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Les quatre missionnaires assassinées le 2 décembre 1980 Les quatre missionnaires assassinées le 2 décembre 1980 

Les missionnaires assassinées au Salvador, martyres aimant la vie des autres

Il y a quarante ans, trois sœurs missionnaires et une volontaire étaient assassinées au Salvador. Leur mémoire a été rappelée par le Pape François lors de l'audience générale ce mercredi. Le père Gregorio Chisholm, missionnaire canadien, se trouvait sur place ce 2 décembre 1980. Il témoigne pour Vatican News.

Vatican News

C'est par un pur hasard que le père missionnaire canadien Gregorio Chisholm, prêtre depuis 42 ans dans une paroisse de Pucallpa, dans l'Amazonie péruvienne, rencontra à l'aéroport de San Salvador les sœurs de Maryknoll Ita Ford et Maura Clarke, l'ursuline Dorothy Kazel et la volontaire laïque Jean Donovan. Venu assister avec une délégation canadienne aux obsèques des dirigeants du FDR (Front démocratique révolutionnaire), il remarqua aussitôt une atmosphère tendue dans les lieux.

 

Dorothy et Jean y attendaient Ita et Maura qui arrivaient du Nicaragua par un autre vol. Une Américaine qui accompagnait les Canadiens voulut rester avec les sœurs mais celles-ci répondirent : «nous sommes sous pression, nous recevons beaucoup de menaces, il vaut mieux que vous alliez avec les Canadiens» se remémore le père Chisholm.

Les militaires assassinèrent les quatre femmes

En quittant l'aéroport, le groupe des Canadiens fut arrêté par quatre hommes armés. Après avoir contrôlé les identités, «ils nous dirent de nous en aller d'ici, qu'ils ne voulaient plus nous y voir» poursuit-il. C'est à cet endroit plongé dans le noir, que quarante-cinq minutes plus tard, «ils arrêtèrent les sœurs de Maryknoll qui étaient arrivées et les deux autres femmes et malheureusement ils les séquestrèrent, les violèrent et leur mirent une balle dans la tête à chacune.»

Aucune hésitation sur les auteurs de ce crime pour le missionnaire : «il nous paraît évident que ce sont les hommes de la garde ou des forces armées salvadoriennes, ceux qui nous arrêtèrent. Nous n'avons pas le moindre doute que ce furent les militaires qui tuèrent les sœurs là-bas.»

Un témoignage d'amour et de joie

Ces sœurs avaient apporté avec elles un témoignage de foi plein de joie. «Face aux menaces, qui étaient nombreuses, ces femmes décidèrent d'accompagner leur peuple, particulièrement les déplacés, les réfugiés internes qui, à cause de la guerre, n'avaient nulle part où se reposer et elles les accompagnaient en leur apportant de l'aide sanitaire, alimentaire et spirituelle,» raconte le père canadien.

«Combien fut terrible, insensible le commentaire de l'ambassadeur de l'époque des États-Unis près les Nations unies : il accusa ces femmes merveilleuses d'être des femmes plus politiques que religieuses. Comme ce que disait cette personne était loin de la vérité !» s'insurge encore aujourd'hui le père Chisholm.

Martyres au quotidien

«Elles accompagnaient les plus humbles et parfois le martyr se voit, se présente dans une quotidienneté à laquelle on ne s'attend jamais. Elles donnèrent leurs vies sans savoir qu'elles allaient donner leur vie physique. Ce sont des martyres, dans le sens qu'elles sont des témoins, d'abord auprès des pauvres, des témoins de foi, de force et de résistance», explique le missionnaire.

«Ce sont aussi des martyres qui questionnent le pouvoir des puissants», et tout particulièrement celui des États-Unis et des militaires salvadoriens qui, «pour se maintenir au pouvoir étaient prêts à assassiner et à violer les droits les plus élémentaires des pauvres» poursuit le prêtre canadien. «Ce sont des martyres parce qu'elles nous parlent de joie, d'amour, d'entraide même en des temps difficiles.»

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02 décembre 2020, 18:07