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Foyers de Charité: résultats de l’enquête sur les abus commis par leur fondateur

À la demande de son Père modérateur, les Foyers ont rendu public jeudi 7 mai les conclusions de la commission de recherche puridisciplinaire et indépendante menée sur leur fondateur, le père Georges Finet (1898-1990). Fruits de plus de trois ans de travail, des mesures concrètes ont été décidées à la lumière de ces travaux pour poursuivre l'œuvre de transparence au sein de l’association.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

C’est le fruit d’un long processus enclenché dès 2016, après la nomination du Père modérateur Moïse Ndione et du Conseil international des Foyers de Charité. L’association, reconnue comme Association internationale de fidèles de droit pontifical depuis 1986 et qui organise des retraites spirituelles, s’est lancée dans un vaste chantier pour lutter contre toute forme d’abus. L’un des fruits de ce travail est celui de la commission de recherche sur l’abbé Finet, cofondateur des Foyers avec Marthe Robin en 1936. Une commission, présidée par la théologienne Françoise Gaussen, ancienne directrice de l’enseignement catholique dans le diocèse de Marseille, qui a débuté son travail en septembre 2019 et rend aujourd’hui ses résultats.

Les conclusions de la commission

Dans un long rapport complété par un communiqué de presse, les Foyers de Charité précisent que “les agissements gravement déviants du père Finet”¸se fondent sur des témoignages recueillis couvrant la période de 1945 à 1983. 26 femmes, “principalement des anciennes élèves de Châteauneuf-de- Galaure, pour la plupart âgées de 10 à 14 ans lors des faits, ont dénoncé le comportement du père Finet lors de confessions».

Parmi ces victimes, «15 personnes témoignent de souffrances encore vives aujourd'hui» relève l’association qui dans son communiqué condamne «sans réserve les agissements du père Finet qui sont gravement contraires au droit et au respect des personnes». La commission d’enquête relate aussi qu’outre le fondateur, 9 témoignages dévoilent des abus commis par d’autres personnes, pour des faits qui remontent après 1950.

Dans ses conclusions, la commission souligne que les mesures de prévention et de traitement des abus prises par les Foyers de Charité dans leurs communautés «sont conformes aux normes instituées par l'Eglise», mais invite à aller plus loin, en particulier invitant les Foyers à «renforcer l'efficacité de ces mesures» en restructurant en particulier la cellule de lutte contre la pédocriminalité créée en mars 2017.

Trois décisions concrètes

Fort des enseignements des travaux de la commission, les Foyers de Charité expliquent avoir d’ores et déjà pris trois décisions concrètes. La première est le lancement d’un audit général des Foyers de Charité et de toutes leurs activités par un organisme indépendant. Il permettra, selon l’association, «d’identifier les causes structurelles des dysfonctionnements». Deuxième mesure, la restructuration de la cellule de lutte contre la pédocriminalité au sein des Foyers, qui sera désormais coordonnée par un expert extérieur à l’association.

Cette cellule à d’ailleurs mis à disposition une adresse mail pour recueillir les témoignages de victimes : paroledevictime@lesfoyersdecharite.com. Troisième décision enfin, la création d’une commission théologique chargée d'étudier les enseignements du père Finet à la lumière de ces révélations. 

Dans leur communiqué de presse, les Foyers de Charité précisent en effet qu’ils  “se doivent en effet d'interroger, avec l'aide de compétences extérieures, l'héritage reçu du père Finet et discerner tout ce qui n'est pas ajusté dans la vie communautaire en raison de cet héritage”. Il s’agit en particulier de réflechir sur comment s’est exercé l’autorité.

Un travail de fond en Église

«Nous sommes engagés dans un chemin de réforme, souligne le père Moïse Ndione, modérateur général des Foyers de charité, qui appelle tous les membres des communautés “à prendre leur part dans un nécessaire travail collectif d'approfondissement”  de leur vocation et de leur mission. Ce processus doit se faire en Eglise, précise t-il, «en relation avec les évêques ayant un Foyer de Charité dans leur diocèse et sous l'autorité du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie».

Crées en 1936 à Châteauneufde-Galaure dans la Drôme (sud-est de la France), l’œuvre des Foyers de Charité a pour mission essentielle de proposer des retraites spirituelles, qui accueillent plus de 50 000 personnes par an. Certains foyers exercent une mission supplémentaire d’enseignement ou de dispensaire. Aujourd’hui, 78 foyers sont répartis sur quatre continents, et 970 personnes sont engagés à vie dans l’association, selon les chiffres des Foyers de Charité.

Dans un communiqué, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France salue le courage du père modérateur d'avoir diligenté cette enquête et encourage les membres des Foyers de Charité dans ce «douloureux travail de révélation et de renouvellement», les remerciant de  «participer à l’œuvre purificatrice engagée par toute l’Eglise

 

Depuis la publication des conclusions de ce rapport de la commission de recherches pluridisciplinaire et indépendante sur le père Georges Finet, plusieurs anciennes élèves de Châteauneuf-de-Galaure, qui se sont réunies au sein d’un «collectif», ont souhaité réagir. Elles mettent en cause la commission et affirment, dans un droit de réponse, que «le rapport n’est pas directement disponible, seule une synthèse rédigée par les Foyers, l’est». Pour le «collectif des anciennes élèves», il n’y a pas eu d’enquête. «Nous ne nous battons pas pour défendre le père Finet, mais pour qu’il ne puisse être condamné sans véritable enquête» fait savoir le collectif, affirmant ne pas comprendre comment cette condamnation «a pu être tirée d’une simple écoute».  

(Modifié le 24/08/2020)

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07 mai 2020, 08:26