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Mgr Joseph Maria Bonnemain, évêque de Coire depuis février 2021 Mgr Joseph Maria Bonnemain, évêque de Coire depuis février 2021 

Nouvelle étape dans la lutte contre les abus au sein de l’Église catholique suisse

Lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée ce lundi 4 avril, la Conférence des Évêques Suisses ainsi que deux instances ecclésiales helvétiques ont donné des précisions sur le projet-pilote lancé en décembre 2021 afin de faire la lumière sur les abus commis dans un contexte ecclésial au cours des dernières décennies. Une équipe d’historiens aura notamment accès aux archives secrètes épiscopales.

Adélaïde Patrignani (Avec Keystone-ATS) – Cité du Vatican

«C’est un devoir de justice envers toutes les victimes» explique dans une déclaration publiée lundi 4 avril Mgr Joseph Maria Bonnemain, évêque de Coire et responsable au sein Conférence des évêques suisses (CES) de la thématique "Abus sexuels dans le contexte ecclésial".

Le projet pilote sur les abus sexuels commis au sein de l’Église catholique romaine en Suisse prend forme depuis quelques mois. Le 6 décembre dernier avait eu lieu son lancement officiel, sa réalisation étant dans le même temps confiée à deux professeures du Département d’histoire de l’Université de Zurich, Monika Dommann et Marietta Meier. L’enquête adopte en effet une perspective principalement historique, en commençant à partir des années 1950. Les commanditaires sont les trois institutions les plus importantes de l’Église catholique romaine de Suisse – la CES, la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) et la Conférence des unions des ordres religieux et autres communautés de vie consacrée (KOVOS) –, qui s’expriment à l’unisson sur le thème des abus. Toutes trois reconnaissent avoir «le devoir de tirer les leçons du passé et de tout mettre en œuvre pour que les personnes soient suffisamment protégées dans leur dignité et leur intégrité sexuelle».

Cette étude indépendante devrait «poser les jalons pour une Église catholique romaine libérée de la peur, explique Mgr Bonnemain. Au premier rang se situent les fidèles et toutes les personnes qui viennent à eux avec leurs préoccupations, mais aussi les aumôniers et les autres collaborateurs et collaboratrices de l’Église». 

«L'accent sera mis sur les structures qui ont permis les abus sexuels sur des enfants et des adultes, et qui ont rendu difficiles leur détection et leur sanction. Ce travail concerne toutes les régions linguistiques», ont précisé les trois conférences.

Indépendance garantie

Les directrices du projet ont constitué une équipe de recherche présentée ce lundi. Formée de six personnes, elle devra «évaluer les conditions générales d’une étude historique des abus sexuels dans le contexte ecclésial depuis le milieu du 20e siècle et fournir ainsi des bases pour d’autres projets de recherche», a-t-il été précisé aux journalistes.

De son côté, la Société suisse d’Histoire (SSH) a nommé un comité scientifique pour garantir la qualité scientifique et l’indépendance du projet. Ce comité est présidé par Sandro Guzzi-Heeb, enseignant à l'Université de Lausanne. La CES, la RKZ et la KOVOS se sont quant à elle engagées par contrat à n’exercer aucune influence sur le contenu ou la méthode de l’étude.

Les chercheurs auront un accès libre aux dossiers conservés dans les archives secrètes des diocèses. Les travaux débuteront le 1er mai prochain et les résultats seront publiés à l’automne 2023, dans trois des quatre langues nationales – français, allemand et italien.


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04 avril 2022, 15:30