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La présidence de la CEM au Vatican, au siège du Synode des évêques, avec le cardinal Grech (au centre) et Mgr Luis Marín (à sa gauche). La présidence de la CEM au Vatican, au siège du Synode des évêques, avec le cardinal Grech (au centre) et Mgr Luis Marín (à sa gauche).  

Les grands défis de l’Église du Mexique présentés à Rome par l’épiscopat

La présidence de la Conférence épiscopale mexicaine visite depuis mardi 21 février les différents dicastères du Vatican pour y parler de l’Église dans ce pays d’Amérique centrale. Les mouvement migratoires, l'aide proposée aux migrants et la violence sont quelques-uns des sujets abordés. Ce vendredi, les prélats seront reçus par le Pape François.

Patricia Ynestroza - Cité du Vatican

La présidence de la Conférence épiscopale mexicaine (CEM) est à Rome pendant quatre jours pour une série de réunions avec différents dicastères, afin de discuter de la situation de l'Église dans le pays. Vatican News a rencontré Mgr Rogelio Cabrera López, archevêque de Monterrey et président de la CEM.

Monseigneur, quelle est la réalité qui est présentée aux dicastères cette semaine?

Tout d'abord, nous montrons notre sentiment de profonde communion avec le Pape François et avec tous les dicastères qui sont au service de son ministère. Avec chacun d'entre eux, en fonction de la tâche qui lui incombe, nous avons abordé la réalité du Mexique. Nous avons été avec le dicastère pour le développement humain intégral, avec le dicastère pour le clergé et avec le dicastère pour les évêques. À chaque fois, nous avons abordé différentes questions. Avant tout, la question sociale, parce qu'elle est plus complexe: nous l'avons abordée avec le Dicastère pour le développement humain intégral, avec une question fondamentale pour nous, qui est le nouveau visage que prend la réalité des migrants.

Le Mexique a une vocation de migrant, d'abord parce que nous sommes les voisins naturels du pays le plus riche du monde, donc, par l'attraction pour le travail que suscitent les États-Unis. Mais nous sommes aussi le passage obligé pour ceux qui veulent venir aux États-Unis. Avant, ils venaient seulement d'Amérique centrale, maintenant des gens de nombreux pays passent par-là, on nous dit que plus de 140 nationalités traversent le territoire mexicain, ce qui devient pour nous une tâche très spéciale.


Nous voulons le faire selon les sentiments et les directives du Pape François. Le Mexique veut être un lieu de rencontre avec les personnes, de respect de leur dignité et de soutien dans leur rêve d'atteindre les États-Unis. Maintenant, bien sûr, nous leur offrons la possibilité de rester et de vivre sur notre territoire, qui bien sûr n'offre pas les meilleures opportunités pour les migrants, mais nous croyons que le Mexique est une possibilité, malgré tous les problèmes qu’a notre pays, il peut être une opportunité, au moins comme un tremplin, pour atteindre les États-Unis.

Il a été question de fermer des murs, d'ouvrir des murs. Où en sommes-nous avec l'ouverture ou la non-ouverture envers les migrants, envers les caravanes de migrants?

La migration dépend de l'humeur aux États-Unis. Nous avons eu des mesures très dures avec le président Trump. Maintenant avec le président Biden, il semble parfois qu'il y ait une lueur d'espoir, mais ensuite cette lueur d'espoir disparaît. Aujourd'hui nous sommes un pays considéré comme le troisième en matière de sécurité, donc, celui qui veut obtenir la permission d'aller aux États-Unis doit passer par le Mexique et y attendre sa procédure, surtout ceux qui demandent l’asile. Mais nous pensons que le Mexique doit assumer cette responsabilité très sérieuse. Aujourd'hui, certaines possibilités légales s'ouvrent pour ceux qui veulent travailler temporairement aux États-Unis, en particulier pour les Mexicains, et il semble que bientôt elles seront également offertes à ceux d'Amérique centrale.

Nous devons continuer à frapper aux portes, les autorités sont responsables de ces négociations, le Mexique a besoin d'emploi, le monde a besoin d'emploi, les États-Unis ont encore la possibilité d'employer de nombreuses personnes et nous sommes dans cette incertitude, mais nous essayons toujours de servir les migrants du mieux que nous pouvons.


Parmi les réalités que vous abordez avec les différents dicastères en préparation de la visite ad limina, vous avez déclaré dans un communiqué que vous parlerez de la réalité du Mexique, car le pays a besoin de réconciliation, d'unité, de vérité, de justice et de paix, concrètement?

Le problème central est la violence, avec ses différents visages. Notre Église au Mexique est déterminée à travailler pour la réconciliation, nous entamons un processus avec les pères jésuites, et l'organisation des religieux au Mexique, pour faire une proposition de dialogue national. Tout d'abord, une discussion dans toutes les paroisses, dans toutes les communautés religieuses, mais aussi des forums de dialogue entre spécialistes. Nous voulons tous la paix au Mexique, mais nous devons aussi découvrir le rôle que les citoyens doivent jouer, sachant que quels que soient les efforts des autorités, elles ne pourront jamais obtenir la paix dans notre pays.

En quoi consiste le projet de pastorale globale?

C'était une réponse de l'épiscopat à la mission que le Pape François nous a donnée en 2016, à savoir que nous devions avoir un projet qui puisse unifier les intentions de toutes les Églises locales en vue de deux événements à venir, d'abord le 500e anniversaire [des apparitions de la Vierge Marie à saint Juan Diego] en 2031, et en 2033, le deuxième millénaire de la Rédemption. Dans ce parcours temporel, nous essayons de répondre à l'évangélisation dont le Mexique a besoin en ce moment, en suivant bien sûr le magistère du Pape François, que je remercie pour son accompagnement pendant ces 10 ans.

Nous célébrons ses 10 ans de pontificat, qui ont toujours été une bénédiction pour nous. J'ai été évêque pendant la période du Pape Saint Jean Paul II, avec le Pape Benoît et maintenant avec le Pape François. Je suis également reconnaissant à Dieu pour les lumières que chacun d'entre eux nous a données, mais ces dix années, au cours desquelles la situation s'est aggravée socialement pour le monde et pour le Mexique, nous nous sentons très accompagnés par le Pape François et nous nous joignons à la gratitude de l'Église universelle, à son magistère et surtout à sa conduite.

Souhaitez-vous adresser un dernier message à votre pays?

Je veux dire à mes compatriotes, hommes et femmes, que le Mexique aura toujours de l'espérance, que malgré les nuages sombres qui nous assaillent aujourd'hui, il est possible à partir du Christ et de Notre-Dame de Guadalupe d'entrevoir un avenir meilleur pour le Mexique.


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23 février 2023, 17:26