Recherche

La statue de Notre-Dame-du-Liban, au sanctuaire de Harissa. La statue de Notre-Dame-du-Liban, au sanctuaire de Harissa. 

La Vierge Marie, un phare dans la tempête pour des milliers de Libanais

L’étape libanaise, ce samedi, du "marathon de prière" organisé tout au long du mois de mai à travers une trentaine de sanctuaires mariaux du monde entier, donne l’occasion de se pencher sur la confiance profonde du peuple libanais en Marie, dans les joies comme dans les peines.

Cyprien Viet – Cité du Vatican

Le "marathon de prière" organisé en ce mois de mai par le Conseil pontifical pour la Nouvelle Évangélisation afin de confier le monde à Marie pour l'après-pandémie fait étape ce samedi 29 mai dans un pays profondément marial: le Liban. Le Rosaire, retransmis par Vatican News, sera récité à 18h depuis le sanctuaire Notre-Dame-du-Liban à Harissa, sur les hauteurs de Beyrouth, avec une intention particulière pour les personnes consacrées.

La pandémie de coronavirus a affecté le Pays du Cèdre d’une façon particulièrement douloureuse, avec à ce jour plus de 540 000 cas recensés et plus de 7700 décès, sans compter la surmortalité induite par la saturation des systèmes de santé. Ce fléau s’est ajouté aux conséquences de l’explosion du 4 août 2020 qui avait dévasté une partie de Beyrouth et fait de nombreuses victimes, et à la crise institutionnelle qui paralyse toute prise de décision politique, le pays demeurant sans gouvernement de plein exercice depuis l'été dernier. La crise économique et sociale touche toute la population, avec des difficultés d’approvisionnement alimentaire, un chômage massif, et une insécurité croissante. Dans ce contexte difficile, pour de nombreux Libanais, la prière à Marie apparaît donc comme une indispensable source d’unité et de consolation.

Dominic Chikhani est l’initiateur d’une chaîne de prière intitulée Mary’s Heart, (le "Cœur de Marie", en français), un groupe qui rassemble près de 85 000 personnes sur Facebook, afin d’assurer un relais continu dans la prière. «Marie a toujours été, pour le peuple libanais ce phare, "Stella Maris", l’Étoile de la mer, qui guide les navires en péril vers le port de Jésus, son Fils. Elle nous demande encore une fois, dans ces temps où les ténèbres sont durs, de croire en Jésus, de ne pas perdre la foi», explique-t-il.

Une dévotion enracinée dans le quotidien des Libanais

«À chaque tournant de rue, il y a une petite statue de Marie, ou de saints, comme saint Charbel par exemple, avec une bougie allumée par le voisin ou la voisine du coin, avec un petit bouquet de fleurs. C’est surprenant de voir ces petits coins de Ciel, qui illuminent le quotidien», se réjouit-il.

À ces oratoires parfois improvisés ceci s’ajoutent les nombreuses églises qui portent le nom de Notre-Dame, du nord au sud du pays, comme par exemple Notre-Dame-de-l’Attente, un sanctuaire situé, selon la tradition, sur le lieu où Marie attendait Jésus quand il est venu prêcher dans le sud du Liban, un territoire appelé le «pays de Tyr et de Sidon», dans les récits bibliques. De nombreux Libanais situent dans cette région le premier miracle relaté dans les Évangiles, l’épisode des noces de Cana, même si la localisation exacte du lieu demeure un sujet incertain, certains archéologues le localisant plutôt en Galilée.

«Marie, c’est la femme de l’ultime recours», précise Dominic Chikhani. De nombreux Libanais vivent des expériences spirituelles très fortes, liées à leur confiance en Marie, qui les protège de nombreux maux. Marie les aide à croire en un Dieu vivant, qui a vaincu la mort, qui intervient en faveur de ceux qui lui font confiance, y compris dans la réalité physique, par des guérisons, ou en repoussant des agresseurs. L’échec des tentatives d’infiltration djihadiste, quand Daech contrôlait des zones proches de la plaine de la Bekaa, à la frontière syrienne, est ainsi attribuée par certains Libanais à la protection de Marie.

