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Mgr benny Mario Travas distribuant des kits de protection anti-Covid (archives 2020) Mgr benny Mario Travas distribuant des kits de protection anti-Covid (archives 2020) 

Pour le nouvel évêque de Karachi, «le dialogue est un engagement essentiel»

Trois mois après son entrée en fonction, Mgr Benny Mario Travas expose les lignes directrices de son ministère pastoral: éradiquer toutes les divisions, collaborer avec les fidèles des autres confessions religieuses, œuvrer pour l'unité des chrétiens. «Je m'efforcerai également de renforcer la communion de la fraternité sacerdotale et d'encourager mon clergé et mes religieux à être des bergers avec l'odeur de leurs brebis », déclare-t-il à Vatican News.

Federico Piana - Cité du Vatican

Plus de 190 000 baptisés sur un total de 20 millions d'habitants, un territoire de 1 400 kilomètres carrés, quinze paroisses et une cinquantaine de prêtres. L'archidiocèse pakistanais de Karachi, l'une des zones métropolitaines les plus peuplées d'un pays à très forte majorité musulmane, peut être considéré comme l'un des fers de lance d'une «Église en sortie» engagée dans le dialogue interreligieux, le soutien aux pauvres et l'évangélisation. Depuis trois mois, elle est dirigée par un nouvel archevêque, Mgr Benny Mario Travas, qui a pris ses fonctions en avril dernier avec un désir, qui est aussi une mission: «Éradiquer toute division en travaillant en équipe, en priant ensemble et en faisant du bien à tous», assure celui qui connait son archidiocèse comme sa poche: «je suis ce qu'on appelle génériquement un “garçon de Karachi”: c'est ici que je suis né et c'est ici que j'ai été ordonné prêtre, exerçant mon ministère pendant 23 ans. Il ne m'a donc pas fallu longtemps pour m'adapter».

Mgr Travas, alors que vous commencez votre nouvelle mission, avez-vous un programme ou des actions qui vous semblent importantes à entreprendre ?

Je crois qu'il est nécessaire de renforcer la communion de la fraternité sacerdotale et d'encourager mon clergé et mes religieux à être des bergers avec l'odeur de leurs brebis. Ensuite, nous devons relever le niveau des écoles catholiques et y introduire le sens du professionnalisme, de la compétence et de l'amour des pauvres. Enfin, améliorer les soins de santé pour la population de Karachi par le biais de nos institutions de santé en mettant l'accent sur les soins aux personnes âgées, aux handicapés et aux personnes marginalisées par la société.

Quel est l'état de santé de l'Église dans votre archidiocèse ? Quelles en sont les difficultés et les forces ?

Je suis évêque de Multan depuis plus de cinq ans: le plus grand défi a été la pauvreté économique de la population et le petit nombre de chrétiens, dispersés sur le vaste territoire du diocèse. L'archidiocèse de Karachi, en revanche, dispose de grandes ressources économiques et aussi d'un nombre considérable de chrétiens dans toute la ville. Dans ce cas, les défis sont la transparence et la responsabilité financière. J'ai clairement devant moi la nécessité de renforcer les structures au sein des institutions de notre Église afin que la transparence et la responsabilité soient visibles pour tous.

L'un de vos objectifs est d'éradiquer toutes les divisions: comment comptez-vous mener à bien cette mission ? Et quels sont les autres objectifs de votre ministère pastoral ?

En ce qui concerne l'éradication des divisions, vous avez mis le doigt sur le problème. Nous avons une expression locale pour ce phénomène que nous appelons "party bazi" : déjà dans mon précédent ministère épiscopal à Multan, je me suis donné pour mission d'éradiquer toutes sortes de divisions et de "party bazi" parmi le clergé et les fidèles laïcs. Comment vais-je éliminer ces divisions dans l'archidiocèse de Karachi ? Tout d'abord, en étant proche de mon clergé, notamment des jeunes, en les accompagnant dans leur parcours pastoral. Ensuite, en traitant tout le monde avec égalité et justice, même ceux qui ont pu nuire à l'archidiocèse; et enfin, en traitant tout le monde avec miséricorde et compassion.

Quelle importance le dialogue interreligieux aura-t-il dans votre archidiocèse ?

Le dialogue interreligieux était un engagement essentiel de mon prédécesseur, le cardinal Joseph Coutts, qui a été un pionnier dans l'établissement et le maintien de bonnes relations avec tous, quelles que soient les appartenances religieuses de chacun. Grâce à nos écoles et à nos hôpitaux, nous avons de grandes possibilités de dialogue avec la communauté musulmane, qui est majoritaire, mais aussi avec toutes les communautés minoritaires qui vivent à Karachi. En outre, mon rôle me donne l'occasion de collaborer avec mes frères et sœurs protestants pour l'unité œcuménique. Grâce aux bonnes relations qui existent entre les évêques catholiques et protestants, cette tâche est grandement facilitée et je continuerai à œuvrer pour l'unité entre toutes les confessions chrétiennes de Karachi.

Votre archidiocèse est riche en vocations et il y a beaucoup de jeunes religieux et religieuses: à quoi est dû ce succès ?

Remercions Dieu pour cela ! Les jeunes de Karachi sont pleins de ferveur et d'amour sincère dans leur désir de connaître et d'accomplir la volonté de Dieu. Il est vrai que ces dernières années, l'archidiocèse de Karachi a eu la chance de compter de nombreux jeunes prêtres et religieuses. Mais ce don s'accompagne aussi de défis: ces vocations exigent une sérieuse formation humaine, spirituelle, pastorale et académique, ainsi qu'un accompagnement pastoral et une formation continue des jeunes prêtres et religieux. L'incapacité à répondre à ces besoins a été la cause de scandales dans l'Église du Pakistan...

Selon vous, quelles voies l'Église devrait-elle emprunter au Pakistan pour apporter la paix, la sécurité et le bien-être à la population ?

Si je regarde le passé et que j'examine dans quelle mesure l'Église a pu influencer la société de ce pays, j'analyse également la méthode suivie: l'Église a offert une éducation de bon niveau et à la portée de tous sans distinction de couleur, de caste ou de religion; l'Église a fourni de bons soins de santé à tous, avec compassion et amour, à un coût très faible  les handicapés et les parias de la société ont été pris en charge et soignés avec compassion et amour. En suivant cette voie, la communauté chrétienne a témoigné de sa mission à Karachi et j'ai l'intention de continuer à renforcer cette "méthode", qui incitera sûrement les Pakistanais à considérer la communauté chrétienne de Karachi avec respect et amour.

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05 juillet 2021, 12:49