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Les élèves du collège Don Bosco à Kara au Togo. Les élèves du collège Don Bosco à Kara au Togo.  

Les enfants des rues toujours plus nombreux dans le nord du Togo

A l’occasion de la Journée mondiale des pauvres, Vatican news – Radio Vatican tend son micro à la communauté salésienne de Kara, engagée auprès des enfants errant dans les rues de cette ville du nord du Togo. Ils sont plus de 7 000 enfants a être livrés à eux-mêmes dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Entretien réalisé par Alexandra Sirgant - Cité du Vatican 

«Ne détourne ton visage d’aucun pauvre»: c’est le thème choisi par le Pape François pour la septième journée mondiale des pauvres célébrée ce dimanche. Le 19 novembre précède d’une semaine la fête de Jésus Christ Roi de l’univers. L’occasion selon le Souverain pontife de se retrouver «autour de sa [Jésus Christ] table pour recevoir à nouveau de lui le don et l’engagement de vivre la pauvreté et de servir les pauvres».

Cet engagement central à la vie de l’Église l’est en particulier dans la vie du père George Koevi, responsable de la mission salésienne de Don Bosco à Kara, ville située au pied des montagnes du nord du Togo. Dans ce pays, le taux de pauvreté est de 28,4% (chiffre de la Banque mondiale en 2022) et ce pourcentage est deux fois plus importants dans les zones rurales les plus reculées, notamment au nord du Togo.

Les «enfants des rues»

Arrivé à Kara il y a 5 ans, le père George Koevi veille à l’éducation et la formation de ceux qu’il surnomme les «enfants des rues». Ils seraient près de 7 000 dans les rues du pays, selon les chiffres de 2020 de l'ONG PADEM. Âgés entre 5 et 17 ans, «certains sont orphelins, d’autres vivent à la campagne mais veulent aller à l’école donc ils viennent en ville chercher du boulot, d’autres fuient leur famille car ils sont maltraités» énumère le curé de la paroisse de Kara. Les profils des enfants rencontrés diffèrent mais tous témoignent de la pauvreté de cette région montagneuse. 

Entretien avec le père George Koevi, responsable de la mission salésienne de Don Bosco à Kara.

Pour gagner leur confiance, l’équipe de six missionnaires suit plusieurs étapes: un premier contact est établi aux abords du marché central de Kara, où errent les enfants par groupe de cinq ou six. Ensuite, ceux qui le souhaitent sont conduits dans un premier centre d’accueil, le centre Saint Ignace, où ils sont nourris et logés. En collaboration avec la justice locale, les missionnaires tentent de retrouver les familles des enfants. En cas de maltraitance ou d’absence de parents, les salésiens Don Bosco les prennent en charge jusqu’à ce qu’ils deviennent adultes.

Pendant la saison des pluies en juillet et en août, le foyer Immaculée Don Bosco a hébergé des enfants des rues pour les abriter de la pluie.
Pendant la saison des pluies en juillet et en août, le foyer Immaculée Don Bosco a hébergé des enfants des rues pour les abriter de la pluie.

«Petit à petit, ils nous font confiance et se disent "Pourquoi ne pas reprendre l’école"» et nous les introduisons alors au foyer de l’Immaculée où ils peuvent reprendre l’école ou une formation professionnelle» explique le père Koevi. Depuis 2020, ce foyer comprend un centre d’accès des enfants au Droit et à la Justice, en collaboration avec l’UNICEF et l’État togolais. Il vient en aide au centre de détention de la ville de Kara, et permet la réhabilitation de mineurs conduits en prison pour non-respect de la loi. L’absence de moyens pousse certains à commettre des délits, comme des vols ou des braquages armés, explique le prêtre salésien.

L’absence d’avenir comme premier signe de pauvreté

En 1982, les missionnaires salésiens de Don Bosco arrivent au Togo depuis l’Espagne dans l’objectif d’aider les plus démunis. Une fois sur place, explique le père Koevi, la pauvreté extrême des enfants vivants dans la rue les frappent. C’est donc sur la prise en charge de ces enfants que se concentrent leur mission pastorale. «Voir que les enfants veulent aller à l’école, mais n’ont pas les moyens; voir qu’ils veulent apprendre un métier, mais n’ont pas les moyens; vraiment ça nous touche comme première pauvreté parce qu’ils veulent se préparer pour demain» souligne le prêtre salésien.

Des élèves du collège Don Bosco.
Des élèves du collège Don Bosco.

Quarante ans après le lancement de cette mission, les infrastructures se sont considérablement agrandies. Après l’ouverture du premier centre d’accueil et du foyer en 1990, les missionnaires mettent en place cinq ans plus tard le foyer Jean Paul II, destiné aux jeunes filles. Ces trois établissements réunis accueillent aujourd’hui près de 80 enfants. En 2010, la mission décide de créer un collège-lycée «pour rivaliser avec les écoles réservées aux élites à Kara», ainsi qu’un centre professionnel pour former les jeunes à divers métiers.

La pauvreté augmente et les moyens manquent

Les structures ont beau accueillir de plus en plus de monde, cela ne suffit pas selon le père Koevi. «La ville de Kara s’agrandit, cela attire des jeunes venant d’autres villages et par conséquent il y a encore plus d’enfants dans la rue aujourd’hui» déplore-t-il. «Nous avons grandi avec les missionnaires, et nous avons eu la désir de nous engager auprès d’eux» explique le prêtre cinquantenaire, «mais aujourd’hui nous n’avons pas de moyens». Des doléances pour améliorer les infrastructures et rémunérer les éducateurs ont été faites à l’État mais sans succès. La paroisse locale profite de cette Journée mondiale des pauvres pour lancer un appel aux fidèles de Kara afin de venir en aide à ces enfants des rues.

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18 novembre 2023, 17:44