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L'hopital de Beryslav, en face de l'église de la ville L'hopital de Beryslav, en face de l'église de la ville 

En Ukraine, l'église gréco-catholique de Beryslav bombardée

L'église gréco-catholique de cette ville ukrainienne de la région de Kherson, connue pour sa soupe populaire, a été endommagée par les frappes aériennes russes. Dans une interview à Radio Vatican-Vatican News le père Oleksandr Bilskyi, curé de la paroisse, raconte la situation dans la ville et les dégâts subis par les habitants. Parmi les victimes des bombardements se trouvaient également des membres de sa paroisse.

Svitlana Dukhovych - Cité du Vatican

«Je demande à tout le monde, j'implore toute l'Eglise et le monde entier de prier pour notre paroisse des Martyrs Maccabées à Beryslav et pour toute l'Ukraine, car ce n'est que par la prière que nous pourrons arrêter ceux qui nous tuent sans pitié» : c'est ce que demande le Père Oleksandr Bilskyi, curé de la paroisse gréco-catholique de la ville de Beryslav, dans la région de Kherson, située sur la rive droite ddu fleuve Dnipro, dans le sud de l'Ukraine. La ville, occupée au début de l'invasion russe et libérée à l'automne de l'année dernière, est aujourd'hui constamment bombardée par les troupes russes. L'église gréco-catholique locale et la soupe populaire, qui donnaient de l'espoir aux nombreux habitants privés de moyens de subsistance, ont également été endommagées par les bombardements. En outre, la paroisse a subi des pertes irréparables : trois paroissiens ont récemment été tués. Au micro de Vatican News/Radio Vatican, le père Oleksandr a parlé de la situation dans la ville.

Père Bilskyi, ces dernières semaines, nous avons reçu des informations continues sur l'aggravation de la situation à Beryslav, qui subit des bombardements brutaux. Comment votre paroisse vit-elle ces événements ?

Au cours des deux dernières semaines, les bombardements se sont considérablement intensifiés. La Fédération de Russie largue sans interruption des bombes aériennes guidées. Il y a beaucoup de destructions et à chaque attaque, il y a des morts. C'est pourquoi je demande à chacun de prier pour notre ville, pour la région de Kherson et pour notre Ukraine. Près de chez nous se trouve l'hôpital central de la ville, qui a été détruit à la suite de deux attaques aériennes sur ce bâtiment le 5 octobre. Malheureusement, notre église a également été endommagée : les fenêtres ont été brisées et le stuc du plafond s'est détaché. Trois bombes sont également tombées sur un quartier résidentiel entre des immeubles de cinq étages, dont beaucoup ont été endommagés. L'appartement de la paroisse a également été endommagé : toutes les fenêtres ont été complètement détruites ainsi que le cadre, je n'étais pas là à ce moment-là car je n'avais quitté les lieux que la veille.

La perte irréparable que notre paroisse a subie ces dernières semaines est la mort de nos trois paroissiens qui ont été tués par des frappes aériennes. Cela s'est passé dimanche dernier (le 1er octobre): l'une des paroissiennes, qui rentrait de l'église après la messe, a été tuée par la bombe qui est tombée juste sur sa maison. Le lendemain, d'autres paroissiens se sont rendus au bureau d'entretien des logements afin d'obtenir des matériaux pour réparer leurs maisons gravement endommagées par le bombardement, et c'est là qu'une autre bombe est tombée, emportant la vie de deux personnes. Ils ont vraiment touché le bureau d'entretien des logements, où les gens allaient demander de l'aide... Je demande à tout le monde et j'implore toute l'Église catholique et le monde entier de prier pour nous.

Vous avez dit que votre église, où depuis le début de la guerre et même avant vous organisiez la soupe populaire pour les nécessiteux, a été détruite. Quelle est la situation aujourd'hui ? La cantine fonctionne-t-elle toujours ?

