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Un groupe de jeunes du diocèse de Lyon (France) participant aux JMJ de Lisbonne. Un groupe de jeunes du diocèse de Lyon (France) participant aux JMJ de Lisbonne.   Les dossiers de Radio Vatican

Les jeunes aux JMJ, une expérience fondatrice au fil des générations

Les jeunes ont répondu massivement à l’invitation du Pape François à se rendre aux JMJ de Lisbonne. Les Français en particulier n’ont jamais été aussi nombreux. Mais cet engouement n’a rien de nouveau et reflète de la part des jeunes pèlerins, comme lors des précédentes éditions, un même désir de vivre sa foi concrètement, rappelle le père Aymar de Langautier, jeune prêtre du diocèse de Toulouse.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Ils seront plus nombreux qu’il y a sept ans à Cracovie, où l’affluence était déjà forte. Entre 40 000 et 45 000 Français de 17 à 35 ans ont rallié Lisbonne ces derniers jours, accompagnés de 75 évêques et archevêques et de très nombreux prêtres.

Au-delà de l’Hexagone, même si leur nombre total ne sera connu qu’en fin de semaine, les jeunes seront certainement plus d’un million à vivre ces six jours autour du thème «Marie se leva, et s'en alla en hâte» tiré de l'Évangile de Luc. 


Ce jeudi 3 août est marqué par les premiers échanges entre le Souverain pontife et la jeunesse: d’abord à l’occasion d'une rencontre avec les jeunes universitaires à l'Université catholique portugaise, établissement fondé en 1967 et dirigé par les jésuites, puis au cours d’un entretien avec les étudiants du réseau Scholas Occurrentes. Enfin et surtout, lors du point d’orgue de cette journée, à 17h45 au parc Eduardo VII, l'un des principaux sites des JMJ, où François sera accueilli par les jeunes pèlerins.

Le père Aymar de Langautier, jeune prêtre du diocèse de Toulouse, vicaire d’une paroisse de Balma, dans la banlieue proche de Toulouse, accompagne l’un des groupes venus de France, l’un des 200 pays représentés à ces JMJ portugaises. Il décrypte la participation élevée des jeunes catholiques.  

Entretien avec le père Aymar de Langautier

La jeunesse française a toujours été présente dans ces grands rassemblements. Le record actuel pour les JMJ de Lisbonne en témoigne encore. Nos jeunes savent répondre «présent» aux événements d'Église, et j'espère que ce ne sera pas une démonstration de force, mais plutôt une démonstration de foi de la part de nos jeunes Français. Je les incite plutôt à vivre cela comme une vraie démarche de foi.

Tous ne sont pas des fidèles réguliers, tous n’ont pas une foi à transporter les montagnes, mais en tout cas [je souhaite] qu'ils puissent vivre cette expérience de quinze jours-une semaine, suivant les formules, comme un chemin de conversion-. Nous avons tous besoin de nous convertir, comme aussi une démarche de rencontre entre ces différentes cultures qui vont se joindre aux JMJ, et comme un lieu où ils vont pouvoir vivre leur foi concrètement, à travers les différents événements qui seront organisés, à travers les rencontres et à travers les différents temps forts proposés. Tout cela mis bout à bout fera que ces JMJ seront, je l'espère, réussies pour chacun, à la mesure de ce qu'ils peuvent apporter.

Que représentent les JMJ dans le chemin de foi d'un jeune catholique en 2023, pour cette génération que l'on appelle la «génération Z»?

Je ne pense pas qu'il y ait de grandes différences entre ceux qui ont vécu, par exemple Paris 1997, qui ont 40 ans aujourd'hui et qui nous en parlent encore avec des larmes dans les yeux, et les JMJ actuelles en 2023. Je pense qu'on a affaire à la même insouciance, au même dynamisme, à la même force de s'engager. D'ailleurs, la formule des JMJ reste la même depuis Paris 1997, depuis plus de 25 ans. Cela veut donc dire que c'est une formule qui marche, et qui peut s'adresser aux jeunes du monde entier, quels que soient leur culture et leur milieu.

Toute la vie spirituelle ne se joue pas aux JMJ, et on peut tout à fait être un chrétien fidèle au Christ et ne pas aller aux JMJ, ne pas pouvoir y aller. Mais c'est une expérience fondatrice pour beaucoup de ceux qui en reviennent, donc j'espère que nos jeunes pèlerins français partiront avec cet état d'esprit, en disant «je ne suis pas simplement dans un voyage, je suis vraiment dans une expérience spirituelle qui est de vivre ma foi à l'épreuve de ce grand rassemblement autour du Pape».


Comment ces jeunes sont-ils interpellés par le pontificat du Pape François?

J'avoue que j'en discute assez peu avec eux, comme je discute assez peu avec eux de l'Église en général, parce que nos jeunes n'ont pas besoin de discuter des heures et des heures sur l'Église. Nos jeunes n'ont pas besoin de discuter des heures et des heures sur le Pape François.

