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Présentation du rapport à Munich ce jeudi 20 janvier 2022. Présentation du rapport à Munich ce jeudi 20 janvier 2022. 

497 victimes en 74 ans selon un rapport sur les abus dans le diocèse de Munich

Une conférence de presse s’est tenue jeudi matin pour présenter l'enquête commandée par l’Église à un cabinet d'avocats indépendants. Ils ont examiné la manière dont les différents évêques du diocèse, y compris le cardinal Ratzinger, ont géré les cas d'abus sexuels entre 1945 à 2019. Le Saint-Siège attend de prendre connaissance du rapport pour réagir et réaffirme sa honte, ses remords et sa proximité aux victimes.

Salvatore Cernuzio – Cité du Vatican

Au moins 497 personnes ont subi des abus dans le diocèse allemand de Munich-Freising entre 1945 et 2019, soit une période de 74 ans. Il s’agit essentiellement de jeunes victimes de sexe masculin. On en compte 247, tandis que les victimes de sexe féminin sont 182. 60% des victimes étaient âgées de 8 à 14 ans au moment des faits. 235 personnes ont commis ou couvert les violences dont 173 prêtres, 9 diacres, 5 référents pastoraux et 48 personnes travaillant dans le secteur de l’éducation. Tels sont les chiffres du rapport sur les abus sur mineurs dans le diocèse de Munich établi par le cabinet d’avocats Westpfahl Spilker Wastl, mandaté par l’archidiocèse en février 2020.

Conférence de presse de deux heures

Le rapport a été présenté ce matin lors d’une conférence de presse de deux heures à la «Haus der Deutschen Wirtschaft», en présence de représentants du diocèse, dont des membres du conseil des victimes d’abus de l’archidiocèse, mais pas du cardinal Reinhard Marx. Lors de cette rencontre, des extraits du document de plus de mille pages ont été lus par l’avocat Martin Pusch, responsable du cabinet d’avocats, et de l’avocate Marion Westphal.

Plus d’un an de travail

Le rapport qui se concentre sur la gestion des cas d’abus dans le passé, est le fruit de plus d’un an de travail, d’entretien et d’interviews avec des victimes et des personnes qui occupent et occupaient des postes de responsabilité. Parmi les 71 personnes sollicitées, 56 ont répondu positivement. Les déclarations faites ont été comparées les unes aux autres à la fin du mois d'août 2021. Soixante-cinq auteurs «réels ou présumés» d’abus ont été identifiés. Selon les experts, le nombre de crimes non signalés est «considérablement plus élevé» que celui indiqué.

La gestion des archevêques

Le rapport examine en particulier la manière dont les archevêques successifs de Munich -Michael von Faulhaber, Joseph Wendel, Julius Doepfner, Joseph Ratzinger, Friedrich Wetter et Reinhard Marx- ont géré ce dossier. Le Pape émérite Benoît XVI, archevêque de Munich de 1977 à 1982, a également fait l'objet d'un examen lorsqu'il était Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. La commission indépendante aurait identifié quatre cas qui se sont produits pendant le ministère du cardinal Ratzinger, avec des responsables d’abus restés en fonction. Les auteurs du rapport estiment qu'il y a une part de responsabilité, alors que le Pape émérite -selon leurs propos- a répondu aux questions et déclaré ne pas être au courant de la situation. Le cas le plus frappant, connu depuis 2010, implique un prêtre du diocèse d'Essen qui a ensuite été transféré à Munich.

Le diocèse de Munich se prononcera le 27 janvier

Des erreurs de comportement sont par ailleurs attribuées au cardinal Marx dans deux cas d’abus commis en 2008, rapporte Martin Pusch. Une augmentation significative du nombre de plaintes a été enregistrée depuis 2015. Le contenu du rapport n'était pas connu des dirigeants de l'archidiocèse de Munich avant sa publication, à l'exception de quelques informations parues préalablement dans la presse allemande. L'Église de Munich s'exprimera sur le contenu du rapport «après un premier examen» le jeudi 27 janvier.

Déclaration de Matteo Bruni

A la suite de cette conférence de presse, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, a fait cette déclaration aux journalistes : «Le Saint-Siège estime qu'il convient d'accorder une attention appropriée à ce document, dont il ignore le contenu pour le moment. Dans les prochains jours, après sa publication, le Saint-Siège l’examinera et pourra en étudier correctement les détails. En réitérant son sentiment de honte et de remords pour les abus commis par des clercs à l'encontre de mineurs, le Saint-Siège exprime sa proximité avec toutes les victimes et réaffirme les efforts entrepris pour protéger les mineurs, en leur garantissant un environnement sûr».

De son côté, Mgr Georg Gänswein, secrétaire particulier du Pape émérite, a déclaré aux journalistes que «Benoît XVI n'avait pas eu connaissance du rapport du cabinet d'avocats Westpfahl-Spilker-Wastl, qui compte plus de 1 000 pages, jusqu'à ce jeudi après-midi. Dans les prochains jours, il examinera le texte avec toute l'attention nécessaire. Le Pape émérite, comme il l'a déjà répété à plusieurs reprises au cours des années de son pontificat, exprime son choc et sa honte face aux abus sur mineurs commis par des clercs, et exprime sa proximité personnelle et sa prière pour toutes les victimes, dont certaines ont été rencontrées à l'occasion de ses voyages apostoliques» a t-il précisé. 

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20 janvier 2022, 15:15