ses alentours. Selon certaines sources, les groupes armés, dont le M23 menacent toujours de marcher sur plusieurs villes. Dans cette situation, des nombreux appels à la solidarité et au calme sont lancés, a indiqué l’évêque de Goma. Les chrétiens et toute la population sont invités à ne pas verser dans une campagne de stigmatisation des ethnies, «afin de garder cohabitation pacifique entre les communautés et les peuples et même au-delà des frontières du Congo et de vivre dans la fraternité que nous enseigne Noël».

Après les élections, travailler pour la paix, la sécurité, la stabilité du Congo

En RD Congo, le temps de l’Avent a été marqué par la campagne électorale et le temps de Noël est dominé par l’attente des résultats de ces élections. L’espoir nourri est que le président qui sortira des urnes prenne à cœur les vrais problèmes de la population congolaise et lui manifeste sa proximité. A l’est du pays, l’attente est que le futur chef de l’Etat travaille pour l’intérêt de son peuple, pour la paix, la sécurité, la stabilité de cette région qui vit sous les bruits des armes depuis plus de trois décennies.


Ecouter les cris des populations des Grands Lacs et ramener la paix

Mgr Ngumbi espère que la rencontres des évêques de l’ACEAC pourra impulser un esprit de solidarité et de fraternité entre les peuples des trois pays. «Et que les liens de collaboration et de coopérations qui existent entre ces peuples pourront être renforcés». Les conflits qui éclatent dans la région des Grands Lacs portent souvent à des accusations mutuelles entre le Congo, Rwanda et le Burundi, fait-il observer.

S’adressant aux autorités politiques, l’évêque de Goma a invité à écouter les cris des peuples et à ne pas toujours se lancer dans des invectives, «car les conflits et les guerres que nous connaissons dans cette région sont souvent des conflits politiques, des guerres de positionnement et de pouvoir». Les populations, à la base, vivent dans la collaboration et la fraternité et elles veulent vraiment vivre en paix les uns avec les autres. Elles connaissent que nous avons un destin commun, nous luttons ensemble contre la pauvreté, et pour la survie et la prospérité, a ajouté l’évêque de Goma.

Pour 2024, Mgr Ngumbi a formulé des vœux de paix et de sécurité pour l’est de la RDC; et de solidarité et de fraternité grandissante dans le monde. Le prélat congolais souhaite qu’en 2024 il y ait moins de violences et qu’il y ait plus de solidarité et de compassion envers ceux qui vivent dans des zones écrasées par les guerres. Il a notamment fait mention de son pays, de Gaza et de l’Ukraine. «Que le Seigneur suscite beaucoup d’hommes et de femmes qui vont travailler pour ramener la paix dans le monde», a-t-il conclu.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

27 décembre 2023, 10:00