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Le métropolite Epiphanius ce samedi dans la cathédrale Sainte-Sophie lors du "concile de la réconciliation" à Kiev Le métropolite Epiphanius ce samedi dans la cathédrale Sainte-Sophie lors du "concile de la réconciliation" à Kiev 

Le métropolite Epiphanius, chef de la future Église orthodoxe d'Ukraine

Le «concile de réconciliation » convoqué à Kiev ce samedi par le Patriarcat de Constantinople s’est conclu. Un homme a été désigné pour conduire la future Église orthodoxe d’Ukraine, indépendante du patriarcat de Moscou. Il s’agit du Métropolite Epiphanius.

Marie Duhamel – Cité du Vatican

Au terme d’une journée à huis clos en la cathédrale Sainte-Sophie au cœur de la capitale ukrainienne, une cinquantaine de dignitaires orthodoxes ont désigné le chef de l’Eglise d’Ukraine qui réunira deux Églises étant entrées en schisme avec le patriarcat de Moscou. Le métropolite Epiphanius aura le soin d’unir l’Église orthodoxe de Kiev autoproclamée en 1992 dont il est membre et la très minoritaire Église autocéphale ukrainienne. 

Un profil conciliant

Né dans la région d’Odessa en 1979, Epiphanius était à seulement 39 ans le bras droit depuis cinq ans de Philarète, patriarche de l’influente Église orthodoxe de Kiev, excommunié par Moscou avant d'être réhabilité par le patriarcat de Constantinople en octobre dernier. Epiphanius avait manifestement toute sa confiance.

Contrairement à nombre de ses pairs, Epiphanius n’a pas étudié à Moscou, mais à Kiev et en Grèce. Il maîtrise ainsi la langue grecque, ce qui constitue un atout majeur pour dialoguer avec le patriarcat de Constantinople dont c’est la langue officielle. 

Selon des experts interrogés par la BBC en langue ukrainienne, Epiphanius serait un homme de foi, qui aime le travail d’équipe et qui aurait le sens pratique. On le dit en outre loin des groupes d’influence.

Il est probable qu’il se rende à Istanbul le 6 janvier prochain pour recevoir des mains de Bartholomée le «Tomo», le décret, qui instituera l’autocéphalie de la nouvelle Église orthodoxe d’Ukraine. Il devrait prendre le titre de «Métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine». Il ne sera toutefois pas qualifié de «patriarche» dans le souci, semble-t-il, de ne pas provoquer davantage le patriarcat de Moscou et de toutes les Russies.

Ce samedi soir, s’adressant pour la première fois à la foule, il a appelé «tout le monde à s’unir et à rejoindre» son Église. Face à lui, sur le parvis de la cathédrale, des milliers d’Ukrainiens l’ont acclamé, scandant «Slava», gloire, avec enthousiasme à l’annonce de sa désignation par le président Porochenko.

«Un jour sacré» pour les uns, un concile illégal pour d'autres

«Ce jour sacré entrera dans l'histoire comme celui de la création d'une Église autocéphale unie en Ukraine. Jour de notre indépendance définitive de la Russie», a lancé Petro Porochenko. Le président ukrainien a participé ce samedi au concile en qualité d’observateur. En chute libre dans les sondages, il a fait de la création de cette Église d’Ukraine une priorité avant l’élection présidentielle du 31 mars prochain. 

Bien que Moscou ait jugé le concile «illégal», certains orthodoxes russes ukrainiens y auraient pris part. Ils sont comparés ce samedi à Judas par le métropolite Hilarion de Volokolamsk, le président du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou.

Ce vendredi, le patriarche orthodoxe russe Kirill avait appelé plusieurs leaders politiques et religieux, dont le Pape François, à défendre avec lui l’Église orthodoxe d’Ukraine contre «l’immixtion de l’État dans la vie ecclésiale en Ukraine». Il dénonçait dans sa lettre les prémisses de «persécutions à grande échelle» contre les orthodoxes, fidèles à Moscou. Certains ont été accusés d’«incitation à la haine religieuse». Plusieurs églises orthodoxes russes ont également été perquisitionnées par la police ces dernières semaines. 

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15 décembre 2018, 19:35