Mais au-delà de ces évènements de l'actualité, ce qui est en jeu, c’est le salut des âmes. «Le plus important, c’est de mériter le Ciel. Notre-Dame a promis que dans son Cœur immaculé, elle sera notre protection, notre voie vers le Seigneur. On ne va pas perdre la foi dans cette vallée des tènèbres et des pleurs. Elle va nous tenir la main par son Rosaire, l’arme des derniers temps, l’arme ultime, l’arme qui reste quand tout est tombé. C’est une arme spirituelle confiée à saint Dominique, un cadeau d’amour pour les chrétiens, et une arme pour repousser les ennemis visibles et invisibles», confie Dominic Chikhani.

Ce «combat qui se passe dans les âmes et dans les cœurs» doit empêcher de prendre le chemin de la corruption et de prendre au contraire celui de la sanctification. L’eucharistie et de la dévotion à Notre-Dame, à l’image de la vision de Don Bosco, doivent aider à trouver un bon chemin, dans la fidélité à l’Église catholique.

Le projet Mary’s Heart, un outil pour répandre le feu de la foi

La plateforme Mary’s Heart, qui est diffusée pour l’instant essentiellement en arabe et en anglais, mobilise actuellement 30 personnes qui prient en continu, en direct, à chaque heure de la journée, en lisant des prières, des neuvaines, des extraits des Évangiles. Elle fait partie des fruits positifs de la pandémie, puisqu’elle est née du besoin de garder un lien entre quelques groupes de prière qui ne pouvaient plus se réunir physiquement en raison du confinement.

Le projet, qui n’impliquait au départ que quelques groupes de prière au Liban, s’est finalement répandu à travers tout le Moyen-Orient et à travers la diaspora arabe chrétienne dans le monde entier. L’enjeu est de transmettre la passion du salut des âmes, en se tournant vers les autres. «Bien entendu, il faut partir de soi, on ne peut pas exporter un amour qui n’existe pas chez nous, mais il faut avoir le souci des autres», notamment en priant pour les pécheurs, en offrant pour eux des actes de réparation et de sacrifice.

Près de 90 000 personnes suivent ce groupe. Avec les décalages horaires et les niveaux d’engagements des différents followers, à chaque instant, des centaines de personnes prient ensemble. «Cette étincelle a pris feu dans leur coeur», explique Dominic Chikhani, qui a aussi lancé en mars une démarche intitulée "Un million de chapelets pour le salut du Liban et du monde".

Non pas revenir à la normale, mais diffuser la paix de Jésus

«On prie pour la paix dans le monde, mais la paix de Jésus-Christ: on ne souhaite pas revenir à la normale, mais aller vers un monde dans laquelle la vraie paix que personne ne peut prendre existe dans chaque cœur, pour l’autre, pour la Vérité avec un grand V, la Vérité de Jésus, au sein de l’Église catholique», martèle-t-il.

L’initiative a été lancée le 19 mars pour la fête de saint Joseph et devrait se terminer le 8 décembre, pour la fête de l’Immaculée Conception. 25% de la période est passée, et déjà 250 000 chapelets ont été dits. Le rythme est donc tenu. Cette fidélité dans le rythme de prière donne à Dominic Chikhani l’impression que le monde vit «l’heure de Marie» imaginée par les grands saints mariaux comme saint Alphonse de Liguori, saint Louis-Marie Grignion de Montfort et saint Charbel. Une autre démarche intitulée "Rosary Rally" a également été lancée, impliquant notamment des catholiques d'Irlande et des États-Unis.

L’initiative du marathon de prière proposé par le Pape François, et dans lequel s’inscrit donc le Rosaire de samedi soir au sanctuaire de Notre-Dame-de-Liban, s’inscrit aussi dans cette dynamique de confiance en Marie pour demander le salut des âmes. Ce foisonnement d’initiatives mariales réjouit Dominic Chikhani. Pour lui, cela montre que «l’Esprit Saint travaille encore, et que son feu surgit de plus belle».

Le témoignage de Dominic Chikhani

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

28 mai 2021, 11:30