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Des pakistanais victimes des inondations font la queue pour recevoir de l'aide alimentaire dans le Baloutchistan, à Dera Allah Yar, le 17 septembre 2022 Des pakistanais victimes des inondations font la queue pour recevoir de l'aide alimentaire dans le Baloutchistan, à Dera Allah Yar, le 17 septembre 2022 

«Un pays dévasté par les eaux», le constat alarmant d’un évêque du Pakistan

Mgr Indrias Rehmat, évêque du diocèse de Faisalabad, décrit l’ampleur des dégâts après les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le Pakistan depuis fin juin, provoquant des inondations meurtrières. L’Église catholique tente de venir en aide aux sinistrés, mais ses moyens sont dérisoires.

Adélaïde Patrignani (avec Sir) – Cité du Vatican

«L'urgence au Pakistan ne s'arrête pas aux inondations: il y aura des conséquences à long terme, le pays est dévasté. Tout d'abord, les récoltes ont été perdues, puis les maisons et les biens ont été détruits; il y a au moins trois millions de personnes déplacées dans tout le pays». L'évêque du diocèse de Faisalabad (Pendjab), Mgr Indrias Rehmat, s'exprime ainsi dans une interview accordée à Popoli e Missione online, le site internet de Missio, organisme pastoral de la Conférence épiscopale italienne, et parue vendredi 16 septembre.

 Des dégâts considérables

La saison de la mousson au Pakistan apporte chaque année des pluies abondantes, explique le prélat, mais cette année, contrairement à la dernière décennie, les cycles de pluie ne se sont jamais arrêtés. Le pays a vu huit cycles de mousson s'abattre sur lui, en particulier dans les régions du Baloutchistan, du Sindh et du Pendjab.

Des centaines de villages et d'immenses pans de terres agricoles ont disparu sous les eaux en raison des pluies torrentielles tombées depuis juin, qui ont submergé un tiers du Pakistan.

Dans tout le pays, plus de 33 millions de personnes (sur un total de 221 millions d’habitants) ont été affectées par les inondations, près de 1400 sont mortes, près de deux millions d'habitations et entreprises ont été détruites, 7 000 km de routes emportés et 256 ponts détruits. Par ailleurs, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a annoncé le 3 septembre dernier qu'au moins 128 000 femmes enceintes présentes dans les zones inondées avaient un besoin urgent d'aide, 42 000 devant donner naissance dans les trois prochains mois.


Manque d’aide

Dans le diocèse de Faisalabad, explique l’évêque, «nous avons organisé plusieurs collectes de biens; il y a eu de nombreux gestes de solidarité de la part de toute la communauté, mais ce n'est pas encore suffisant», estime-t-il. Au total, les dégâts sont estimés à 30 milliards de dollars.

L’aide d’urgence apportée par la communauté internationale s’avère elle aussi insuffisante. «Cette situation est un autre défi pour nous: en tant qu'Église, nous aidons toujours ceux qui sont dans le besoin, mais le problème est que les prêtres eux-mêmes sont pauvres», analyse Mgr Rehmat, en précisant que les chrétiens ne représentent que 2% de la population au Pakistan. «Les gens sont pauvres mais très solides dans leur foi. Les politiques gouvernementales, quant à elles, ne sont ni solides ni stables», constate-t-il également.

Le réchauffement climatique pointé du doigt

Le réchauffement climatique a «probablement» aggravé les précipitations extrêmes à l'origine de ces inondations catastrophiques, mettant en évidence la vulnérabilité de sa population face aux risques aggravés de tels cataclysmes, selon une étude du World Weather Attribution dévoilée jeudi 15 septembre.

«Les précipitations extrêmes dans la région ont augmenté de 50 à 75 %, et certains modèles suggèrent que cette augmentation pourrait être entièrement due au changement climatique d'origine humaine, bien que les résultats présentent des incertitudes considérables», concluent les chercheurs du WWA, un réseau de scientifiques pionniers dans l'évaluation de l'impact du réchauffement climatique sur l'intensité et la probabilité d'événements météorologiques extrêmes.


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17 septembre 2022, 16:09