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RCA: catholiques, protestants et musulmans œuvrent ensemble pour la paix

Le père Mathieu Fabrice Evrard Bondobo est recteur de la cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée Conception et vicaire général de l’archidiocèse de Bangui. Il invite les Centrafricains à unir leurs forces afin de restaurer la paix dans le pays, où prévaut une dégradation de la situation politique et sécuritaire.

Entretien réalisé par Myriam Sandouno – Cité du Vatican

Face à l’instabilité sociopolitique et économique que connait la République centrafricaine, l’Église catholique s’engage à travailler pour la paix, en synergie avec les autres communautés religieuses. Sa contribution à la pacification du pays, selon le vicaire général de l’archidiocèse de Bangui, rassure certains citoyens qui perdent parfois l’espérance. «La paix est artisanale»: le père Mathieu Evrard Bondobo se souvient encore de ces paroles du Pape François, prononcées lors de sa visite dans ce pays. Il exhorte ses compatriotes «à conjuguer leurs efforts pour arriver à une paix véritable» en République centrafricaine. 

Comment se passe la collaboration avec les autres communautés religieuses?

Il y a une collaboration au niveau institutionnel à travers une plateforme interreligieuse, mais également une autre non institutionnelle, directe. Pour nous prêtres, ce n’est pas compliqué de rencontrer un pasteur d’une Église de réveil, ou un autre, protestant, ou encore un musulman. Parce que déjà, en dehors même de l’Église, culturellement, l’unité fait partie de notre devise en République centrafricaine. Et en plus de l’unité, il y a aussi la solidarité qui caractérise les Africains fondamentalement, même s’il est un peu difficile maintenant de vérifier tout cela, nous avons cela en nous. Nous, en tant qu’Église catholique qui signifie main tendue ouverte, nous vivons cela de façon concrète.

Donc, il y a beaucoup de choses qui se vivent en dehors de cette plateforme interreligieuse. Il y a des initiatives qui sont prises, mises en route à travers nos frères protestants et musulmans, et toutes ces initiatives ont pour base le respect de l’autre, pour sortir un peu des préjugés. Et à travers ce respect, nous cherchons à éviter des thèmes qui nous séparent et nous divisent, parce que nous avons notre doctrine et nos principes fondamentaux, qui nous guident dans le cadre de l’unité des chrétiens ou dans le cadre du dialogue interreligieux. Nous essayons de ne pas réveiller ces sujets troublants qui nous séparent, mais nous mettons l’accent sur ce qui nous unit. Et si nous mettons l’accent sur notre agir social au niveau de la vie en commun dans la société, nous sommes appelés à vivre ensemble. Techniquement c’est impossible de vivre une séparation absolue.

Votre pays traverse des moments difficiles, de troubles, est-ce qu’aujourd’hui vous avez le sentiment que l’Église est écoutée par les autorités?

L’Église reste le dernier rempart à mon avis en République centrafricaine, et joue toujours son rôle de sentinelle, de prophète. C’est-à-dire dans le sens de celui qui voit loin, qui avertit en cas de danger, créé la médiation et qui rapproche les gens. Parce qu’avec tout ce que nous avons vécu par le passé, et ce que nous continuons de vivre, l’Église reste le lieu où les gens se réfugient. Et là c’est un message fort. L'Église est très écoutée, parce qu’elle ne fait pas de la politique, mais elle a son rôle à jouer. Elle est en faveur de la paix, du développement, et respecte la dignité de l’homme, ce qui est fondamental. Parce que, parfois avec la politique la dignité de l’être humain est bafouée. Et donc, à cause de cette autonomie de l’Église et de cette indépendance, mais surtout de sa parole prophétique, je crois que l’Église de Centrafrique est bien écoutée.

Quelle est l’implication de l’Église dans le cadre du dialogue?                                              

Le pays vient de vivre un cadre de dialogue républicain et l’Église a envoyé ses représentants pour y participer. Nos portes ne sont pas fermées, nous vivons dans une dimension d’ouverture, d’écoute, et de confiance. C’est-à-dire, faire confiance à ceux qui nous gouvernent, mais au même moment être capable aussi de sonner l’alarme quand on commence à se tromper, à s’écarter du bon chemin.

De ce côté parfois, l’Église n’est pas aussi bien vue par ceux qui sont du côté du pouvoir, et qui n’arrivent pas aussi à comprendre certaines de nos positions dures. Cela s’explique par le fait que, quand il y a déviation on ne se tait pas, quand il y a des erreurs qui sont commises, un non-respect du texte fondamental de notre constitution, des dérives liées à des idéologies politiques, l’Église prend position de manière ferme pour dire attention ! Nous sommes en train de nous éloigner du droit chemin, et donc elle a, à mon avis cette autonomie, cette indépendance et joue pleinement son rôle en République centrafricaine.

Entretien avec père Mathieu Fabrice Evrad Bondobo

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11 août 2022, 08:53