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Chemin synodal de l'Église en Allemagne. Chemin synodal de l'Église en Allemagne.  

Allemagne: clôture à Francfort du chemin synodal

Le projet de réforme "le Chemin synodal" s'est achevé le 11 mars dernier par une messe de clôture dans la cathédrale Saint-Barthélemy de Francfort, après trois jours d’écoute, de débats et de discernement. Le bilan a été fait lors d'une conférence de presse qui s'est révélée globalement conciliante et confiante.

Vatican News

Le président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, exprimant sa joie lors de la conférence de presse, a déclaré que «la voie synodale a fonctionné, malgré tous les grincements de dents et toutes les mauvaises nouvelles.

La synodalité

Le débat sur la réforme a été «un espace d'expériences» dans l'écoute, les échanges et la prise de décisions. Des résultats concrets ont été obtenus, le chemin synodal n'a pas été un «tigre édenté». Il est «une concrétisation de ce que le Pape François entend par synodalité,  et avant tout l'expression d'une Église vivante, colorée et diverse», a affirmé Mgr Bätzing. Depuis de nombreuses années, a-t-il souligné, «nous n'avons pas eu de lutte commune aussi intense sur la manière dont nous pouvons aujourd'hui vivre de l'Évangile et de la richesse de notre tradition, et contribuer à façonner notre société».

Le prélat s'est montré reconnaissant du «grand intérêt» pour «le chemin synodal» - également «à Rome et dans le monde entier». Les questions allemandes jouent également un rôle dans d'autres pays, a déclaré l'évêque en faisant référence au processus synodal mondial. Une fois de plus, il a rejeté les critiques selon lesquelles le débat sur la réforme conduirait à une séparation: «le chemin synodal ne conduit pas à une scission, et il n'est pas non plus le début d'une Église nationale. Je rejette une nouvelle fois catégoriquement de telles allégations abstruses».

Pas de division

En ce qui concerne les questions de réformes, il existe des décisions qui peuvent être directement mises en œuvre par les évêques dans les diocèses, «nous pouvons commencer demain», a dit le président de la Conférence épiscopale allemande (DBK). «Le Pape François en particulier nous a toujours encouragés, nous les évêques, à assumer activement notre ministère et agir à partir des besoins locaux », a-t-il déclaré.

D'autres thèmes qui ne pourraient trouver de réponses qu'au Vatican et dans l'Église universelle, ont mis en évidence quelles questions, a souligné Mgr Bätzing, souhaitant  que l'échange synodal se poursuive à ce sujet: «Ici aussi, nous avons besoin de délibérations et de décisions de style synodal», a-t-il affirmé. «Je souhaite que les réponses à ce que nous portons à Rome, ne soient pas données dans des dossiers bureaucratiques, mais dans un processus de délibération synodale aussi respectueux que celui que nous avons tenté de mettre en œuvre ici», a déclaré le président de la Conférence épiscopale allemande. Au niveau de l'Église universelle, il faut des processus de consultation, a-t-il encore expliqué: «Et il est bon que, grâce au synode sur la synodalité, les voies de la consultation commune, soient également renforcées au niveau de l'Église universelle. Nous sommes en train d'apprendre ce qu'est la synodalité et, avec la fin aujourd'hui à Francfort, nous inscrivons la synodalité dans la durée», a-t-il lancé.

Dans le cadre du chemin synodal, de nombreux jalons ont été posés pour l'avenir et une «nouvelle coopération» a été établie, selon Mgr Bätzing, il s'agit maintenant de continuer à développer la consultation synodale avec «courage et détermination».

Reconnaissance pour le débat thématique

«C'est un grand succès que tous les grands thèmes de décisions soient maintenant désormais sur la table», a constaté Irme Stetter-Karp, présidente du ZdK, une puissante organisation représentative de laïcs.  Elle a rappelé le point de départ du chemin synodal, l'étude sur les abus. «Nous fixons ainsi également des thèmes pour le synode mondial, a-t-elle affirmé, et nous ne le faisons pas seuls, mais avec de nombreux autres mouvements synodaux dans d'autres pays, sur d'autres continents».

