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Partisans et opposants au gouvernement cubain manifestent devant l'ambassade de Cuba au Mexique, le 12 juillet 2021 à Mexico City. Partisans et opposants au gouvernement cubain manifestent devant l'ambassade de Cuba au Mexique, le 12 juillet 2021 à Mexico City.  

Manifestations historiques à Cuba, l'Église en appelle au bien commun

S’adressant dans une lettre «à tous les Cubains de bonne volonté» lundi 12 juillet, les évêques de l’île entendent le cri des manifestants, et appellent les autorités à l’écoute et au dialogue face à la détresse socio-économique qu’éprouve le pays.

«Frères, nous ne pouvons pas fermer les yeux ou plisser les yeux, comme si rien ne se passait, face aux événements que notre peuple a vécu hier, dimanche 11 juillet, et qui dans certains endroits continuent aujourd'hui, où au milieu des restrictions dues à l'augmentation de la contagion liée au Covid-19, des milliers de personnes dans les villes et villages de Cuba sont descendues dans la rue, protestant publiquement, exprimant leur malaise face à la détérioration de la situation économique et sociale que notre peuple vit et qui s'est considérablement accentuée». Ainsi commence la lettre des évêques cubains publiée au lendemain des manifestations historiques contre le gouvernement et la détérioration socio-économique du pays. Le recul du tourisme, à l'arrêt à cause de la pandémie, a en effet privé le pays d'une part importante de ses ressources. L'économie cubaine a chuté de 11% en 2020, un plus bas en presque 30 ans.

Travailler au bien de la nation cubaine 

Les évêques soutiennent les revendications de la population descendue dans la rue: «Nous comprenons que le gouvernement a des responsabilités et qu'il a essayé de prendre des mesures pour atténuer ces difficultés, mais nous comprenons aussi que la population a le droit d'exprimer ses besoins, ses désirs et ses espérances et, à son tour, d'exprimer publiquement comment certaines des mesures qui ont été prises l'affectent sérieusement. Il est nécessaire que chaque personne apporte sa créativité et son esprit d'initiative et que chaque famille travaille pour son propre bien-être, sachant que, ce faisant, elle travaille pour le bien de la Nation», ont-ils affirmé dans leur communiqué.

Critique de l'immobilisme

L’épiscopat se dit ainsi préoccupé par «l'immobilisme qui contribue à la continuité des problèmes, sans les résoudre»; ils constatent que l’île se dirige vers «une rigidité et un durcissement des positions qui pourraient générer des réponses négatives, avec des conséquences imprévisibles qui nous nuiraient à tous», estime la conférence épiscopale cubaine.

Écoute et compréhension pour chercher la solution

Inspirés par les paroles du Pape François sur la manière de surmonter les crises par la compréhension plutôt que la confrontation, les évêques ont ensuite exhorté au dialogue et à l’écoute: «On ne parviendra pas à une solution favorable en imposant, ni en appelant à la confrontation, mais plutôt en faisant preuve d'écoute mutuelle, en recherchant des accords communs et en prenant des mesures concrètes et tangibles qui contribuent, avec la contribution de tous les Cubains sans exclusion, à construire la patrie avec tous et pour le bien de tous».

En effet, «la violence engendre la violence, l'agressivité d'aujourd'hui ouvre des blessures et nourrit des rancœurs pour demain qui seront très difficiles à surmonter», a assuré l’épiscopat, invitant «tout le monde» à «ne pas encourager la situation de crise, mais avec sérénité d'esprit et bonne volonté, à exercer l'écoute, la compréhension et une attitude de tolérance, qui prend en compte et respecte l'autre afin de chercher ensemble des voies pour une solution juste et adéquate».

Une centaine d'arrestations

Excédés par la crise économique qui a aggravé les pénuries d'aliments et de médicaments et poussé le gouvernement à couper l'électricité plusieurs heures par jour, des milliers de Cubains sont sortis spontanément dimanche dans les rues de dizaines de villes et villages, aux cris de «Nous avons faim», «Liberté» et «À bas la dictature». Une mobilisation inédite à Cuba, où les seuls rassemblements autorisés sont généralement ceux du Parti communiste. Une centaine de personnes ont été arrêtées sur l’île dans le sillage des manifestations de dimanche.

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13 juillet 2021, 16:19