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Des réfugiés birmans en Thaïlande, le 6 janvier 2022 Des réfugiés birmans en Thaïlande, le 6 janvier 2022 

Profonde inquiétude de l’épiscopat birman pour le sort des civils

La guerre en Birmanie a été au menu des discussions entre les évêques du pays lors de leur assemblée plénière qui s’est achevée le 10 juin dernier. Dans leur déclaration finale, ils expriment leur profonde préoccupation pour le sort des civils qui continuent de subir les combats.

Lisa Zengarini – Cité du Vatican

Tandis que la guerre en Ukraine retient l’attention du monde entier, les combats et la répression militaire se poursuivent en Birmanie, où des milliers de civils sont contraints de fuir leur foyer et où des millions d'entre eux sont confrontés à la faim. Le conflit armé en cours dans le pays d’Asie du Sud-Est était l'un des principaux sujets de la récente assemblée générale de la Conférence des évêques catholiques de Birmanie (CBCM), qui s'est tenue du 7 au 10 juin à Rangoun, sous la présidence du cardinal Charles Bo, archevêque de la capitale birmane.

Respecter la dignité humaine

Dans leur déclaration finale, les évêques birmans ont exprimé leur «profonde préoccupation», en particulier pour le sort des civils qui souffrent des conséquences du conflit armé, appelant toutes les parties à respecter la vie et la dignité humaines.

«La dignité humaine et le droit à la vie ne peuvent jamais être violés. Nous demandons avec force le respect de la vie et du caractère sacré des lieux de culte, des hôpitaux et des écoles», peut-on lire.

Des enfants torturés

Selon les chiffres d’organisations non gouvernementales rapportés par l'Agence Fides, plus de 1929 civils ont été tués et 11 000 arrêtés depuis le coup d'État militaire du 1er février 2021. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés dénombre plus de 800 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays.

Un récent rapport des Nations unies fait également état de cas de tortures sur les enfants de la part de la junte birmane. Plus de cent quarante enfants ont été soumis à d’atroces traitements par des militaires, des miliciens ou des policiers depuis le coup d’État, dénonce l’ONU en décrivant les sévices infligés. La junte a détenu plus de 1400 enfants, 61 actuellement sont encore en otage, et près de 400 ont été tués. Près de 300 000 enfants ont pris la route de l’exil, et près de 8 millions sont en ce moment non-scolarisés, ajoute le rapport.

Les églises prises pour cible

Par ailleurs, la Tatmadaw - l'armée birmane – continue de prendre pour cible les églises et leurs institutions. Des dizaines d'églises, y compris des églises catholiques dans les États de Kayah et de Chin, ont été détruites par des frappes aériennes et des bombardements, alors que des milliers de personnes, dont des chrétiens, sont déplacées ou fuient vers l'Inde voisine.

Selon les rapports de l'agence de presse catholique UcaNews, au moins 450 maisons ont été incendiées par l'armée dans les villages catholiques historiques de Chan Thar et Chaung Yoe, dans la région de Sagaing, au cours du dernier mois environ.

Un peuple traumatisé

Dans leur déclaration, les évêques birmans attirent aussi l'attention sur l'état d'anxiété et le manque de sécurité dans lesquels se trouvent les habitants, «en particulier les personnes âgées, les handicapés, les enfants, les femmes et les malades qui doivent quitter leur lieu de vie en raison des conflits politiques dans leur région».

Ils expriment leur gratitude «aux prêtres, diacres, religieuses, catéchistes et volontaires qui tentent de soutenir et d'aider les civils qui fuient vers des lieux plus sûrs», et les encouragent à continuer de fournir une aide humanitaire aux réfugiés et à aider les personnes en difficulté, indépendamment de leur foi ou de leur appartenance ethnique.

Persévérer dans la prière

Réaffirmant leur engagement pour «la justice, la paix et la réconciliation», l’épiscopat demande à toutes les parties de faciliter l'accès à l'aide humanitaire. Il invite «tous les diocèses à construire la paix dans le pays de toutes les manières possibles», et les fidèles «à prier constamment» pour la réconciliation et la paix en Birmanie, en offrant des messes spéciales chaque premier jour du mois et en récitant le chapelet chaque soir.

La Conférence épiscopale de Birmanie réaffirme enfin qu'elle «se tient aux côtés des civils et continuera à soutenir les besoins des personnes, quelles que soient leur foi, leur race et leur ethnie».


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16 juin 2022, 09:48