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Cardinal Giorgio Marengo, préfet apostolique d'Oulan-Bator, capitale de la Mongolie. Cardinal Giorgio Marengo, préfet apostolique d'Oulan-Bator, capitale de la Mongolie.   (Vatican Media)

Cardinal Marengo: le Pape en Mongolie, un encouragement pour une jeune Église

Entretien exclusif avec le plus jeune cardinal au monde, créé par François le 27 août 2022, le missionnaire italien Giorgio Marengo. Le préfet apostolique d'Oulan-Bator, la capitale, accueillera le Pape François en Mongolie du 31 août au 4 septembre prochain.

Deborah Castellano Lubov – Cité du Vatican

Éminence, comment accueillez-vous la nouvelle de la visite apostolique du Pape François en Mongolie, quelle en est l'importance?

C'est très important. Tout d'abord, nous accueillons cette confirmation officielle avec une joie profonde et un acte de grâce. J'ai déjà reçu plusieurs messages enthousiastes de la part de nombreuses personnes, ici en Mongolie mais aussi dans le monde entier. Nombreux sont ceux qui disent: «Quelle bonne nouvelle!» Et c'est effectivement une bonne nouvelle. Ce voyage est un signe très important pour l'Église en Mongolie, un signe d'attention et de proximité du Saint-Père pour notre petite et jeune communauté. Nous étions déjà conscients de cette proximité, car le Pape a toujours manifesté une considération particulière pour les périphéries du monde, en tant que lieux privilégiés de témoignage. Mais la présence du successeur de saint Pierre à nos côtés est un véritable encouragement pour tous les fidèles et les missionnaires.

 

Quelle communauté accueillera le Pape?

La préfecture apostolique d'Oulan-Bator (qui couvre tout le territoire du pays) compte environ 1 500 fidèles catholiques locaux, auxquels s'ajoutent les quelques étrangers présents pour des raisons professionnelles ou diplomatiques. La communauté missionnaire compte 75 missionnaires, représentant 10 congrégations religieuses et 27 nationalités. Il s'agit d'une communauté véritablement internationale et très diversifiée. Il y a au total 29 prêtres (dont deux locaux), 36 religieuses, six religieux non prêtres et trois missionnaires laïcs. Il y a 9 lieux de culte officiellement enregistrés. L'essentiel du travail missionnaire prend la forme de projets de promotion humaine, auxquels s'ajoutent la recherche culturelle et le dialogue interreligieux. Le regretté père Stephen Kim Seong-hyeon, décédé subitement la semaine dernière à l'âge de 55 ans, me confiait souvent, en rêvant d'une éventuelle visite du Saint-Père, qu'il s'agirait probablement du seul cas d'une Église particulière où chaque membre serait en mesure de rencontrer le Saint-Père en personne. Nous avons pensé avec lui qu'il serait peut-être possible d'inclure tous les fidèles dans une séance de photos avec le Pape François...

L'Église en Mongolie est une Église pauvre et petite, nous sommes peu nombreux, nous n'avons pas beaucoup de ressources. Mais dans les petites communautés, l'entraide est particulièrement forte et les liens qui se forment entre les personnes sont marqués par un sens élevé de la vérité et de l'authenticité. Cela signifie que la correction fraternelle, par exemple, est très spontanée, parce que les gens veulent le meilleur les uns pour les autres! Il y a quelque chose de l'Église primitive. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de sens de l'Histoire. Formellement, l'Église en Mongolie est née ces dernières années, mais dans un monde qui change rapidement et dans un pays qui a une longue histoire derrière lui, où l'on peut trouver des traces de la présence chrétienne à certaines époques. Les personnes qui nous rendent visite de l'extérieur sont souvent marquées par quelque chose de l'ordre de la fraîcheur spirituelle. En tant que missionnaire au service de cette Église depuis une vingtaine d'années, je peux témoigner de cette fraîcheur.

En Mongolie, les chrétiens constituent une minorité. Quelles sont les relations avec les autres religions? 

La coexistence interreligieuse est un héritage qui nous vient de loin, enraciné dans la politique de tolérance des Khans mongols. Le christianisme était déjà connu et pratiqué vers l'an 1 000 et nous aimons renouer idéalement avec cette ancienne tradition. L'année dernière, nous avons célébré les 30 premières années de présence effective de l'Église catholique dans le pays à l'époque contemporaine. Le dialogue interreligieux fait partie de l'évangélisation, non pas tant en tant que stratégie que comme moyen de témoignage pour l'Église. La relation interreligieuse est comme une amitié, une histoire toujours basée sur la confiance mutuelle et construite au fil du temps. Il s'agit de vivre ensemble, de cheminer ensemble. La notion de minorité vient d'une observation extérieure, mais ici nous ne pensons pas en ces termes, nous pensons plutôt à la manière de vivre la fidélité à l'Évangile au quotidien.

Quels fruits espérez-vous que la présence du Saint-Père cultivera pour la Mongolie et pour l'Asie?

Il est important que la Mongolie soit mieux connue dans le monde, précisément en raison de sa richesse culturelle et religieuse, ainsi que de son histoire. La visite du Saint-Père contribuera certainement à mettre en évidence la beauté de cette terre et la noblesse de son peuple, dépositaire de traditions très profondes qui ont toujours caractérisé cette région de l'Asie. Pour la petite communauté catholique, bien sûr, ce sera un don particulier de la grâce, en pensant au travail silencieux et fructueux de tant de missionnaires qui ont donné leur vie pour l'Évangile et qui continuent à le faire, loin des projecteurs, pour le seul bien des peuples auxquels ils ont été envoyés. Je souhaite que ce voyage marque une étape supplémentaire dans la construction de relations de confiance et d'amitié, au sein desquelles l'Évangile est vécu et témoigné.

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03 juin 2023, 18:00