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Des partisans de l'ancienne présidente par intérim Jeanine Añez, aujourd'hui en prison. Des partisans de l'ancienne présidente par intérim Jeanine Añez, aujourd'hui en prison.  

Les évêques boliviens dénoncent l'état de la justice dans leur pays

Incarcérations arbitraires, violation des droits humains, instrumentalisation de la justice à des fins de vengeance politique, la Conférence épiscopale bolivienne ne cache pas sa préoccupation devant la dégradation de la situation depuis la crise politique de 2019.

En Bolivie, «70-75% de la population carcérale est détenue sans jugement et privée de liberté, souvent dans des conditions inhumaines»: ce sont les données dramatiques à la base de la déclaration de la Conférence épiscopale bolivienne (Ceb) sur les conditions difficiles de la justice dans le pays. Les prélats expriment en particulier leur préoccupation pour «la situation déplorable des droits de l'homme et la manipulation de l'administration de la justice» qui s'est produite dans la nation ces derniers mois, provoquant des tensions et des divisions sociales, ainsi que «la douleur de nombreuses personnes».

Les évêques font référence à l'arrestation, le 13 mars dernier, de l'ancienne présidente intérimaire Jeanine Áñez, qui a été emprisonnée préventivement et est détenue à La Paz depuis six mois pour conspiration, terrorisme et sédition. Cette femme a dirigé la Bolivie pendant la transition de l'année passée, après la démission du président Evo Morales, et son arrestation a provoqué de fortes tensions sociales.

Une justice de vengeance

Sa situation, expliquent les évêques, est particulièrement préoccupante en raison de la violation évidente de son droit à se défendre en toute liberté et à un procès équitable, ainsi que du traitement impitoyable qu'elle a reçu. 

 

Áñez, en effet, ne peut recevoir de traitement médical et doit choisir entre voir son avocat et voir son fils. Il est de notoriété publique, poursuit la Ceb, que le système judiciaire, devenu un instrument de vengeance entre les mains du pouvoir, faisant fi de l'indépendance des pouvoirs, portant gravement atteinte à la démocratie et provoquant vulnérabilité et souffrance chez tant de citoyens, a méconnu tous les droits et libertés d'une démocratie, propres à un État de droit. D'où l'appel des prélats à «ne pas oublier que la vie et la dignité de chaque personne sont des droits humains fondamentaux et inaliénables et que nous devons tous respecter la vérité des faits».

La déclaration poursuit en disant que «les droits fondamentaux reconnus par notre Constitution ne peuvent continuer à être ignorés, tout comme le principe de la présomption d'innocence ne peut être ignoré ou utilisé de manière arbitraire», car «toute personne a droit au respect de sa dignité et de sa vie, y compris celle qui purge une peine justement appliquée».

L'urgence de la réforme judiciaire

Dans cette optique, la Conférence épiscopale bolivienne demande «une véritable réforme du système judiciaire afin de rétablir l'administration d'une justice transparente, impartiale et indépendante»: ce n'est qu'ainsi, en effet, précisent les évêques boliviens, «que l'on pourra garantir l'État de droit et la démocratie, la dignité de chaque personne et le bien commun, l'unité et le développement véritable et complet de notre société».

Pour atteindre cet objectif, note cependant la conférence épsicopale, «un large accord national est nécessaire, dans lequel tous les secteurs politiques et sociaux sont représentés, dans un esprit de dialogue, de paix et de respect mutuel». L'appel des évêques s'adresse donc à «tous les citoyens pour qu'ils travaillent ensemble à la réconciliation et à la création d'un climat fraternel et pacifique, en mettant de côté ce qui divise, y compris la violence verbale, et en recherchant ce qui unit». Cette déclaration épiscopale se termine par une exhortation à prier ensemble le Christ, afin qu'il «éclaire les esprits et les cœurs» de tous les habitants de Bolivie. 

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01 septembre 2021, 16:02