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Des médecins et des étudiants manifestent pour réclamer des conditions de travail plus sûres, à Ciudad Juarez (Chihuahua, Mexique), le 20 juillet 2022. Des médecins et des étudiants manifestent pour réclamer des conditions de travail plus sûres, à Ciudad Juarez (Chihuahua, Mexique), le 20 juillet 2022. 

Les jésuites du Mexique réclament justice après l’assassinat de deux confrères

Après l’assassinat de deux prêtres jésuites et de deux laïcs fin juin dernier, la Compagnie de Jésus au Mexique demande que justice soit faite. Elle interpelle aussi les autorités pour une amélioration des conditions de vie de la population dans un pays miné par la violence.

Un crime de plus, qui risque de tomber dans l’oubli tant les assassinats sont fréquents dans le plus grand pays d’Amérique centrale –33.308 personnes ont été tuées en 2021 selon des statistiques officielles. Un mois après l’assassinat, le 20 juin dernier à Cerocahui (région de Tarahumara, État de Chihuahua), des père Javier Campos et Joaquín Mora et de deux laïcs, la Compagnie de Jésus au Mexique s’est exprimé dans un message pour «demander justice».

«Nous sommes convaincus que si l'impunité prévaut -comme c'est le cas jusqu'à présent- il ne sera pas possible d'avancer vers la réconciliation et la paix», écrivent les jésuites.

Les religieux observent que le drame «a secoué le pays» et attiré l’attention sur la région où il s’est déroulé, mais cela ne doit pas être «temporaire». Les «causes structurelles de la violence en Sierra, qui prévalent depuis des décennies, doivent être inversées».

Ouvrir des espaces de dialogue

Les jésuites regrettent «l’absence de l’État dans la région», où vivent de nombreuses communautés indigènes, et demandent que les forces fédérales s’engagent pour défendre celles-ci et ramener la paix.

Plus encore, expliquent-ils, cet assassinat «ramène à l'expérience de tant de victimes de la violence qui attendent toujours la justice et la vérité dans notre Mexique souffrant». Ils citent en particulier les familles de disparus, les victimes de féminicides –phénomène en hausse au Mexique-, les migrants et déplacés, les journalistes «qui ont perdu la vie dans l'exercice de leur métier» -douze ont été assassinés depuis début 2022, selon CNN.

Les religieux attendent particulièrement l’ouverture d’«espaces de dialogue afin de revoir la politique de sécurité actuelle». «La mémoire de nos chers Joaquín et Javier, des autres victimes de Cerocahui, et de tant de personnes endeuillées qui ne reçoivent pas la même attention au Mexique, nous appelle à ne pas permettre l'impunité et à travailler à la reconstruction du tissu social, poursuivent-ils. Nous savons que sur ce chemin, nous continuerons à être d’accord avec des milliers de Mexicains qui aspirent à un pays où règnent la paix, la justice, la dignité et les droits de l'homme», concluent-ils.

Décennie sanglante pour l’Église

Peu après le crime, la conférence épiscopale du Mexique avait condamné la «tragédie» en réclamant «une enquête rapide», ainsi que plus de sécurité pour les religieux du pays. Une trentaine de prêtres ont en effet été assassinés cette dernière décennie au Mexique, d'après l'ONG Centro Católico Multimedial.

À l’issue de l’audience générale du 22 juin, le Pape François avait fait part de sa tristesse et de sa consternation: «Une fois de plus, je répète que la violence ne résout pas le problème de la pauvreté mais augmente les souffrances inutiles».


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27 juillet 2022, 11:46