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Mgr Bienvenu Manamika, archevêque de Brazzaville (Congo-Brazza), au cours d'une visite pastorale Mgr Bienvenu Manamika, archevêque de Brazzaville (Congo-Brazza), au cours d'une visite pastorale 

Le Congo-Brazza célèbre la clôture des 140 ans de son évangélisation

Après une année de commémoration, le Congo célèbre la clôture des 140 ans de son évangélisation ce dimanche 4 juin 2023. La messe sera présidée à Brazzaville par le Cardinal Michael Czerny, envoyé spécial du Pape François. Mgr Bienvenu Manamika, archevêque de Brazzaville et président de la Conférence épiscopale du Congo, dresse un bilan de l’évangélisation dans son pays, faite essentiellement de la prédication et des œuvres sociales.

Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican

Ce dimanche 4 juin 2023, le peuple du Congo célèbre la clôture des 140 ans de l’évangélisation de son pays. La messe sera présidée par le cardinal Michael Czerny, préfet du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, qui ordonnera également neuf prêtres. Représentant spécial du Pape François pour cet événement, le cardinal Czerny est accompagné d’une délégation du Vatican.

Une célébration en plusieurs étapes

La clôture de la célébration des 140 ans de l’évangélisation du Congo-Brazzaville s’est déroulée en plusieurs étapes. Le lancement des festivités a eu lieu dans la province ecclésiastique d’Owando, au nord du pays, où fidèles et évêques se sont rassemblés pour les pèlerinages à Lékety et à Boundji respectivement les 11 et 12 mai; suivis de la messe le 14 mai. Le dimanche 21 mai, l’attention s’est tournée vers la province ecclésiastique du Sud-Ouest. Dans l’archidiocèse de Pointe Noire, la baie de Loango, porte d’entrée de l’évangélisation au Congo, a accueilli les évêques et pèlerins qui ont également participé à des ordinations presbytérales et diaconales. Le vendredi 2 juin, un pèlerinage a été organisé à Linzolo, deuxième porte d’entrée de l’évangile au Congo, dans l’archidiocèse de Brazzaville, qui accueille la troisième et dernière phase de cette célébration historique.

Bilan: action de grâce et redécouverte de la Parole de Dieu

Pour Mgr Bienvenu Manamika, le premier bilan à dresser au terme de ce «moment historique» est «un devoir de reconnaissance envers le Très-Haut». Il faut rendre grâce à Dieu pour les missionnaires et toutes les personnes qui ont rendu possible ces 140 ans d’évangélisation. Il convient aussi de rendre hommage à ces hommes et ces femmes qui, sous l’impulsion de l’Esprit Saint et l’amour Dieu et des hommes dans leurs cœurs, ont abattu, en bravant vents et marrées, un travail dont les fruits se récoltent aujourd’hui. Ce jubilé a aussi porté des fruits, a-t-il déclaré, comme la «découverte de l’accès à la parole de Dieu», avec toutes ses conséquences sur le plan moral, comportemental, familial et fraternel. Cela a porté à «l’ouverture à l’universalité avec le divin, qui dans son éternel être descend chez nous, devient immanent et nous fait monter vers lui».

L’Eglise du Congo, toujours présente à travers ses actions

Outre l’accueil de la parole de Dieu, Mgr Manamika a souligné, comme autres fruits de ces 140 ans de l’évangélisation, l’inculturation de l’Evangile, qui a pénétré les germes, purifié et assainit ce qui n’a pas été dans la droiture avec la parole de Dieu reçue de Jésus. «C’est l’ouverture à la transcendance et à la pureté des relations horizontales», a déclaré l’archevêque de Brazzaville. Il y a également les œuvres sociales, dont les institution de santé et les écoles qui ont formé la crème du pays; la Caritas qui prêté main forte au pays surtout pendant les moments difficiles de son histoire, a-t-il poursuivi. Dans les années 1967 à 1990, cet élan de l’évangélisation à travers les actions sociales a été mis à mal par le marxisme-léninisme, a noté le président des évêques du Congo. Grâce à la Conférence nationale souveraine (1990-1991), présidée par Mgr Ernest Kombo, un nouveau vent a soufflé et la porte des œuvres catholique a de nouveau été ouverte. L’Eglise du Congo a toujours été présente dans des moments critiques pour le relèvement du pays.

Une Eglise sainte et pécheresse

Parlant de la fidélité à l’Evangile, le président de la Conférence épiscopale du Congo se veut humble. Pour lui, les temps ont beaucoup changé, les mentalités deviennent exigeantes et on assiste aujourd’hui à une «guérilla spirituelle», avec des spiritualités «tous azimuts» qui déstabilisent la foi de bon nombre de catholiques. Beaucoup d’entre eux se sont trouvés dans des endroits «pas très orthodoxes pour la foi». Cela est aussi en partie dû «aux échecs» des pasteurs, qui ont «loupé quelque part», ce qui a provoqué certaines distorsions. L’Eglise qui a pour tête Jésus est resté fidèle, mais les membres ont dévié, a reconnu Mgr Manamika. Les premiers temps, des pionniers, n’ont pas non plus été faciles, avec des amalgames et des confusions entre évangélisation et colonisation, qui donnent des bons ou des mauvais fruits aujourd’hui. Ce jubilé est aussi l’occasion de se ressaisir pour un rebondissement, a déclaré l’archevêque de Brazzaville.

Des défis pour l’avenir

Pour l’avenir, Mgr Manamika estime que l’évangélisation doit continuer avec des fruits sur le terrain, pour le développement humain intégral et afin de parvenir à un mieux-être des congolais. Il pense qu’il faut aussi consolider les efforts faits jusqu’ici, afin notamment de contrecarrer toutes les distorsions qui s’observent actuellement, les perturbations des réseaux sociaux et certaines nouvelles théories. Cette consolidation doit conjuguer prédication de la Parole et œuvres sociales. L’Accord-Cadre signé en février 2017 entre l’Etat et l’Eglise du Congo est déjà en train de booster ce souffle d’évangélisation. Les négociations entre le gouvernement et l’épiscopat est en cours en vue de l’élaboration des accords spécifiques, qui permettront de mieux enraciner des projets futurs, dont l’éducation secondaire et universitaire. Avec l’aide des partenaires et de l’Etat congolais, une université catholique est en cours d’établissement à Pointe Noire, et pourra ouvrir ses portes en octobre. L’Espoir est permis et «l’espérance qui ne s’éteint jamais» fait croire fermement à un futur meilleur, a déclaré Mgr Manamika, au nom de l’épiscopat congolais, tout en appelant les catholiques à être fiers de leur Eglise, à s’accrocher à Jésus en toute authenticité.

L’histoire retient que l’évangélisation du Congo a débuté avec l’établissement du vicariat apostolique de Loango, un territoire missionnaire de l’Église catholique, le 25 août 1883. Des missions ont ensuite été établies à Owando depuis 1897, avant de s’étendre partout dans le pays.

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03 juin 2023, 18:29