«Plus de trois ans de chemin synodal ont conduit à une nouvelle culture du dialogue», a souligné Stetter-Karp. «Les évêques ont pu faire l'expérience qu'ils n’ont pas à prendre des décisions seuls, qu'ils peuvent et doivent consulter et décider en équipe», a-t-elle affirmé. «La parole des fidèles a été entendue, on a délibéré et décidé ensemble pour tant de choses qui étaient urgemment nécessaires», a relevé la présidente du ZdK en faisant référence aux décisions du chemin synodal. De l'ouverture du Chemin synodale 2019 à Lingen, sous le «choc» du scandale des abus, jusqu'à la clôture du Chemin synodal 2023 à Francfort, l'Église est passée à l'action.

Stetter Karp aurait souhaité «plus», en ce qui concerne le texte d'action: «Consulter et décider ensemble», dont le vote a été reporté. Le texte a tout de même été renvoyé au comité synodal, ce qui montre, selon elle, que le chemin synodal se poursuit.

Renforcer la synodalité

Dans la perspective du Synode mondial, Stetter-Karp a appelé à renforcer les réseaux transnationaux. Le chemin synodal «ne s'arrête pas là, il ne fait que commencer», a-t-elle lancé. «Le Pape François veut une Église synodale, at-elle rappelé, pour nous en Allemagne cela signifie que nous misons sur des évêques qui veulent également une Église synodale. Les décisions du chemin synodal ne peuvent être mises en œuvre que si les évêques le veulent aussi».

L'évêque Franz-Josef Bode, vice-président de la Conférence épiscopale allemande et participant au forum féminin du Chemin synodal, s'est montré particulièrement satisfait des décisions prises sur le thème des femmes: «Sur la question des femmes en particulier, nous avons fait un pas en avant, considérable que je n'osais pas espérer», a-t-il fait savoir, estimant que «l'approbation encore jamais aussi grande des évêques pour le diaconat des femmes et l'ouverture des arguments pour d'autres fonctions sont très importants et cela m'a beaucoup touché que nous soyons parvenus jusqu’ici - avec raison, compétence et audition».

Pour l'évêque, il s'agit maintenant de «jeter un regard courageux vers l'avant et de placer sa confiance dans la force transformatrice de l'Évangile». Le Vatican et le Pape François ont refusé d'ordonner des femmes et ont souligné que le sujet avait été traité de manière définitive avec le Pape Jean-Paul II.

La marche du comité synodal 

Le comité synodal, dont les membres ont été élus samedi dernier aura «beaucoup à faire», a souligné Thomas Söding, théologien et vice-président du ZdK. Il doit selon lui, «développer comment les laïcs pourraient être davantage impliqués à l'avenir». Contrairement à Stetter-Karp, Söding a qualifié de «correct» le fait qu'un texte d'action correspondant ait été ajourné lors de la 5e assemblée synodale. «Nous avons le comité synodal qui est capable d'agir», a déclaré Söding à propos de ce qui a été réalisé, «nous apprenons du processus synodal mondial, nous allons acquérir de l'expérience dans les diocèses, la majorité des évêques veulent le changement et ils peuvent aller de l'avant dans leurs diocèses».

Söding a néanmoins tiré un bilan mitigé du chemin Synodal au regard de la crise de l'Église et de la foi: «Que l'on joue la marche triomphale sur la voie synodale, ce serait tout de même une discordance», a-t-il déclaré. «Nous venons tout juste d'entamer les changements systémiques. Nous sommes loin d'avoir épuisé toutes les possibilités d'utiliser dans l'Église les charismes, les dons de l'Esprit comme élixir de vie de la foi». Mais, a-t-il ajouté, «nous avons commencé. Nous devons continuer, nous le voulons, nous le pouvons - uniquement par le chemin synodale».

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13 mars 2023, 17:09