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Le Pape embrasse le Patriarche assyrien Mar Gewargis III lors de leur rencontre au Vatican, le 9 novembre 2018. Le Pape embrasse le Patriarche assyrien Mar Gewargis III lors de leur rencontre au Vatican, le 9 novembre 2018. 

Le Pape exprime sa proximité au Patriarche de l'Église assyrienne d'Orient

À Erbil, l’évêque de Rome a rencontré le Catholicos de l’Église assyrienne de l’Orient Mar Gewargis III, rappelant que de nombreux chrétiens ici ont versé leur sang et brillent maintenant ensemble, étoiles dans le même ciel, nous montrant le chemin de la plénitude de l'unité. Un chemin commencé en 1994 avec la Déclaration christologique commune entre l'Église catholique et l'Église assyrienne de l'Orient.

Amedeo Lomonaco - Cité du Vatican

À la fin de la Sainte Messe au stade "Franso Hariri" d'Erbil, au Kurdistan irakien, le Pape François a salué avec affection le Catholicos-Patriarche de l'Église assyrienne d'Orient, Mar Gewargis III, qui réside dans cette ville. «Merci, cher Frère ! Avec lui j’embrasse les chrétiens des diverses confessions : beaucoup ici ont versé leur sang sur le même sol! Mais nos martyrs resplendissent ensemble, étoiles dans le même ciel! De là-haut ils nous demandent de marcher ensemble, sans hésiter, vers la plénitude de l’unité», a déclaré François.

Histoire de l'Église assyrienne de l'Orient

L'Église assyrienne de l’Orient est une Église ancienne présente sur cette terre depuis les origines du christianisme. Les Actes des Apôtres rapportent que «Parthes, Mèdes, Elamites et habitants de la Mésopotamie» étaient présents près du Cénacle le jour de la Pentecôte. Ils ont été les premiers chrétiens de Perse, où plus tard, selon la tradition, l'apôtre saint Thomas et ses disciples Addaï et Mari ont prêché. Au cours de son histoire séculaire, l'Église assyrienne de l’Orient a développé une tradition théologique et spirituelle originale, dans un contexte culturel à prédominance sémitique et syriaque très proche des premières communautés apostoliques.

Au début du Moyen-Âge, l'Église assyrienne de l’Orient a développé un extraordinaire dynamisme missionnaire en suivant les différentes routes de la soie à travers l'Asie centrale, l'Inde et même la Chine. Elle possède le même héritage théologique et liturgique que l'Église chaldéenne et l'Église syro-malabare en Inde, toutes deux entrées en communion avec l'Église de Rome au XVIe siècle.

Depuis ses origines, l'histoire de l'Église assyrienne de l'Orient est tragiquement marquée par la persécution. Des pages dramatiques s'entrecroisent avec les périodes de domination de l'Empire perse, puis de l'Empire mongol, et enfin de l'Empire ottoman. C'est surtout après la persécution massive et systématique qui a eu lieu entre 1914 et 1924, également connu sous le nom de "Seyfo" (en syriaque, il signifie littéralement "épée"), que la plupart de ses fidèles ont émigré en Occident, emportant avec eux une tradition vieille de plusieurs siècles. Bien qu'il reste d'importantes communautés au Moyen-Orient, notamment dans le nord de l'Irak, en Syrie, en Iran et au Liban, près de la moitié des 450 000 fidèles de cette Église antique se trouvent aux États-Unis, avec une importante diaspora au Canada, en Europe et en Australie.

La Déclaration christologique commune de 1994

Le dialogue entre l'Église catholique et l'Église assyrienne de l'Orient a abouti en 1994 à la signature d'une Déclaration christologique commune. Dans ce document, le Pape Jean-Paul II et le Catholicos-Patriarche de l'Église assyrienne de l'Orient Mar Dinkha IV reconnaissent qu'ils partagent la même foi en Jésus-Christ. «Héritiers et gardiens de la foi reçue des Apôtres, telle que nos Pères communs l'ont formulée dans le Symbole de Nicée, nous confessons un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père de toute éternité et qui, lorsque les temps furent accomplis, est descendu du ciel et s'est fait homme pour notre salut», expliquent-ils. 

«Indépendamment des différences christologiques qui ont existé, nous confessons aujourd'hui unis la même foi dans le Fils de Dieu qui s'est fait homme afin que nous devenions, par sa grâce, enfants de Dieu», est-il indiqué dans ce document, qui précise que «le mystère de l'Incarnation que nous professons ensemble n'est pas une vérité abstraite et isolée. Elle concerne le Fils de Dieu envoyé pour nous sauver.»

En 2014, le Pape François, en recevant Mar Dinkha IV au Vatican, a qualifié la Déclaration christologique commune signée en 1994 de «jalon» sur le chemin «vers la pleine communion». «Avec cela, nous avons reconnu que nous confessons l'unique foi des apôtres, la foi dans la divinité et l'humanité de Notre Seigneur Jésus-Christ, unis en une seule personne, sans confusion ni changement, sans division ni séparation.».

La Déclaration commune de 2018

En 2015, le Catholicos-Patriarche de l'Église assyrienne de l'Est Mar Gewargis III a été élu, après le décès de Mar Dinkha IV. Dans le message qui avait immédiatement suivi cette élection, le Pape François avait rendu hommage à la fidélité des chrétiens et des autres minorités religieuses en Irak et en Syrie, qui faisaient alors face aux offensives djihadistes. «Avec vous, je demande au Seigneur de leur donner la force de persévérer dans leur témoignage chrétien», avait-il écrit.

En novembre 2018, le Pape François et Mar Gewargis III ont signé une nouvelle Déclaration commune sur la situation des chrétiens au Moyen-Orient. Le texte, rédigé en 8 points, souligne la gratitude envers le Seigneur «pour la proximité croissante dans la foi et l'amour entre l'Église assyrienne de l'Orient et l'Église catholique». Et il était rappelé que «ces dernières décennies, nos Églises sont devenues plus proches qu'elles ne l'ont jamais été au cours des siècles».

En attendant le jour où il sera possible de célébrer ensemble sur le même autel, l'intention «d'avancer dans la reconnaissance mutuelle et dans le témoignage commun de l'Evangile» avait été réitérée. Sur ce chemin, la déclaration précisait que «nous connaissons une souffrance commune, découlant de la situation dramatique de nos frères et sœurs chrétiens au Moyen-Orient, en particulier en Irak et en Syrie». «Des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants innocents souffrent immensément de conflits violents que rien ne peut justifier».

Ces conflits ont «accru l'exode des chrétiens des terres où ils vivent côte à côte avec d'autres communautés religieuses depuis l'époque des Apôtres». Le texte se terminait par une invitation forte au dialogue: «Plus la situation est difficile, plus le dialogue interreligieux basé sur une attitude d'ouverture, de vérité et d'amour est nécessaire. Ce dialogue est également le meilleur antidote contre l'extrémisme, qui est une menace pour les adeptes de toutes les religions.»

 

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07 mars 2021, 15:28