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Des équipes au travail pour nettoyer les plages souillées par la marée noire. Des équipes au travail pour nettoyer les plages souillées par la marée noire. 

L’Église péruvienne exhorte à agir d’urgence pour endiguer la marée noire

Au Pérou, le gouvernement a annoncé une «urgence environnementale» de 90 jours pour la zone côtière située au nord de Lima, souillée par le déversement de 6000 barils de pétrole brut il y a une semaine. Les évêques parlent d’une tragédie. Ils expriment leur solidarité aux pécheurs et demandent réparation.

A la suite du tsunami provoqué par l’éruption volcanique au Tonga, une violente houle a provoqué un accident au nord du pays, dans la zone de Callao. Lors du déchargement de pétrole brut d’un tanker battant pavillon italien à la raffinerie de La Pampilla, propriété du groupe espagnol Repsol, 6000 barils de pétrole ont été déversés dans le Pacifique. 22 plages ont été souillées, les eaux à proximité du rivage ont été polluées et des espèces marines ont été tuées.

Les conséquences du désastre écologique n'ont pas encore été pleinement calculées, juge le président de la Conférence épiscopale péruvienne et président du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), Mgr Miguel Cabrejos Vidarte. Deux zones naturelles protégées sont touchées – celle de la Réserve nationale du système des iles et des ilots sur 512 hectares et la Zone protégée d’Ancon sur 1758 hectares
et affectent deux zones protégées.

Un appel à la prise de responsabilité 

Dans une déclaration que rapporte l’agence Fides, l’archevêque de Trujillo rappelle que Dieu a confié à l'homme la tâche de cultiver et de prendre soin de la terre qu'il a faite avec un amour paternel. «Notre riche biodiversité est un cadeau» affirme le prélat qui exhorte les personnes impliquées à assumer leurs responsabilités et remédier d'urgence aux énormes dommages environnementaux générés.

Pour le gouvernement qui a déclaré samedi 90 jours d’urgence, la marée noire constitue «un événement soudain ayant un impact important sur l'écosystème marin côtier d'une grande diversité biologique» et représente un «risque élevé pour la santé publique». Le ministère de l’Environnement estime qu’il revient à Repsol de mettre en œuvre des travaux de récupération et d’assainissement dans les dix jours suivant l’accident. Il en reste désormais cinq.

«Une tragédie nationale d’irresponsabilité»

L’entreprise espagnole dit avoir déployé 1350 personnes sur les plages pour nettoyer le sable souillé aux côtés de volontaires d’ONG ; elle affirme également avoir installé des barrières flottantes en mer pour tenter de contenir la pollution. Repsol estime toutefois ne pas devoir porter la responsabilité de cette catastrophe, pointant le fait que les autorités maritimes péruviennes n'avaient pas émis d'avertissement concernant les conséquences possibles de l'éruption aux Tonga.

Certes, «un tsunami est arrivé, mais il s’agit d’un petit tsunami» a affirmé Mgr Carlos Castillo Mattasoglio lors d’une émission radio samedi. «Comment est-il possible qu'un tuyau se soit cassé et que ce tuyau se soit renversé envahissant un territoire égal à 16 mille terrains de football ?» s’interroge l’archevêque de Lima et primat de l’Église catholique au Pérou. Après cette «tragédie nationale d’irresponsabilité », il souhaite que des mesures soient prises afin de «redéfinir complètement les besoins de ceux qui ont créé les conditions pour que cela se produise, par négligence ou inattention». Il exige également que la population touchées soit dédommagée efficacement, «non seulement en lui apportant une aide, mais en lui donnant une véritable dignité».

Rendre leur dignité aux personnes affectées

Comme Mgr Mattasoglio, Mgr Luis Alberto Barrera, évêque de Callao, exprime sa solidarité en particulier aux pécheurs et aux habitants des zones les plus touchées. Interrogé par l’AFP, des pêcheurs s’inquiètent pour leur avenir. Les bébés poissons seraient morts et les jeunes poissons se nourrissant en bord de mer seraient affectés. Seuls les gros navires péchant au large poursuivent actuellement leur activité.

Outre le secteur de la pêche, celui du tourisme est également frappé en pleine saison estivale. Loueur de parasols ou vendeurs ambulant, «des milliers d’emploi sont touchés» a affirmé le ministre péruvien du Commerce extérieur. Roberto Sanchez évalue à 50 millions de dollars les pertes engendrées par la marée noire.  

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24 janvier 2022, 18:01