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Mgr Timothy Broglio, président de la conférence épiscopale des États-Unis Mgr Timothy Broglio, président de la conférence épiscopale des États-Unis  Les dossiers de Radio Vatican

Mgr Timothy Broglio entend aplanir les divisions de l'Église des États-Unis

Ancien ordinaire militaire des États-Unis, Mgr Timothy Broglio a été élu président de la conférence épiscopale américaine le 15 novembre dernier. Chef de file d'une Église qui a laissé apparaitre ses divisions au grand jour, il souhaite la rendre plus synodale, et rejette toute opposition au Pape François.

Entretien réalisé par Jean-Charles Putzolu - Cité du Vatican

Élu par ses paires le 15 novembre dernier à la tête de la conférence épiscopale des États Unis d’Amérique, Mgr Timothy Broglio a pour mission d’accompagner les catholiques américains vers le Synode. Un parcours délicat au regard du contenu de la synthèse des consultations menées aux États-Unis. Elle est apparue sans concession, notamment déplorant le manque d'unité dans une Église divisée. Des positions différentes émergent sur des questions de théologie, de politique, de relations internes, jusque dans la relation entre les évêques et leurs prêtres. Or, l’un des enjeux du Synode sera de pouvoir surmonter ces obstacles et parvenir à "marcher ensemble". Un défi que n’a pas peur de relever Mgr Timothy Broglio, pour qui «la situation aujourd'hui, pour l'Église aux États-Unis, et il y a le même problème concernant la situation politique, c'est que les gens ne sont pas disposés à écouter les autres. Chacun reste sur sa position. J'espère que le processus synodal nous aidera à nous ouvrir à l'autre». Conscient qu’il ne s’agit pas d’une démarche facile, l’ancien ordinaire militaire estime que les évêques sont prêts «parce qu'on ne peut pas rester divisés comme nous le sommes maintenant».

Avortement et eucharistie

Le Pape François a répété récemment dans la revue America Magazine que l'avortement était un crime, et que ce n'était pas pour l'Église une affaire civile, mais une affaire de pastorale. Lorsque François souligne qu’accorder la communion aux personnes favorables à la liberté de choix ne relève pas de la compétence des conférences épiscopales mais des évêques à titre individuel, Mgr Broglio ajoute que c’est en réalité une question de droit canonique «qu’il faut respecter… Même si la question qui peut être soulignée c’est que la personne qui n'accepte pas l'enseignement de l'Église sur l'avortement ou sur n'importe quelle question, doit elle-même ne pas se présenter pour recevoir l’eucharistie, et reconnaitre qu'elle n'est pas en communion avec l'Église».

Relations entre évêques et prêtres

Des divisions apparaissent aussi dans la relation entre les évêques et les prêtres. Une étude du mois d'octobre dernier faite par l'Université catholique d'Amérique à Washington laisse apparaître que sur les 10.000 prêtres consultés, un certain nombre ont le sentiment que leur évêque est un chef d'entreprise, un homme d'affaires et pas forcément toujours un frère. Plus d'un tiers, 36 % pensent que leur évêque ne leur viendrait peut-être pas en aide s'ils étaient en difficulté. Face à ce constat, Mgr Broglio reconnaît la nécessité d’accomplir un énorme travail: «il faut travailler beaucoup pour mettre en place une bonne relation entre chaque évêque et les prêtres de leur diocèse. Ça dépend vraiment de l'écoute». Poursuivant en évoquant les relations avec un prêtre lorsque ce dernier fait l'objet d'une accusation pour abus sexuel, Mgr Broglio regrette une forme de pression exercée par les avocats: «nous sommes dans une situation aux États-Unis. Je ne sais pas si c'est celle-ci est unique, où ce sont les avocats qui entrent en jeu et nous disent ce qu'il faut faire. Et cela, coupe la relation entre l'évêque et ses prêtres». La justice évidemment doit suivre son cours, point indiscutable pour Mgr Broglio, qui cependant dit s’efforcer personnellement de «toujours donner la possibilité au prêtre de m'expliquer un peu sa version des faits»


Avec l'évêque de Rome

Les dux hommes se sont rencontrés lundi 28 novembre au Vatican, le nouveau président des évêques américains s’est dit surpris lorsqu’au lendemain de son élection le 15 novembre, «on m'a dit que j’étais contre François. Ça c’était vraiment nouveau pour moi. Nous nous sommes rencontrés lundi et il n'y avait pas de difficultés entre nous et nous. Nous ne nous ne connaissons pas très bien, c’est vrai, mais je crois qu'on peut travailler et marcher ensemble». Certains évêques américains se sont exprimés parfois de façon très critique vis-à-vis du Pape, mais Mgr Broglio temporise: «nous voyons le Saint-Père comme un frère et comme notre Père. Et je crois que c’est le cas de la majorité des évêques des États-Unis». Il admet aussi des polarisations, «une difficulté», dit-il, amplifiée par «les réseaux sociaux qui cherchent toujours à fomenter la division entre nous, et entre nous et le Saint-Père».

Église et migrants

S’il est un dossier qui a laissé éclater au grand jour des position radicalement différentes au sein de l’épiscopat américain, c’est bien celui des migrants: «l'Église aux États-Unis a fait beaucoup et va continuer à faire beaucoup pour aider les migrants et pour les accueillir. Nous sommes presque tous des fils des migrants ou des petit-fils de migrants». En regardant l’histoire des États-unis, «le dernier groupe qui arrive trouve contre lui le groupe précédent» qui veut sauvegarder l’espace conquis. Les discriminations sont réelles et problématiques admet Mgr Broglio, mais «il faut être accueillant. Et il faut aussi là aussi marcher ensemble».

Entretien avec Mgr Thimoty Broglio

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05 décembre 2022, 08:00