Nos jeunes suivent les pasteurs que nous sommes, et plus nous sommes fidèles, nous, au magistère, plus nous sommes fidèles au Christ, plus nous sommes fidèles aux dogmes, alors plus nos jeunes nous suivent. Et parce que nous suivons le Pape, ils suivent le Pape avec nous.

Mais je n'ai jamais eu une conversation, je crois, avec quelques jeunes, sur le Pape François, sur ses écrits. Alors c'est à nous évidemment de les vulgariser, c'est à nous de leur faire comprendre ce que le Pape veut dire, mais je ne vois pas de différence fondamentale, en tout cas dans la jeunesse, entre une génération Jean-Paul II, une génération Benoît XVI, une génération Pape François. Ils sont contents, quoi qu'il se passe, de rencontrer le Pape, ils sont contents, quoi qu'il se passe, d'être liés à ce Pape-là. Ils aiment ce Pape comme ils aimeront le prochain.

Si vous dites que discuter avec ces jeunes de l'Église n'est pas important, comment alors leur faire aimer l'Église?

En fait, ils ne s'intéressent pas aux débats actuels de l'Église. C’est-à-dire qu'ils aiment l'Église parce qu'ils aiment la paroisse où ils sont, parce qu'ils aiment les pasteurs qui les entraînent, parce qu'ils aiment les différents pèlerinages, les différentes expériences qu'on peut leur proposer dans la paroisse qui représente l'Église.

Nous, pasteurs, nous faisons tout pour que dans l'Église, dans notre paroisse, ils se sentent comme dans une famille. Et toutes les activités que nous faisons, y compris les JMJ, vont dans ce sens-là.


Je vois très bien qu'ils n'ont pas besoin de parler des heures et des heures de l'Église. Ils n'ont pas besoin de remettre en cause sans cesse différents dogmes, différentes disciplines, différents scandales. Tant que leur pasteur leur montre un exemple à suivre et vit de ce qu'il enseigne, il n'y a pas à aller à chercher plus loin, en tout cas pour cette jeunesse. En fait, ils sont l'Église, ils ont très bien compris cela, et n'ont pas besoin de se situer à l'extérieur, de la juger et d'en parler.

Pensez-vous que le Pape actuel se démarque de ses prédécesseurs en ce qui concerne le lien avec la jeunesse?

C’est avec Benoît XVI que j'ai découvert que les écrits d'un Pape pouvaient être lus même par un jeune, qu'il ne parlait pas qu’aux adultes et qu’ils pouvaient être complètement accessibles. Je trouve que Benoît XVI savait évidemment parler aux jeunes, tout comme le Pape François a sa manière de parler aux jeunes: très franc, très direct, très exigeant avec cette jeunesse.

Quand il nous dit de ne pas avoir peur, d'aller à contre-courant de la société, quand il nous dit de sortir de notre canapé, quand il nous dit de suivre le Christ et qu'il n'y a pas d'autre chemin… Benoît XVI disait pareil, Jean-Paul II aussi, et j'espère que le Pape François aux JMJ saura remotiver, motiver cette jeunesse, et lui donner un cap clair et précis.

À notre époque marquée par des crises multiples, quelle est la mission prophétique d'un jeune catholique?

Notre jeunesse, comme les autres, a à porter ce message du Christ envers et contre tout. Ils ont à vivre et à témoigner de cette espérance chrétienne qui nous dit que la vie vaut la peine d'être vécue, que le bonheur se trouve dans le Christ, que le bonheur se trouve dans cet Évangile à proclamer, à annoncer et à vivre.

Je vois surtout que notre jeunesse a actuellement une soif énorme de s'engager, une soif d'absolu, qu'ils vont parfois chercher ailleurs que dans l'Évangile. Ils ont besoin d'être guidés vers quelque chose de précis et de clair. Et plus on leur dit: «le chemin, il est là, c'est exigeant, mais tu sais que tu seras heureux à la fin parce que je vais t’y conduire et que pour moi, le bonheur se situe dans le Christ», plus ilssuivent cela.

Comment percevez-vous l'avenir de cette jeunesse catholique dans la Vieille Europe par rapport aux autres continents?

Plein d'espérance. Nous avons traversé différentes crises et peut-être que le pire est devant nous. Mais encore une fois, tout est une question d'attachement au Christ. Le travail de nous, pasteurs, c'est que nos jeunes puissent rencontrer le Christ à travers des événements comme les JMJ, mais aussi dans leur vie personnelle, dans leur paroisse, dans leur lieu de travail, et que cet attachement puisse être tellement fort que, quelles que soient les crises à passer, ils les vivront dans l'espérance avec le Christ, et ça leur donnera une motivation. Il y a un élan et une joie d'annoncer l'Évangile et d'en vivre, quelle que soit la situation où nous sommes.

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02 août 2023, 19:45