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Décès de Mgr Ramousse, figure de l'Église cambodgienne

Mgr Yves Ramousse, vicaire apostolique de Phnom Penh de 1962 à 1976 et de 1992 à 2001 est décédé ce jeudi à l'âge de 93 ans. Après la chute du régime des Khmers rouges, il a permis la renaissance de l'Église catholique au Cambodge, où il fut envoyé dès 1957.

Vatican News

Que de chemin parcouru depuis la Haute-Loire, dans le Massif Central jusqu'à Phnom Penh et le Cambodge. À limage des prêtres des MEP (Missions étrangères de Paris) qui évangélisèrent de nombreux territoires en Asie, Mgr Yves Ramousse passa la plus grande partie de sa vie au Cambodge où il fut envoyé en mars 1957. Dès son arrivée, il apprend le khmer et le vietnamien avant devenir professeur de morale au grand séminaire de Saïgon puis de philosophie au petit séminaire de Phnom Penh.

Après un bref retour en France, il est nommé vicaire apostolique de Phnom Penh: il n'a pas trente-cinq ans. Cela ne l'empêche pas de participer au Concile Vatican II où il rencontre deux évêques du Laos, Mgr Arnaud et Mgr Loosdregt avec qui il fondera en 1968 la Conférence épiscopale du Laos et du Cambodge.

Il introduit dans l'Église du Cambodge les changements contenus dans la nouvelle constitution liturgique Sacrosanctum Concilium, demandant aux prêtres de célébrer en khmer et remplaçant pour les nouveaux arrivants l'étude vietnamien par celle du khmer. C'est à partir de ce moment que les Cambodgiens purent avoir accès à des textes religieux dans leur propre langue.

Constitution d'une Église locale

Parallèlement, Mgr Ramousse, au fur et à mesure de l'ordination de prêtres cambodgiens, leur délègue peu à peu la direction pastorale. Il crée avec l'accord du Saint-Siège deux préfectures apostoliques au sein du vicariat de Phom Penh à Battambang et à Kampong Cham. Il fonde aussi un grand séminaire sur la presqu'île de Chrouy Changvar, en face de Phom Penh.

Lorsque la guerre civile éclate au Cambodge en 1970, les Vietnamiens, qui composaient la majorité des catholiques du pays, fuient. De 65 000 fidèles, la petite communauté passe à 7000 membres dont 185 religieuses et sœurs qui seront tuées par le régime des Khmers rouges. Jusqu'en 1975, Mgr Ramousse tente de ne pas prendre partie pour l'un ou l'autre camp.

Mais l'avance des Khmers rouges début 1975 le contraint à inviter les derniers missionnaires présents à prendre l'un des derniers avions sanitaires. Il reste cependant sur place avec les pères Robert Venet, Emile Destombes et François Ponchaud. En outre, il rappelle le père Joseph Chhmar Salas, alors en France, pour l'ordonner évêque coadjuteur. La cérémonie se passe le 14 avril 1975 sous les tirs de roquettes dans l'église de la paroisse Notre-Dame. Le lendemain, le nouvel évêque rassemble tout le clergé encore présent au Cambodge pour saluer les missionnaires contraints de quitter le pays. Mgr Ramousse part cinq semaines plus tard.

Un exil, le Cambodge toujours au coeur

Malgré la déchirure de la séparation, il repart en mission, en Indonésie, démissionnant de sa charge de vicaire apostolique. Il s'y occupe des réfugiés qui y débarquent. Il alerte également le Vatican de la situation des chrétiens khmers. C'est ainsi que le 6 janvier 1983, la congrégation pour l'Évangélisation des Peuples crée le Bureau pour la promotion de l'apostolat auprès des Cambodgiens et le lui confie. Le but est ici de créer des aumôneries dans le cadre de la pastorale des migrants.

Les accords de Paris de 1991 mettent fin à la guerre civile et le roi Sihanouk est rétabli sur son trône. Mais après une quinzaine d'années de régime communiste et une vingtaine d'années de guerre, l'Église catholique n'est plus que l'ombre d'elle-même. La plupart des sanctuaires ont été détruits, les fidèles sont morts ou ont été dispersés. Tous les prêtres et religieux cambodgiens ont disparu dans la tourmente. Si Mgr Ramousse peut rentrer au Cambodge, il ne peut rencontrer les chrétiens, les contacts avec les étrangers sont interdits aux Khmers. Les liens avec les fidèles se renouent progressivement. Il est de nouveau nommé vicaire apostolique en 1992 grâce à l'intervention du roi. Il occupe également la charge d'administrateur apostolique de Battambang jusqu'en 2000.

Renaissance de l'Église cambodgienne

Dès 1991, il encourage les Cambodgiens à rebâtir leur Église. Un premier synode a lieu le 30 avril de cette année: 602 familles, 350 catholiques venus des camps et dix mille Vietnamiens y participent.

En 1994, Mgr Ramousse obtient l'établissement de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Et en 1997, il fait reconnaître par le gouvernement cambodgien les statuts de l'Église catholique qui en fit une religion à part entière et non une simple ONG ou une association. Au cours de ces années, il s'efforce de reconstituer un clergé local.

En 2001, il quitte ses fonctions, remplacé par Mgr Destombes. Il reste au Cambodge jusqu'en 2013 dans la paroisse de Siahnoukville où il poursuit son sacerdoce. Il rentre ensuite en France, à Montbeton. Il décède le 25 février à cause de la Covid-19. «Sa patience, sa vision, sa perspicacité, son courage, sa résilience et ses sacrifices ont permis à l’Église du Cambodge de renaître de ses cendres dans les années 1990. La jeune génération de baptisés ne connaît pas Mgr Yves, mais s’ils sont ici aujourd’hui heureux de suivre le Christ, c’est en grande partie grâce à lui», écrivent le père Vincent Chrétienne, depuis trois ans au Cambodge, et Mgr Olivier Schmitthaeusler, actuel vicaire apostolique de Phnom Penh. 

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27 février 2021, 13:35