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Le père Pierluigi Maccalli Le père Pierluigi Maccalli 

Père Maccalli: une captivité reliée au monde par la prière et la radio

Le prêtre missionnaire italien Pierluigi Maccalli, libéré le 8 octobre dernier au Mali après avoir été retenu en otage plus de deux ans, témoigne pour Vatican News de son expérience. Un période éprouvante mais quelque peu adoucie par la prière du chapelet et l’écoute de la radio.

Benedetta Cappelli, Gabriella Ceraso, Adelaide Patrignani – Cité du Vatican

Au terme de l’angélus de ce dimanche 19 octobre, journée missionnaire mondiale, le Pape François a eu une pensée pour les missionnaires, les catéchistes, et tous ceux qui sont persécutés ou pris en otage dans différentes parties du monde, invitant à prier pour eux.

Il a également demandé à la foule de saluer par un applaudissement le père Pierluigi Maccalli. Enlevé en septembre 2018 au Niger où il était missionnaire, le prêtre italien originaire de Madignano a été libéré le 8 octobre dernier. Le Saint-Père a tenu à remercier Dieu pour cette libération «tant attendue», et s’est aussi réjoui de la libération de trois autres otages, survenue en même temps que celle du père Maccalli.

Ces mots du Pape François ont été une surprise pour le prêtre de la Société des Missions Africaines qui écoutait l’angélus avec sa famille, auprès de laquelle il est revenu il y a une semaine. Voici sa réaction:

J'ai été surpris et ému, parce que, moi aussi, je suivais la diffusion en direct, ma sœur était à côté de moi. Elle m'a serré dans ses bras. C'était vraiment un moment très fort, tout comme les accolades que j'ai reçues dès le premier jour à mon arrivée à Rome, de la part de ma famille, puis dans mon village et maintenant ce salut du Pape et de toute l'Église. Je n'ai vraiment pas de mots pour remercier tout le monde de s’être souvenu de moi, d’avoir prié, de m’avoir soutenu: vous étiez ma force, vraiment, j'ai toujours espéré, j'ai toujours cru que tôt ou tard tout finirait, que je pourrais retrouver la famille, cela me faisait tant de peine lorsque je pensais à eux, et mes amis qui m'ont soutenu. Vraiment, je vous remercie.

 Aujourd'hui, nous célébrons la Journée mondiale des missions. Pouvez-vous nous parler de votre captivité, qui a duré deux ans?

C'était long. Une attente longue et interminable. Je n'ai pas encore réussi à réorganiser mes pensées, mes sentiments, je suis encore en train d'atterrir, désolé, mais cette expérience a été forte pour moi. Je pensais qu'ils m'avaient “volé” deux années de mission, je me rends compte au contraire que ça a été deux années fructueuses, (…) parce qu’elles étaient entre de bonnes mains, les mains de Dieu. Certes, j'ai vécu cette expérience que je définis comme celle d’un déporté de guerre, j'ai ressenti à fleur de peau de la haine et du mépris, parce que je représentais l'ennemi à combattre. Mais cette expérience d'emprisonnement m'a permis de me sentir en communion avec toutes les victimes innocentes de la violence et de la guerre : nous, les missionnaires, sommes souvent des cibles faciles pour la vengeance et la persécution dans de nombreuses régions du monde. Nous sommes des victimes et des témoins innocents d'un monde de fraternité universelle possible.

Nous sommes dangereux, je dirais, parce que nous sommes armés de non-violence et nous croyons que la Paix triomphera du mal, nous croyons qu’«amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent». Voici qu'avec notre vie et, pour certains même par le martyre, nous brisons la spirale de la violence en offrant le pardon à tous, comme je l'ai offert à ceux qui veillaient sur moi et me gardaient enchaîné. Je me suis dit, en regardant ces jeunes hommes avec des Kalachnikovs à la main, «ils ne savent pas ce qu'ils font». Je suis convaincu et je crois fermement, après ces deux années, que la prière, - et la prière ensemble, en groupe (…) - est le fil indispensable pour tisser la toile de la paix et de la fraternité. Et ma prière, depuis cet endroit perdu dans le Sahara, était ma force, je n'avais rien d'autre.

Ils m'ont kidnappé en pyjama, j'ai fait un chapelet de tissu que j'ai noué et prié tous les jours, matin et soir, en me confiant à Marie qui défait les nœuds. Ici, je pense que nous construisons ensemble ce tissu de fraternité: nous, missionnaires aux frontières et vous, communautés qui nous avez envoyés et qui nous soutenez par la prière, avec tant d'affection et de charité. Permettez-moi de dire merci à tous, par l'intermédiaire des ondes de Radio Vatican qui m'a tenu compagnie ces quatre derniers mois. On nous avait donné une petite radio le 20 mai, par providence, c’était le jour de mon anniversaire. Bien sûr, j'aurais préféré qu’on nous donne des nouvelles de la libération tant attendue, mais chaque soir, j'écoutais Radio Vatican et, surtout le samedi, cela me donnait cette petite dose spirituelle de l'Évangile que je n'avais pas sous la main.

J'aimerais vous remercier pour ce que vous faites. J’ai encore tant de choses à vous dire, mais attendons que je vienne à Rome et peut-être que je vous rendrai visite. Mais, vous m'avez vraiment soutenu avec votre émission et avec les nouvelles que j'écoutais avec une réelle soif, parce que vous avez ouvert une fenêtre dans la prison que nous, les Italiens, appelions “bis bis”, parce que nous étions vraiment isolés très, très étroitement, sans aucune communication avec l'extérieur. Je n'ai qu'à dire merci: merci, merci, merci à ceux qui m'ont soutenu par la prière et merci à Dieu. Dieu a entendu notre prière.

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19 octobre 2020, 11:41