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Le logo de la 5ème édition de la soirée de gala et de défilé de mode Kinshasa Mboka ya Masano Le logo de la 5ème édition de la soirée de gala et de défilé de mode Kinshasa Mboka ya Masano 

Les 450 ethnies de la RDC honorées à travers la mode

Présenter les cultures des 450 groupes ethniques de la RDC et leurs codes vestimentaires dans une pluralité unie, est l’un des objectifs d’une soirée de gala et défilé de mode "Kinshasa Moboka ya Masano", organisée ce vendredi 14 avril au Musée national du Congo. Au cours de cet événement culturel qui a pour thème «Plus 450 couleurs», les jeunes stylistes et modélistes auront l’occasion de présenter le génie de leurs créations.

Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican

Evénement de la mode, "Kinshasa Moboka ya Masano" est à sa cinquième édition. Créer un événement fédérateur pour la mode congolaise et qui puisse la vendre sur le plan touristique, afin de renforcer l’identité vestimentaire congolaise, est l’idée, à la base de cette initiative. C’est ce qu’a expliqué Lydia Nsambayi Ntumba, styliste et modéliste congolaise, chef des travaux à l’Institut supérieur des Arts et métiers (ISAM), responsable de la marque "Lydia Design by Lydia Nsambayi", et de la fondation "Young Molato Design", qui organise cet évènement culturel. 

Réfléchir sur l’identité vestimentaire congolaise

Pour la styliste congolaise, l’identité vestimentaire de la RDC est actuellement en souffrance et a du mal à s’affirmer. Aujourd’hui, a-t-elle expliqué, il est difficile de trouver un identifiant vestimentaire qui caractérise les congolais. Certains font recours au port de «deux pagnes» pour les femmes, en mode surtout sous le président Mobutu, mais parfois moins utilisés dans la société actuelle. Les hommes, et les jeunes particuliers, font recours aux marques japonaises ou européennes, déplore Lydia Nsambayi. D’où, il faut identifier un élément identitaire pouvant permettre «de vendre l’image de la mode congolaise». C’est de cette réflexion, explique-t-elle, que vient l’idée ayant abouti à "Kinshasa Mboka ya Masano", soirée de présentation de la mode, dont la première édition a eu lieu en 2019.

Rendre hommage aux cultures vestimentaires des 450 groupes ethniques congolais

Centré sur la rumba congolaise l’année dernière, les organisateurs de l'événement ont choisi pour thème cette année: "Plus 450 couleurs". Il s’agit, explique Lydia Nsambayi, de «rendre hommage aux 450 ethnies de la RDC», pays qui regorge une «grande diversité culturelle ainsi que plusieurs approches, façons de s’habiller et vêtements». Chaque styliste va présenter sa collection de cette année, en lien avec cette thématique.

Chaque année, déclare la modéliste, les stylistes congolais peuvent présenter leurs collections au moins deux fois, en fonction des saisons climatiques de leur pays; mais l’occasion ne s’y prête pas encore observe-t-elle.

Appel aux décideurs en faveur du secteur de la mode en RDC

Pour la modéliste congolaise, la culture vestimentaire congolaise peut être génératrice des fonds pour le pays, si le secteur de la mode est bien organisé et accompagné par des prises de décisions de la part de l’État. Elle appelle les autorités à appuyer ce secteur «qui est méconnu» et «pas assez mis en avant». Les stylistes et artistes congolais reçoivent souvent les invitations des ministères des arts et cultures d’autres pays pour aller prester sous d’autres cieux; chose qui se fait rarement dans son propre pays, constate la responsable de la fondation "Young Molato Design". Elle espère attirer l’attention des décideurs, pour une plus grande considération et valorisation du «fashion» en RDC. Elle lance aussi un appel à un soutien financier, vu que, pour le moment, elle se bat seule pour organiser cet événement.

Outre les finances, Lydia Nsambayi estime que valoriser ce secteur serait une manière d’encourager les jeunes doués dans cette création artistique d’entrevoir la mode comme un déboucher pour leur avenir. Ce genre d’évènements peut aussi être une opportunité qui ouvre le pays au marché international, estime-t-elle. Selon elle, si la mode congolaise était consommée en dehors de la RDC comme l’est la musique par exemple, une synergie pouvait se créer entre ces activités et le pays en serait le grand bénéficiaire.   

Créer un tissu congolais

Pour Lydia Nsambayi, l’élément qui manque pour que la mode congolaise puisse se distinguer de toutes les autres, est «le tissus congolais». Un cadre de réflexion sur cet aspect «de base» est en cours de préparation a-t-elle révélé. Pour créer cet «étoffe», on peut faire recours à certaines culturelles ancestrales congolaises comme celle kuba, où l’on trouve «des tissus riches en décoration». Partant de cet héritage, «on peut créer et rendre consommable le tissus congolais, car le pagne ne reflète pas l’identité vestimentaire congolaise, moins encore la sape à la japonaise», a-t-elle indiqué.

Suivre Lydia Nsambayi Ntumba, styliste et modéliste congolaise

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14 avril 2023, 16:24