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L'esplanade des mosquées à Jérusalem, le 6 octobre. L'esplanade des mosquées à Jérusalem, le 6 octobre.   (AFP or licensors) Les dossiers de Radio Vatican

Mgr Rafic Nahra: «il faut une solution juste et une solution à long terme»

Face à la nouvelle guerre qui oppose les Israéliens au Hamas, l’évêque auxiliaire du Patriarcat latin de Jérusalem et vicaire patriarcal pour Israël condamne les attaques visant les civils et invite à regarder l'avenir en mettant en garde contre les nouvelles fractures à venir entre Israéliens et Palestiniens.

Marie Duhamel-Cité du Vatican

Mgr Rafic Nahra, le vicaire patriarcal pour Israël et évêque auxiliaire du Patriarcat latin de Jérusalem condamne sans équivoque les violences meutrières commises par le Hamas qui ont visé les Israéliens depuis le 7 octobre, en grande majorité des civils. Alors que l'armée israélienne a officialisé lundi 9 octobre le "siège complet" de la bande de Gaza, la privant d'eau et d’électricité, il s'attend à une réaction israélienne forte mais demande à ce que soit pris en considération l'avenir des Palestiniens. 

Mgr Rafic Nahra, vicaire patriarcal pour Israël

 

Notre position comme chrétiens est claire. De toute manière, quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, des attaques sur des personnes civiles et non armées n'est jamais justifiée, ce n'est pas acceptable. C'est vrai qu'il y a une situation politiquement compliquée, surtout avec le gouvernement actuel. Il y a une très grande pression sur les territoires, sur la population palestinienne. Il y a des injustices, il y a l'occupation, Gaza est une grande prison, etc. Mais quoiqu’il en soit, quelle que soit la situation, attaquer des civils ou tuer et prendre comme otages des civils désarmés est inacceptable. C'est ça qui a été sidérant hier, cette manière de traiter des civils comme si c'était de la marchandise, c’était incroyable.

Et que dire sur la réponse israélienne à ces attaques terroristes?

Si vous voulez, il y a quand même des Gazaouis et des gens qui continuent d'entrer de Gaza, qui menacent de faire des actes terroristes un peu partout en Israël. Le pays est complètement paralysé. Il n'y a pas d'école. Tout est arrêté d'une certaine manière, parce que il y a la peur d'actes terroristes qui peuvent avoir lieu partout. Donc, si vous voulez leur dire "maintenant attention, il ne faut pas qu'il y ait de représailles", c'est un petit peu… Il faut un acte de force qui oblige les autres à s'arrêter si vous voulez, parce que sinon ca part dans des directions incontrôlées. Ce qu'Israël dit pour le moment, c'est qu'ils veulent désarmer le Hamas, mais ça n'arrivera jamais. J’entends par là qu’ils vont attaquer très fortement tous les dépôts d'armes du Hamas et les membres de la branche armée du Hamas, etc.

Donc on est en pleine guerre. C’est ce qu'a dit Netanyahou le premier jour. Il faut donc garder les règles des guerres, afin de respecter les droits humains minimaux des personnes contre lesquelles on est en train de mener la guerre. Il faut une solution juste.

Une solution qui ne s'arrête pas sur un projet à court terme, à chaud, mais aussi des décisions politiques qui seraient prises dans une perspective plus longue qui viserait à obtenir une stabilité de paix?

Israël est en train de signer des accords de paix avec beaucoup de pays alentour, mais pas avec les Palestiniens. Et tant qu'il n'y a pas un accord de paix avec la population palestinienne -il y a quand même 5 millions de Palestiniens qui vivent dans les territoires- s'il n'y a pas un accord de paix avec eux, il n'y aura jamais de paix en Israël, il y aura toujours des violences qui reviendront. Et le risque, c'est que ce soit des violences de plus en plus importantes. Il faut toujours penser au long terme. Des représailles trop violentes pour le moment auront des conséquences très négatives dans la suite pour Israël aussi. Il faut toujours garder en vue qu'on a face à soi des personnes qui ont des droits humains, garder une certaine proportion. Quand on voit ce qui s'est passé, on a du mal à le dire, mais mais c'est ça la vérité. Il faut garder présent le long terme. 

Dans un tel contexte de guerre, que peut la parole des leaders religieux de Terre Sainte?

Nous n'avons pas de prise directe sur ce qui se passe. Il faut prier, il faut aider aussi. Nous avons un rôle et ça, on commence à le faire un tout petit peu, en particulier dans les écoles, d'essayer de parler avec les personnes sur comment faire dans des situations de violence comme celle que nous vivons actuellement, comment parler avec les enfants, avec les jeunes, quel type d'éducation leur donner et les aider à ne pas avoir peur... Mais aussi de savoir comment gérer des situations comme celles dans lesquelles on vit dans la vie sociale, puisque nous vivons quand même dans un milieu qui est pluraliste. Il y a les juifs, les chrétiens et les musulmans. Donc quelle position avoir? Que dire en tenant compte de la situation politique compliquée dans laquelle on se trouve? Il ne faut pas se laisser entraîner dans des sortes de haine où on généralise, si vous voulez. Donc il faut sortir de cette mentalité où il y a les juifs, les arabes, les chrétiens et les musulmans. Et aider les à comprendre qu'on est en relation avec un être humain. Chaque fois qu'on est face à un être humain, on a une relation avec une personne particulière qui ne correspond pas à la catégorie telle qu'on l'imagine. 

Est ce que vous avez justement l'impression que cette guerre qui commence peut avoir des conséquences sur les chrétiens, le plus souvent arabes d'Israël?

C'est clair. Comme arabes, il peut y avoir. Voir des réactions au milieu de la population juive suite à ce qui s'est passé, des relations de méfiance, de refus. Cela peut créer des fractures encore plus importantes dans la société, c'est clair.

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09 octobre 2023, 18:13