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La plus ancienne représentation de st Thomas mise au jour à Florence

Une fresque représentant le «docteur angélique», fêté ce 28 janvier, a récemment été découverte à Florence, dans la basilique Santa Maria Novella. Datant d’il y a cinq cents ans, il s’agit de la plus ancienne représentation de saint Thomas d’Aquin.

Paolo Ondarza – Cité du Vatican

Cette fresque, cachée sous une couche de plâtre sur un mur de l’élégante basilique florentine, date de 1323 et a été attribuée au Maître de Sainte Cécile.

Une découverte aussi inattendue que significative pour l’ordre dominicain, qui vit cette année une année doublement jubilaire, avec le 800e anniversaire de la mort de saint Dominique de Guzman (survenue le 6 août 1221 à Bologne), et le 8e centenaire de l’arrivée des douze premiers frères dominicains dans la petite église de Sancta Maria ad Vineas (Sainte Marie des Vignes), à partir de laquelle sera édifiée dès 1279 la célèbre basilique. «Les frères ont été envoyés par saint Dominique pour prêcher à cause de l'hérésie cathare», explique le père Manuel Russo, religieux dominicain de la communauté de Santa Maria Novella, interrogé par Vatican News. «Au départ, ils vivaient en dehors de Florence. Ils ont concentré leur activité apostolique sur la double nature, divine et humaine, de Jésus-Christ. Soutenue par le cardinal Ugolino di Segni, qui deviendra plus tard Grégoire IX et canonisera saint Dominique en 1324, la petite communauté obtient l'attribution d'une église près d'une terre agricole à Florence».

Saint Thomas, docteur de l'Église

La fresque, découverte il y a deux ans et demi puis étudiée par Gaia Ravalli et inaugurée en 2020 par une conférence d'étude, remonte à l'époque de l'élévation de Dominique à l'honneur des autels. Il représente la conférence inaugurale du doctorat de Saint Thomas. Thomas, explique le père Manuel Russo a été déclaré Magister in Sacra Pagina, c'est-à-dire en Écriture sainte, et il est représenté au moment où il inaugure son magistère par la célèbre leçon Rigans montes donnée à l'université de Paris sur la sagesse divine.

Les grands travaux de Vasari

Les travaux de restauration ont redonné au tableau, caché depuis environ un demi-millénaire, son éclat chromatique d'origine. «En 1565, après le Concile de Trente, Côme Ier de' Medici ordonne à Giorgio Vasari de rénover la basilique de Santa Maria Novella selon les canons tridentins. Le peintre, auteur des célèbres “Vies de peintres”, a révolutionné la décoration: la plupart des tableaux du Moyen-Age et de la Renaissance ont été détruits. Parmi ceux-ci, il y avait aussi quelques fresques du Beato Angelico. Seules quelques peintures n'ont pas été raclées des murs, mais drainées, c'est-à-dire recouvertes d'une couche de plâtre». C'est le cas de saint Thomas qui, sous une couverture blanche, est ainsi tombé dans l'oubli. Un autel en pierre de l'époque maniériste et un panneau peint par Vasari lui-même ont été placés sur place.

Saint Thomas et Santa Maria Novella

Il y a environ trois ans, lors de travaux de conservation, la restauratrice Simone Vettori, avec beaucoup d'habileté, réussit à enlever le plâtre et les dépôts de saleté, mettant ainsi au jour une peinture qui, malgré les dommages subis, est encore claire dans sa disposition générale et révèle un grand raffinement dans l'utilisation de différentes techniques et matériaux tels que le plomb blanc, la dorure et l'azurite.

Le père Manuel Russo souligne le lien entre la basilique florentine et saint Thomas. «L'architecture de Santa Maria Novella est évocatrice de la conception de l’esthétique de Thomas. En outre, à partir du XIVe siècle, une importante étude théologico-philosophique a vu le jour dans l'église, héritière de celle fondée par Thomas à Naples, à San Domenico Maggiore». La basilique florentine conserve d'autres peintures célèbres dédiées au saint. «Parmi celles-ci, il faut mentionner le retable d'Andrea Orcagna dans la Chapelle Strozzi à Mantoue et le Cappellone degli Spagnoli dans le Cloître Vert, un ancien chapitre de la communauté connu dans le monde entier, peint à fresque comme une grande cathédrale thomiste: Saint Thomas est représenté assis, entouré par les sciences dans un véritable triomphe de son ordre.»

Les péripéties des reliques

La basilique de Santa Maria Novella conserve également le doigt de saint Thomas, une relique à l'histoire mouvementée. «Thomas est mort dans l'abbaye de Fossanova à Priverno, dans la province de Latina, rappelle le père Russo. Le droit canonique de l'époque établissait que le monastère où avait lieu la mort de la personne avait droit à la propriété des restes mortuaires. Cependant, les frères dominicains ont organisé un enlèvement et la translation de ses reliques à Toulouse, le lieu de naissance de l'ordre dominicain».

Lors du trajet des frères dominicains vers la France, la dépouille du saint fait une halte à Florence et, par la volonté du pape Urbain V, un doigt reste à Santa Maria Novella. Mémoire terrestre de l'auteur des hymnes eucharistiques, elle était traditionnellement portée en procession lors des célébrations du Corpus Domini au cours des siècles passés. Ces derniers temps, une attention renouvelée s'est développée autour d'elle de la part des fidèles, qui pourront la vénérer également lors des célébrations de ce 28 janvier. Au programme également à Santa Maria Novella, la célébration de l'Eucharistie présidée par le frère Gérard Timoner, Maître de l'Ordre des frères prêcheurs et 87e successeur de saint Dominique.

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28 janvier 2021, 13:12