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Lutte contre le trafic des êtres humains Lutte contre le trafic des êtres humains 

Au Nigéria, des religieuses œuvrent à la réhabilitation des femmes victimes de la traite

«La société a du mal à comprendre et à accepter les victimes de la traite des êtres humains à leur retour dans la communauté. Les victimes se sentent isolées et en retrait de la société lorsqu'elles rentrent chez elles». Outre les efforts du gouvernement nigérian et des différentes agences pour lutter contre la traite des femmes et des jeunes filles, une association de religieuses nigérianes travaille également, dans le cadre de l'un de ses projets, à la protection de leur dignité.

Sr Georginia Chidalu Ohalete PHJC - Cité du Vatican

En Afrique, le Nigeria est le principal pays de provenance des filles et des femmes victimes de trafic vers l'Europe et l'Asie, à des fins d'exploitation sexuelle. Ces dernières années, les efforts du gouvernement nigérian pour lutter contre ce crime ont attiré l'attention de certaines agences des Nations unies. Des agences gouvernementales nigérianes telles que la NAPTIP, la NCFRM et l'ETAHT ont pris des mesures pour arrêter ce fléau. Pourtant, le problème reste énorme, car il est alimenté par des facteurs complexes, parmi lesquels la pauvreté et la criminalité.

L'avenir est souvent sombre pour les personnes secourues ou forcées de retourner au Nigeria par les gouvernements européens ou aidées par les ONG. De retour dans leur communauté, les rapatriées se heurtent au rejet de leur famille, de leurs amis et de la société. Elles sont stigmatisées, n'ont pas d'emploi et n'ont pas accès aux soins médicaux. Il n'est pas surprenant que certaines d'entre elles finissent par être à nouveau victimes de la traite des êtres humains, une deuxième, voire une troisième fois.

Le projet COSUDOW, un centre de réhabilitation et de réintégration

L'association des femmes religieuses nigérianes a plusieurs projets. L'un d'entre eux est le Comité pour le soutien de la dignité des femmes ou le COSUDOW. Ce projet, créé en 1999 par l'association nationale des femmes religieuses pour s'attaquer aux problèmes sociaux qui affectent les femmes et les enfants, offre un abri et un centre de réhabilitation. Outre la prévention, la réhabilitation et la réinsertion des femmes et des jeunes filles rapatriées constituent l'un des volets les plus importants du projet. En tant que coordinatrice de COSUDOW, soeur Philomena Okwu, religieuse nigériane des Filles de la Charité, s'efforce de prévenir la traite des femmes et des jeunes filles, mais elle travaille également avec celles qui sont rentrées chez elles. Le projet est basé à Benin City, dans l'État d'Edo, au Nigeria.

Réhabilitation, collaboration et réintégration dans la société

Selon soeur Okwu et son équipe, la plupart des filles et des femmes qui viennent au refuge et au centre de COSUDOW sont traumatisées à leur arrivée, souvent après avoir subi des violences. L’équipe du projet a entrepris de travailler avec chaque personne et de mettre à leur disposition des services tels que des conseils psychologiques, spirituels et même pastoraux. Les bénéficiaires sont aidées à trouver leur place dans la société et à reconstruire leur estime de soi et leur confiance.

Certaines bénéficiaires sont hébergées au centre pour des raisons de sécurité, tandis que d'autres viennent quotidiennement pour accéder aux services. Elles sont également encouragées à acquérir des compétences afin de pouvoir mener une vie indépendante et de qualité. La création d'un commerce ou d'une boutique pour les filles et les femmes qui reviennent réduit leur vulnérabilité et le risque d'être à nouveau victimes de la traite.

La traite des êtres humains nuit au bien-être des individus

«La traite des êtres humains est un crime contre l'humanité. C'est l'un des crimes les plus horribles qui viole les droits des individus, les déshumanise, les prive de leur liberté et nuit à leur bien-être», a expliqué soeur Okwu à Vatican News. «La traite des êtres humains, a-t-elle souligné, se manifeste par la tromperie, le travail forcé, l'exploitation sexuelle et d'autres formes d'abus». La plupart des victimes de la traite proviennent de milieux vulnérables. La pauvreté, les familles en crise, la corruption, le chômage, l'insécurité au Nigeria et l'analphabétisme sont les moteurs du vice. Souvent, les filles et les femmes sont recrutées par des personnes qu'elles connaissent et en qui elles ont confiance. Souvent, elles sont attirées par des promesses de meilleures opportunités et d'emplois lucratifs inexistants à l'étranger.

Soeur Philomena Okwu assure que «chaque individu est fait à l'image de Dieu et du corps du Christ. Sur cette base, l'Église devrait continuer à protéger chaque personne et à s'élever contre cette maladie qui sévit dans notre société. L'Église a pour rôle de défendre et de protéger la dignité humaine et les droits des individus». 

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31 juillet 2023, 15:35