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Mgr Paride Taban, premier évêque du diocèse de Torit, au Soudan du Sud Mgr Paride Taban, premier évêque du diocèse de Torit, au Soudan du Sud 

Soudan du Sud: l'infatigable artisan de paix Paride Taban a tiré sa révérence

Alors que l’Église universelle a célébré la solennité de la Toussaint, mercredi 1er novembre 2023, les portes de l’éternité se sont ouvertes pour l’infatigable artisan de paix, Mgr Paride Taban, premier évêque du diocèse de Torit, au Soudan du Sud.

Vatican News

Un pasteur qui a fait de la paix et de la réconciliation le centre de sa vie au service du peuple de Dieu. C'est ainsi que l'on peut résumer la figure de Mgr Paride Taban, premier évêque du diocèse de Torit, au Soudan du Sud, décédé le 1er novembre à l'âge de 87 ans alors qu'il était hospitalisé à Nairobi, au Kenya.

Brève notice biographique

Né en 1936, Mgr Taban a été ordonné prêtre en 1964, au moment de l'expulsion des missionnaires du Soudan. En janvier 1980, il a été nommé évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Juba et a reçu la consécration épiscopale le 4 mai 1980 des mains de saint Jean-Paul II. En juillet 1983, il est nommé premier évêque de Torit. Les épreuves de la guerre ont contraint Mgr Taban à s'exiler en Ouganda, au Kenya et en République centrafricaine en 1984.


Mgr Taban, une vie totalement dévouée au service de ses brebis

«J'ai été heureux d'être évêque en temps de guerre parce que j'étais là pour consoler et encourager les gens et pour partager leurs souffrances», a déclaré le défunt évêque dans une interview accordée à Radio Tamazuj, une station de radio sud-soudanaise, en juillet 2022, à l'occasion du 11e anniversaire de l'indépendance du Soudan du Sud. Le pays est devenu indépendant en 2011 après des décennies de guerre civile avec le Soudan dont il s'est séparé. 

Mgr Taban a également rappelé qu'il avait été emprisonné une première fois en 1965 par le gouvernement de Khartoum, puis une seconde fois en 1989 par l'APLS (Armée populaire de libération du Soudan). «Les rebelles m'ont emprisonné parce que, lorsqu'ils ont pris Torit, j'étais resté là-bas avec les gens et ils pensaient que j'étais un agent du gouvernement. Mais je ne suis resté que pour être avec les gens», se plaisait-il à raconter.

Un pasteur mû par un élan de synodalité

D’émouvants témoignages affluent de partout en hommage à Mgr Taban depuis l’annonce de son décès. Dans un bref souvenir offert à l’Agence Fides, la sœur Elena Balatti, missionnaire combonienne, qui travaille à Malakal, dans le Soudan du Sud, a déclaré que «Mgr Taban a essayé de mener sa vie de chrétien en se mettant au service de tous et en particulier des derniers».

Elle a souligné, en outre, qu’il a donné un exemple particulier: «alors que dans de nombreux contextes culturels, y compris celui du Sud Soudan, Mgr Taban avait démissionné de son poste d'évêque très tôt, avant l'âge de 65 ans. Il l'avait fait pour diverses raisons et avait ensuite reçu la permission du Saint-Siège de procéder à la réalisation de son rêve, celui de fonder une communauté de différentes tribus, souvent en conflit les unes avec les autres, qui pourraient vivre, aller à l'école et travailler ensemble».

Un apôtre de la réconciliation et de la paix

Pour favoriser le dialogue entre les réalités soudanaises en 1990, Mgr Taban a été l'un des fondateurs et le premier président du Nouveau Conseil des Églises du Soudan (NSCC), qui comprend les Églises catholique, épiscopale, presbytérienne, africaine de l'intérieur et pentecôtiste du Soudan. Sous sa direction, la NSCC a joué un rôle de facilitateur dans les négociations de paix au cours de la deuxième guerre civile soudanaise et de défenseur des droits de l'Homme. «Tout au long de sa vocation mémorable, il a servi de guide, offrant réconfort, conseils et espoir à tous ceux qui cherchaient son avis», a déclaré l'évêque de Torit, Mgr Emmanuel Bernardino Lowi Napeta, à propos de son prédécesseur.

Mgr Taban s'est retiré de l'administration du diocèse de Torit en 2004 et a fondé en 2005 le village de la paix Holy Trinity à Kuron, au Soudan du Sud, une communauté qui accueille des personnes de différentes origines ethniques victimes du conflit. Ce village est devenu un symbole d'espoir et de guérison. 

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03 novembre 2023, 18:16