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L'équipe de l'Institut théologique Al Mowafaqa à Rabat. L'équipe de l'Institut théologique Al Mowafaqa à Rabat.  (begondjem@gmail.com)

Dialogue interreligieux: l'Institut Al Mowafaqa de Rabat célèbre ses dix ans

Porté par l'Église catholique et l'Église évangélique au Maroc, cet Institut de théologie propose des formations qui mettent en valeur le dialogue interreligieux et interculturel, soutenu par un partenariat universitaire allant de la France au Cameroun.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

Le 30 mars 2019, lors de son discours devant le roi Mohamed VI, les autorités et le peuple marocain, le Pape François louait les mérites du Royaume où la liberté religieuse est garantie par le code civil. Lors de cette même allocution, le Souverain pontife a rendu hommage à l'institut oecuménique de théologie Al Mowafaqa. «Je considère (...) comme un signe prophétique la création de l’Institut œcuménique Al Mowafaqa, à Rabat en 2012, par une initiative catholique et protestante au Maroc, institut qui veut contribuer à promouvoir l’œcuménisme ainsi que le dialogue avec la culture et avec l’islam. Cette louable initiative traduit le souci et la volonté des chrétiens vivant dans ce pays de construire des ponts pour manifester et servir la fraternité humaine», déclarait le Pape. 

Lieu de formation, d'échanges culturels et interreligieux, cet institut forme des étudiants en théologie, en majorité des Africains, pour des cycles universitaires de trois ou quatre ans. Une formation en islamologie est également dispensée à travers un séminaire annuel. L'originalité de cet institut est sa co-direction, assurée à la fois par l'Église catholique et par l'Église protestante. Ainsi, ses deux directeurs sont le cardinal Cristobal Lopez Romero, archevêque de Rabat, et la pasteure évangélique Karen Thomas Smith, d'origine américaine. Les deux faisaient parti des invités réunis jeudi 19 octobre pour une soirée au centre Saint-Louis à Rome présentant l'institut.

Des constructeurs de ponts

«Nous sommes des constructeurs de ponts», a assuré l’archevêque de Rabat, en rappelant qu'il avait d'abord exercé sa charge de pasteur dans la ville de Kenitra, dont le nom est justement dérivé de "Kantara", ce qui signifie pont en arabe. La pasteure Karen Thomas Smith, arrivée au Maroc en 1996, a expliqué ses appréhensions à son arrivée, persuadée qu'elle allait être jugée pour "prosélytisme" dans l'œil des Marocains, à l'instar de nombreuses Églises pentecôtistes à travers le monde. «Mais c'est en rencontrant et en dialoguant que l'on construit, sous le regard de l'Esprit», sourit-elle. 

Au fil des années, l'institut Al Mowafaqa a sû nouer des partenariats avec diverses institutions universitaires afin de consolider ses formations diplômantes. Ainsi, les formations se déroulent sous la tutelle de l'Institut catholique de Paris, la faculté de théologie protestante de l'Université de Strasbourg et l'Université catholique d'Afrique Centrale située à Yaoundé au Cameroun. 

Latifa Ibn Zaten et le directeur de l'institut le pasteur Jean Koulagna le 15 mars dernier
Latifa Ibn Zaten et le directeur de l'institut le pasteur Jean Koulagna le 15 mars dernier

L'une des particularités d'Al Mowafaqa est aussi de former les responsables pastoraux, catholiques ou protestants de ce que l'on appelle les "Églises de Maison". «Nombre de migrants africains, quand ils arrivent au Maroc, ne font pas confiance aux Églises locales et créent souvent leurs propres communautés», explique le pasteur Jean Koulagna directeur de l'Institut. «Certains sont sans papiers et craignent parfois la police près des lieux de culte officiels». Mais le passage de ces personnes par l'institut a progressivement ouvert les mentalités, grâce aux ressources mises à disposition. «Certains sont devenus animateurs pastoraux et permettent de tenir à bout de bras des communautés où il n'y a ni pasteur, ni prêtre», poursuit Jean Koulagna.

La délégation venue du Maroc a pu rencontrer le Pape François mercredi 18 octobre à l'issue de l'audience générale place Saint-Pierre. L'occasion d'être confortée dans sa mission, dans ce Maroc à la confluence de l’Europe, de l’Afrique et du monde arabe, et qui se veut l'un des théâtres de la fraternité humaine aujourd’hui.

Père Daniel Nourrissat, curée de la cathérale de Rabat et cofondateur d'Al Mowafaqa

 

 

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20 octobre 2023, 15:33