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Lors de l'audience générale, 17 mai 2023 Lors de l'audience générale, 17 mai 2023  (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

De Munich à Rome à vélo, un groupe de victimes d'abus remet une lettre au Pape

Quinze hommes et femmes accompagnés de leurs familles, ont parcouru plus de 700 km à vélo en dix jours pour rencontrer François. À la fin de l'audience générale, ils lui ont remis un message dans lequel ils parlent des blessures qu'ils ont subies et qui «saignent» encore devant chaque nouveau cas d'abus. Ils souhaitent que les responsables de l'Église puissent faire davantage contre ce mal «avec cohérence et décision». L'initiative était soutenue par l'archidiocèse de Bavière.

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

Ils étaient quinze, le plus âgé ayant 80 ans. Ils ont parcouru à vélo plus de 720 km de Munich à Rome pour rencontrer le Pape François et lui remettre une lettre dans laquelle ils demandent un plus grand engagement contre les abus sexuels, afin que l'Église puisse être «un lieu sûr pour les enfants».

Le groupe de victimes allemandes de violences commises par des membres du clergé, a assisté à l'audience générale sur la place Saint-Pierre ce mercredi matin, 17 mai. Parti le 6 mai de la Marienplatz de la capitale bavaroise, accompagné par leurs proches, le groupe a entrepris un voyage par étapes, notamment en Italie, pour arriver à Rome et «regarder le Pape dans les yeux» et lui transmettre quelques lignes exprimant leur douleur pour des blessures qui, disent-ils, se réactivent souvent en «saignant» ; des lignes aussi d'espoir afin que «les dirigeants de l'Église catholique affrontent les abus du passé avec cohérence et décision».

Un engagement fort et clair

Le plus âgé du groupe est Dietmar Achleitner, 80 ans, qui, enfant, a fréquenté un internat religieux où il a été abusé pendant sept ans, tandis que le plus jeune est Robert Köhler, 53 ans, lui aussi victime de violences similaires. Ils sont tous unis par le fait d'avoir subi «de graves violences physiques, sexuelles et psychologiques» de la part de «personnes à qui ils étaient confiés», ce qui a «blessé souvent profondément et même parfois détruit leur jeune âme». Dans leur lettre, ils parlent d'un Évangile «perverti». Ils estiment que contre le fléau des abus «les premiers pas ont été faits, mais de notre point de vue un engagement fort et clair est encore nécessaire de la part de tous les responsables au sein de la Curie et dans les diocèses de l'Église universelle».

Des blessures qui saignent

Le groupe de victimes attend de l'Église qu'elle fasse tout ce qui est en son pouvoir pour s'assurer que «dans tous les coins» du monde, la question des abus sexuels et spirituels «soit abordée et que des mesures préventives appropriées soient prises». Pour les victimes, il est également nécessaire «d'envoyer un signal clair» à tous ceux «qui n'ont pas assumé leurs responsabilités et qui, dans une certaine mesure, ne le font toujours pas». Elles affirment «souffrir encore des conséquences» des abus et parlent d'une vie «affectée et restreinte de différentes manières et intensités». «À chaque nouveau reportage dans les médias sur les abus dans le contexte de l'Église, peut-on lire, à chaque rapport d'expert produit dans les diocèses de l'Église universelle et qui révèle les actes cruels des prêtres et des religieux, ainsi que l'échec et la dissimulation des responsables, les cicatrices se rouvrent et les plaies recommencent à saigner. D'où l'espoir que l'Église puisse éradiquer ce mal et permettre à nouveau aux jeunes et aux enfants de faire l'expérience de "la beauté et de la libération du message de Jésus-Christ».

Le «cœur» de l'artiste Michael Pendry

Symboliquement, le groupe a présenté au Pape une représentation de l'artiste munichois Michael Pendry, montrant un cœur différent des représentations classiques avec «de nombreuses parties ouvertes», «anguleuses», «blessées». «Il en est de même dans notre être le plus profond, au centre de notre être, au centre de notre cœur ! Aujourd'hui encore, le chemin de la guérison est un énorme défi, pour certains il est confronté à des difficultés, pour d'autres il n'est pas possible, malgré tous leurs efforts et leur désir» écrivent-ils. Enfin, ils s'adressent au Pape: «Vous venez vers des femmes et des hommes qui ont été blessés, humiliés et marqués pour la vie. Mais en même temps, ces femmes et hommes ne se résignent pas à ce qui est arrivé. Ce sont des personnes qui gardent la tête haute, qui sont debout et qui ont une forte volonté de vivre et de survivre.», a déclaré à l'Osservatore Romano le vicaire général de l'archidiocèse, Christoph Klingan, qui a accompagné le groupe place Saint-Pierre, «ils ne veulent pas rompre définitivement avec "leur" Église et avec leur foi».

Une initiative soutenue par l'archidiocèse

Le pèlerinage à vélo est soutenu par l'archidiocèse de Freising-Munich, qui a toujours réitéré sa volonté absolue de clarifier la question des abus et sa disposition inconditionnelle à coopérer avec les autorités de l'État, invitant également les personnes à signaler tout cas suspect d'abus aux personnes de contact indépendantes de l'archidiocèse.

L'Église de Munich a été l'une des premières en Allemagne à commander au cabinet d'avocats Westpfahl Spilker Wastl un rapport indépendant sur les cas d'abus survenus entre 1945 et 2019. À la suite de ce rapport, des enquêtes avaient été lancées afin de clarifier les comportements incorrects des responsables de l'Église. Les enquêtes ont été abandonnées fin mars, soit parce que les soupçons étaient insuffisants, soit parce que les faits étaient prescrits.

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17 mai 2023, 18:51