Recherche

La cathédrale copte orthodoxe de l'archange Michael, au Caire, le 6 janvier 2022. (Khaled Desouki/AFP) La cathédrale copte orthodoxe de l'archange Michael, au Caire, le 6 janvier 2022. (Khaled Desouki/AFP) 

En Egypte, «Là où il y a une mosquée, il doit aussi y avoir une église»

Alors que le gouvernement égyptien inaugurait, le 2 mars, divers projets nationaux d'ampleur dans le domaine du logement et de la construction, le président Al Sissi s’est exprimé sur la situation des lieux de culte chrétiens égyptiens. Six ans après le vote de la loi de 2016 sur la réglementation de la construction des églises, l'égalité de culte entre citoyens chrétiens et musulmans se précise.

Claire Riobé - Cité du Vatican

«Là où il y a une mosquée, il doit aussi y avoir une église.» L'annonce a été faite par le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi le 2 mars, à l'occasion de l'inauguration d'un certain nombre de projets nationaux dans les secteurs du logement et des routes.

Ces projets d'ampleur, auxquels le gouvernement égyptien s'est attelé ces derniers années, participent à un nouveau plan d'urbanisation de l'Egypte. Parmi les mesures annoncées, les villes égyptiennes nouvellement construites devront désormais inclure la construction d'une église, ont fait savoir les autorités égyptiennes par la voix de leur président, et ce, même si le lieu de culte chrétien sera fréquenté et utilisé par un petit nombre de baptisés, a-t-il précisé.

Résumant les critères qui doivent inspirer les choix d'urbanisation des villes égyptiennes, le gouvernement égyptien a également indiqué que les chrétiens ne devraient plus se réunir dans un appartement ou encore présenter une maison privée comme une église. Les nouvelles mesures souhaitent, en effet, garantir à tous les citoyens, musulmans comme chrétiens, la libre participation aux célébrations, rites et activités de leur communauté.

La loi de 2016, toujours discriminatoire ?

Cette annonce, ainsi que les orientations urbaines des lieux de culte chrétiens dans le pays, sont à lire à la lumière de la loi de 2016, qui visait à réguler la construction des églises égyptiennes. Auparavant, la construction de nouveaux lieux de culte chrétiens était encore conditionnée par la loi ottomane et le décret des «10 règles», ajoutées en 1934 par le ministère de l'Intérieur dans le pays.

Ces «10 règles» interdisaient notamment la construction de nouvelles églises à proximité des écoles, des canaux, des bâtiments gouvernementaux, des chemins de fer et des zones résidentielles. Dans de nombreux cas, l'application stricte de ces règles a empêché la construction d'églises dans les villes et villages habités par des chrétiens, en particulier dans les zones rurales de Haute-Égypte.

Le vote de la loi de 2016, fruit de longues négociations entre le gouvernement égyptien et le synode de l'Eglise copte-orthodoxe, a permis de simplifier la procédure de construction des églises. Elle a cependant été jugée discriminatoire par nombre de chrétiens, qui dénoncaient des concessions faites par le gouvernement aux islamistes.

Egalité de culte

Six ans plus tard, l'annonce du président Al Sissi a suscité des retours positifs de la part de plusieurs représentants des communqutés chrétiennes égyptienne. «La construction de lieux de culte sous l'ère du président Sisi a pris une importance nationale et ne sera pas oubliée dans l'histoire de l'Égypte moderne», remarque ainsi Andrea Zaki, président de la communauté évangélique d'Égypte. Les mesures annoncées devraient permettre de faire un pas supplémentaire vers une plus grande égalité de culte entre citoyens musulmans et chrétiens. 

(avec agence Fides)

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

07 mars 2022, 13:54