Nous n'avons pas fermé la cantine, mais maintenant que les bombardements se sont intensifiés, nous ne distribuons plus de repas chauds. Mais nous continuons à distribuer de la nourriture aux personnes dans le besoin : nous avons encore beaucoup de produits alimentaires - des conserves, des pâtes, du riz - et nous les donnons aux personnes qui viennent nous voir. Notre église ne ferme pas, comme elle l'a fait depuis le début de la guerre. Même dans les circonstances et les situations les plus difficiles, nous n'avons jamais fermé les portes de l'église, que ce soit pendant l'occupation de Beryslav ou après sa libération par nos soldats, afin que chacun puisse venir à l'église et adresser ses prières à notre Père céleste, le remercier pour le don de la vie et prier pour ses proches. Nous continuons à célébrer les offices religieux et à prier autant que possible, malgré la situation actuelle. 

Maintenant que la situation s'est aggravée, de plus en plus de personnes quittent Beryslav ? Y a-t-il encore des enfants dans la ville ?

Après l'aggravation de la situation, les autorités font tout ce qu'elles peuvent pour encourager et demander aux gens de quitter la ville, en particulier les parents avec des enfants. Nous encourageons et supplions également tout le monde de quitter leur maison pour sauver leur vie, car la situation est dangereuse ici. Mais environ trois mille personnes restent encore dans la ville, dont une centaine d'enfants. Et cette situation ne touche pas seulement Beryslav, mais aussi les villages environnants. Tous les habitants des environs de Beryslav souffrent également, car des attaques ont lieu tous les jours.

De quoi les personnes laissées pour compte dans ces endroits ont-elles le plus besoin ? Quel type d'aide recherchez-vous ?

Ce dont les gens ont le plus besoin, c'est de bois et de briquettes de bois, car nous savons que l'agresseur ne s'arrêtera pas. L'hiver et le froid arrivent et les gens ne peuvent pas acheter le matériel nécessaire pour chauffer leurs maisons. Nous avons donc besoin de différents types de combustibles pour l'hiver. Nous avons également besoin de matériaux pour les réparations, afin que les gens puissent réparer leurs maisons, ne serait-ce qu'un peu, pour éviter que leurs biens ne soient détruits par les intempéries. Nous avons également besoin de nourriture, de médicaments et d'aliments pour animaux de compagnie, car nous sommes confrontés à une autre difficulté de taille : de nombreux animaux de compagnie ont été abandonnés, leurs propriétaires ayant dû fuir pour sauver leur vie. Il y a beaucoup d'animaux abandonnés et ils ont eux aussi besoin de nourriture. En outre, il n'y a pas d'électricité à Beryslav et dans les villages environnants. Les gens ont donc besoin de détergents pour laver leurs vêtements et de produits d'hygiène personnelle.

Qu'aimeriez-vous dire aux catholiques des différents pays du monde ?

Je voudrais demander une prière incessante pour que notre peuple se sente soutenu par tous, par le monde entier. Nous ressentons déjà ce soutien, mais en plus de toutes les choses matérielles, nous avons besoin de prier pour que le Seigneur sauve des vies. Je vous demande donc à tous de prier intensément et je remercie tous ceux qui prient, tous ceux qui nous soutiennent et nous aident.

En tant que curé, parvenez-vous à soutenir vos paroissiens par votre présence ?

Dans la mesure du possible, j'essaie d'être avec eux, car je comprends que la présence d'un prêtre les aide à surmonter les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Bien sûr, de temps en temps, je dois quitter Beryslav, parce que nous recherchons une aide humanitaire, nous nous tournons vers diverses organisations caritatives, par l'intermédiaire de "Caritas Beryslav", que nous avons fondée récemment, nous collectons des fonds et demandons à d'autres Caritas dans toute l'Ukraine de continuer à nous soutenir. Pour des raisons de sécurité, nous déplaçons le bureau de "Caritas Beryslav" à une vingtaine de kilomètres de la ligne de démarcation, où les bombardements sont plus nombreux. Et nous voulons tout faire pour continuer à soutenir les personnes qui, pour diverses raisons, restent ici.

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08 octobre 2023, 15:38