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Migrants à Nicosie, capitale chypriote, le 28 décembre 2020 Migrants à Nicosie, capitale chypriote, le 28 décembre 2020 

Les conditions de vie des migrants, toujours plus précaires

Même si les routes migratoires ont été moins meurtrières cette année par rapport aux années précédentes, les conditions d’accueil des migrants et réfugiés restent pour le moins difficiles. Entre manque de volonté politique et instrumentalisation de la question migratoire par des formations anti-migrants, ces personnes sont souvent prises en otage. Témoignage du père Maurice Joyeux du Service Jésuite des Réfugiés, qui a passé plusieurs années en Grèce et travaille actuellement dans le Pas de Calais, au Nord de la France.

Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican

L’année 2020, comme les précédentes, aura été rythmée par de nouveaux drames de l’immigration, que ce soit les naufrages en mer Méditerranée, le long des côtes occidentales de l’Afrique ou dans la Manche, ou bien le sort des réfugiés Rohingyas qui ont fui la Birmanie et dont une partie a été transférée début décembre contre son gré sur une île du Golfe du Bengale.

Partout, ce sont des histoires de drames humains qui remontent à travers le sort de ces hommes, femmes et enfants, contraints de fuir leurs terres, poussées à l’exil en raison de la guerre des persécutions ou de la misère économique.

La Grèce, épicentre de la crise migratoire en Europe

La situation ne cesse de se dégrader pour les migrants dans les camps de réfugiés en Grèce: mi-décembre, on apprenait que les cas d’automutilation avaient explosé dans ces camps situés sur plusieurs îles du pays, en particulier chez les mineurs, signe de la grande précarité dans laquelle vivent ces personnes et l’impact de leurs conditions de vie sur leur santé mentale.

Cette année 2020 a été dramatiquement marquée par l’incendie du camp de Moria, le plus important camp de réfugiés en Grèce, sur l’île de Lesbos. Dans la nuit du 8 septembre, ce sont près de 13 000 réfugiés qui se sont retrouvés sans aucun abri, devant quitter le peu de biens qu’ils avaient pour fuir les flammes.

La crise sanitaire précarise encore plus les réfugiés

Aux conditions d’accueil déjà précaires des migrants s’est par ailleurs ajoutée la crise sanitaire du Covid. La promiscuité vécue dans ces structures a rendu impossible le respect des règles sanitaires imposées pour endiguer la pandémie. Les troubles psychiques observés chez les jeunes migrants en raison d'un parcours migratoire souvent traumatisant ont été aggravés par le Covid-19 du fait d'un plus fort isolement ont constaté plusieurs chercheurs français interrogés par l’AFP.

Au mois de février dernier, l'Académie nationale de médecine française avait jugé la situation sanitaire des migrants "préoccupante", mentionnant des troubles mentaux "six fois plus fréquents que dans la population générale". L’institution mettait notamment en cause la précarité des conditions d'hébergement, d'hygiène, ainsi qu'un retard dans l'accès aux droits.

Si le Pape François rappelle sans cesse l’importance de penser avec humanité le devenir de ces migrants, la question migratoire, en Europe au premier chef est souvent avant tout politisé à outrance ou traitée de façon quasiment exclusivement sous une approche sécuritaire. C’est ce que regrette le Père Maurice Joyeux du Service jésuite des réfugiés. Il revient sur les conditions de vie de ces personnes en Grèce où il a passé plusieurs années et évoque également la situation dans le Nord de la France vers Calais où il travaille actuellement.

Entretien avec le père Maurice Joyeux

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29 décembre 2020, 13:03