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L'exhortation apostolique "Querida Amazonia" a été publiée le mercredi 12 février 2020. L'exhortation apostolique "Querida Amazonia" a été publiée le mercredi 12 février 2020. 

"Querida Amazonia", un appel à la responsabilité et à la créativité

"Querida Amazonia", l'Exhortation apostolique post-synodale sur l'Amazonie,a été rendue publique ce mercredi 12 février 2020. Dans ce texte, le Pape François exprime ses rêves pour l’Amazonie «bien aimée» à travers une approche à la fois sociale, culturelle, écologique et ecclésiale. Témoignage de Mgr Vizcarra, l’archevêque du Vicariat apostolique de Jaén, au Pérou.

Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican

Le Pape François, dans cette exhortation apostolique, rappelle qu’il est urgent d'écouter «le cri de l'Amazonie», car l'équilibre planétaire en dépend. Le Saint-Père propose des pistes pour une écologie intégrale à travers une attention particulière à la voix des pauvres, à la valorisation des cultures. Et il exhorte à développer «une Église au visage amazonien» en favorisant notamment de nouveaux charismes. Il n’y a pas dans ce texte de proposition concernant l’ordination d’hommes mariés ou le diaconat féminin mais un encouragement à explorer d’autres pistes et à renforcer le rôle des laïcs, notamment des femmes.

Mgr Alfredo Vizcarra, l’archevêque du Vicariat apostolique de Jaén dans le nord-est du Pérou était l’un des pères synodaux, présent à Rome en octobre dernier. Son diocèse ou vivent deux communautés indigènes est partagé entre montagne et forêt amazonienne. Il nous livre une première réaction à la lecture de cette exhortation post-synodale.

Entretien avec Mgr Vizcarra

«Ce qui attire mon attention, c’est le titre “Chère Amazonie”. Il s’agit d’un appel à un autre regard, qui parte du cœur. Même si d’autres approches sont très importantes, le point de départ est le cœur, l’attention à la personne, à la réalité de cette partie de la Création qui doit nous toucher profondément comme êtres humains. C’est très important parce que nous souffrons, semble t-il, d’un déficit d’affection, nous manquons d’un regard qui ne soit pas utilitaire, uniquement tourné vers l’aspect matériel, immédiat. Nous avons besoin d’un regard profond qui nous touche vraiment aux entrailles et qui nous permette ensuite de prendre des décisions pratiques, matérielles, économiques en étant attentif au bien commun, à un bien-être responsable, solidaire, juste qui oriente un cœur sensible, proche de toute une réalité en souffrance. Par ailleurs, le fait que ce texte ne soit pas seulement adressé à l’Église mais aussi à toute personne de bonne volonté, c’est aussi très important.

Le Pape établit un lien étroit entre la protection de l’Amazonie et la protection de la planète et il exhorte à la responsabilité nationale et internationale tant au niveau économique que politique, est-ce un message audible ?

J’aimerais qu’il le soit mais pour l’instant c’est encore un défi. Il y a certains gouvernements qui ont cette conscience mais il faut continuer ce travail parce qu’il y a urgence. Nous sommes en train de détruite notre planète. Et donc, ce texte, est un appel à regarder l’Amazonie comme un lieu prioritaire en raison de son rôle par rapport aux changements climatiques mais aussi parce que cela concerne les populations les plus démunies, les plus pauvres de notre planète. Et l’on ne prend pas en considération le milieu, la culture, le savoir-faire, le savoir-vivre de ces peuples alors que l’on pourrait tant apprendre de leur manière de vivre. Il faut les respecter en tant qu’êtres humains.

 

Comment avez-vous accueilli les paroles du Pape concernant l’inculturation, et notamment l’inculturation de la liturgie ?

Le Pape encourage là aussi l’Église à faire d’avantage d’efforts pour une inculturation encore plus profonde dans le milieu amazonien afin que les peuples puissent exprimer leur foi à travers par exemple des rites qui les aideraient à vivre la foi en Jésus-Christ.

Le quatrième chapitre très dense, concerne le rêve ecclésial. Le Pape François face à la pénurie de prêtres ne propose pas l’ordination d’hommes mariés, mais il propose d’autres pistes: l’envoi de prêtres en Amazonie, mais aussi un rôle renforcé pour les laïcs et notamment les femmes.

Oui, nous ici au Pérou, dans l’assemblée des évêques, nous avons justement parlé de la possibilité d’envoyer des prêtres ou de créer un Fidei donum national. Et il serait important de développer ou de renforcer les différents ministères laïcs qui existent dans plusieurs de nos communautés. Il va falloir soutenir cette mission. Il y a par exemple ici des mouvements de catéchistes qui ont une influence très forte dans les communautés. Et il faut réfléchir à leur accompagnement notamment à travers la formation.

Il est important d’encourager la participation des laïcs et de leur accorder plus de responsabilités. En ce qui concerne les femmes, je ne peux pas dire qu’à partir de ma realité nous ayons fait beaucoup de progrès. Il faut beaucoup plus de catéchistes femmes par exemple. Il faut reconnaître que les femmes occupent déjà de nombreuses responsabilités dans le domaine social, au sein de nos communautés chrétiennes.

 

Vous recevez cette exhortation non pas comme un point d’arrivée mais comme un point de départ, un cap qui est indiqué et qui invite à la réflexion et à la créativité ?

Je crois que la situation de l’Église ici en Amazonie est très difficile. Ce n’est pas seulement la problématique sociale, économique mais c’est aussi la difficulté dans laquelle nous nous trouvons comme agents pastoraux. Nous sommes de moins en moins nombreux. Le Synode et maintenant l’Exhortation apostolique du Pape sont un souffle d’espoir mais aussi une invitation à la créativité, à affronter la situation dans laquelle nous nous trouvons. Nous devons toujours faire confiance à la présence de Dieu. Nous devons avoir cette confiance qui ne nous enferme pas, ne nous met pas en retrait, mais nous pousse à sortir de nous-mêmes, à essayer tous ensemble de faire preuve de créativité pour aider à la naissance ou à la consolidation de communautés chrétiennes vivantes. Qu’elles puissent être toujours nourries de leur foi en Jésus-Christ. Et cette idée de continuer à travailler en réseau comme Église est importante aussi, pour ne pas perdre l’élan ou le dynamisme.»

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13 février 2020, 17:24