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Une stèle juive profanée à Champagne-au-Mont-d'Or près de Lyon, le 20 février 2019. Une stèle juive profanée à Champagne-au-Mont-d'Or près de Lyon, le 20 février 2019.  

L'Église de France réaffirme sa lutte contre l'antisémitisme

C’est une déclaration importante de la part des évêques de France, qui ont signé ce lundi 1er février une déclaration contre l’antisémitisme. Intitulé «lutter ensemble contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme sera la pierre de touche de toute fraternité réelle», ce texte a été signé par le Conseil permanent de la CEF en présence des principaux responsables juifs de France.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

Relayant les appels à la fraternité du Pape François, les évêques de France ont déjà à maintes reprises invité au respect mutuel et à l’apaisement de la société, comme après les attentats de Nice ou celui qui visa l’enseignant Samuel Paty. Mais dans le contexte actuel où les actes et discours antisémites sont en recrudescence, la conférence épiscopale a tenu à réaffirmer un message fort avec la communauté juive. Dans cette déclaration, les évêques invitent «à être particulièrement attentifs à l’inquiétante résurgence de l’antisémitisme en France». Lutter contre l’antisémitisme «doit être l’affaire de tous» notent-ils.

Pour les catholiques, rappellent les évêques, cette préoccupation s’inscrit dans la filiation spirituelle avec les juifs, comme l’avaient déjà rappelé Jean-Paul II ou Benoît XVI. Jésus lui-même, rappelle la déclaration, lisait les Psaumes, la Loi et les Prophètes. «Si la foi en Jésus nous distingue et nous sépare, elle nous oblige aussi, dans la mémoire des heures terriblement sombres de l’histoire et en gardant le souvenir des victimes de la Shoah et des assassinats antisémites de ces dernières décennies» peut-on lire encore dans ce texte, les évêques rappelant que «guérir de l’antisémitisme et de l’antijudaïsme est le fondement indispensable d’une véritable fraternité à l’échelle universelle».

Sur ce chemin exigeant de la guérison, l’Église de France exhorte enfin «non seulement les catholiques, mais également tous leurs concitoyens à lutter énergiquement contre toute forme d’antisémitisme politique et religieux en eux-mêmes et autour d’eux».

L'émotion des autorités juives

Cette déclaration était présentée en présence des principales autorités juives de France. «C'est avec une profonde émotion que j’assiste à cet évènement» a confié Joël Mergui, le président du Consistoire central, estimant que cette déclaration «rapproche nos cœurs les uns des autres». «Nous vivons un mal commun. C’est à nous tous de lutter contre toutes les formes de haine, qui visent également le monde chrétien» a t-il précisé, en évoquant les récents actes terroristes qui ont visé des églises. 

De son côté, Francis Kalifat, le président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) a confié voir dans ce texte «une avancée historique, qui aura une importance aussi bien nationale qu'internationale, à l'image de la déclaration de repentance des évêques du 30 septembre 1997». À l'époque, depuis le mémorial de Drancy, la CEF avait officiellement demandé pardon à la communauté juive pour les fautes et les silences de certains pasteurs de l'Église face à la tragédie de la Shoah. 

Le grand rabbin de France Haïm Korsia a pour sa part évoqué une «initiative prophétique» d'autant plus forte que cette déclaration n'a pas été faite «sous la pression des évènements», après un crime antisémite particulier. 

Un texte sur lequel revient Mgr Didier Berthet, évêque de Saint-Dié et président du Conseil pour l'unité des chrétiens et des relations avec le judaïsme au sein de la conférence des évêques de France. 

Entretien avec Mgr Didier Berthet

 

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01 février 2021, 12:54