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La police kenyane exhume les dépouilles d'adeptes présumés d'une secte dans des fosses peu profondes à Kilifi. La police kenyane exhume les dépouilles d'adeptes présumés d'une secte dans des fosses peu profondes à Kilifi. 

Kenya: les évêques condamnent le meurtre par suicide collectif dans une secte

Dans un communiqué publié lundi 24 avril, l’épiscopat du Kenya a condamné la mort par suicide collectif de dizaines d’adeptes d’une secte, à Shaka Hola dans le comté de Kilifi. «Demander aux gens de jeûner et de mourir pour rencontrer Jésus n'est pas chrétien», ont déclaré les évêques, plaidant pour une règlementation des confessions religieuses et associations cultuelles dans le pays.

Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican

Un crime odieux

«La vie est un don précieux de Dieu que nous avons tous le devoir moral d'entretenir et de protéger», souligne l’épiscopat du Kenya, condamnant fermement la prédication orchestrée par le pasteur Paul Mackenzie Nthenge de l’Église Internationale de la Bonne Nouvelle, qui a incité ses fidèles à jeûner jusqu'à la mort, sous prétexte de rencontrer Jésus. Cela n'est pas chrétien, «mais constitue un enseignement hérétique qui devrait normalement donner lieu à des mesures disciplinaires correspondantes de la part de la famille religieuse à laquelle appartient le dirigeant de l'Église», souligne le communiqué de l’épiscopat.

Les évêques demandent  «une enquête rapide sur les circonstances qui ont conduit à l'acte odieux qui a conduit des Kenyans crédules à leur mort prématurée». L’épiscopat s’inquiète du fait que «de prétendus prophètes et chefs de culte» exploitent impunément leurs adeptes innocents. Ceux-ci «ont perdu de l'argent, des biens et maintenant des vies», déplorent les évêques, qui invitent les Kenyans à être sur leurs gardes face à tous ces leaders sectaires dont la très forte emprise sur leurs adeptes portent ces derniers à «croire qu'ils ont toujours raison et qu'ils ont la connaissance exclusive de la vérité».

Un nouvel examen du mécanisme de régulation des religions

Les évêques kenyans sont revenus, dans leur communiqué, au débat sur la réglementation des religions dans le pays. Au-delà du tollé qu’avaient suscité, notamment de la part des responsables religieux, les propositions contenues dans les règles sur les groupes religieusx de 2015, l’épiscopat reconnaît «le défi que représente l'autorégulation dans un environnement où de nombreuses sectes et dénominations résistent aux structures et systèmes de direction». Les prélats estiment qu’un mécanisme legal de regulation des religions aurait empêché le pasteur Mackenzie d’orchestrer une telle tragédie. Aussi demandent-ils dans leur texte «une révision des lois proposées par l'État afin de garantir que ces pasteurs malhonnêtes soient démasqués à temps et qu'ils n'aient pas la possibilité de perpétuer leurs actes dangereux». Ce nouvel examen, précisent-ils, «devrait permettre d'identifier les liens juridiques et religieux faibles que les chefs de secte exploitent pour laver le cerveau de leurs adeptes sans méfiance». L’épiscopat kenyan rappelle également la responsabilité des leaders religieux à collaborer étroitement avec les organismes publics pour l’assainissement du paysage religieux, en particulier en luttant «contre les tendances sectaires avant qu'elles ne deviennent incontrôlables».

La recherche des corps des victimes du "massacre de la forêt de Shaka Hola" se poursuit. Des nouvelles découvertes au matin du mardi 25 avril ont porté à 83 morts le bilan du suicide collectif commandité par le gourou de la secte.  Le chef de l’État kenyan, William Ruto, a qualifié lundi ce dernier de terroriste, promettant de sévir contre ceux «qui veulent utiliser la religion pour faire avancer une idéologie louche et inacceptable».

 

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25 avril 2023, 18:07