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Mgr Ateba appelle à secourir des réfugiés nigérians au nord du Cameroun

Depuis 2013 au Nigéria, année au cours de laquelle les forces armées d’Abuja ont lancé une vaste offensive contre les djihadistes de Boko-Haram, l’afflux de déplacés et de réfugiés ne cesse de croitre. Beaucoup se sont réfugiés dans l’état voisin, le Cameroun, précisément dans la région de Maroua au nord.

Entretien réalisé par Jacques Ngol,SJ – Cité du Vatican

Le diocèse de Maroua-Mokolo accueille environ 500.000 réfugiés, auxquels il s’efforce de venir en aide, mais la situation devient difficile à gérer, pour la Caritas locale et les ONG présentes. L’évêque en appelle à la communauté internationale et à une mobilisation collective pour mettre fin à la crise et préparer le retour des personnes déplacées.

À combien peut-on estimer le nombre de ces réfugiés et comment sont-ils arrivés?


Suite aux attaques de la secte Boko-Haram, de nombreux ménages ont été forcés de fuir pour se mettre à l’abri des attaques incessantes. Le nombre de personnes déplacées n’a cessé de croître pour atteindre près de 500 000 personnes en 2021. Nous avons «116. 564 réfugiés nigérians, 6.267 camerounais de retour du Nigéria, 339. 610 personnes déplacées internes et 128. 990 retournés». Des communautés hôtes sont aussi affectés par l’afflux massif des réfugiés nigérians et des déplacés internes camerounais.

Quelles sont les mesures d’accompagnement que vous avez adoptées pour suivre ces personnes déplacées?

Face à la hausse des violences et aux déplacements massifs des populations, les autorités diocésaines dans une vision prophétique ont restructuré le service diocésain de la promotion humaine (le Comité Diocésain de Développement), en créant le service de la Caritas chargé d’organiser la réponse diocésaine à cette crise.

Ainsi, la Caritas Maroua-Mokolo a entrepris plusieurs actions visant à atténuer les souffrances des personnes affectées par la crise, sauver des vies et préserver la dignité de la personne humaine, surtout des filles et des femmes. Pour y contribuer, elle a pu mobiliser des ressources auprès des communautés chrétiennes du diocèse, des anciens missionnaires et des organisations partenaires à l’instar de la Fondation Leger et de Caritas Allemagne, Catholic Relief Service, Misereor et du diocèse. Cela a permis d’assister au cours des 5 dernières années, environ 70 000 ménages vulnérables déplacés et des communautés hôtes, soit près de 500 000 personnes, dans les départements du Diamaré, Mayo-Sava et Mayo-Tsanaga.

Quelles peuvent être des solutions à ces problèmes?

La solution n’est pas seulement militaire, elle est aussi économique. Il faut former ces jeunes déplacés et leur trouver du travail. Dans un contexte de crise sécuritaire qui dure et qui provoque l’arrivée continue des nouveaux déplacés, nous mettons l’accès sur la promotion humaine et l’assistance humanitaire aux plus vulnérables: Il s’agit de maintenir les services d’assistance humanitaire (distributions alimentaires, prise en charge des soins de santé, eau, hygiène et assainissement, etc.). L’Eglise doit poursuivre ses efforts pour contribuer à la résolution des causes profondes avec des efforts de développement des populations dans leur communauté, notamment à travers l’amélioration de la sécurité alimentaire, la promotion des droits humains, le renforcement de la cohabitation pacifique et le relèvement économique.

Nous nous préparons aux fêtes de Noël et de fin d’année, de quelle manière votre diocèse s’organise-t-il pour faire participer ces personnes aux joies de fêtes de manière à ce qu’elles ne se sentent pas isolées de la société qui les a accueillis?

Les malades, les migrants, les réfugiés, et les pauvres sont la solitude de l’Eglise. Nous avons dans notre diocèse beaucoup de périphéries, c’est la raison pour laquelle nous avons planifié la fête de Noël en impliquant toutes ces couches, surtout ce mois de décembre qui est un mois d’espérance. Le 11 décembre, nous avons célébré avec les personnes handicapées; dimanche 18 décembre, nous avons également eu une célébration de Noël anticipé avec les réfugiés et les déplacés, et le samedi 24 décembre sera une célébration de Noël avec les détenus et le personnel d’encadrement, sans oublier les pauvres de nos paroisses; chacun et chacune dans sa communauté doit sentir, vivre cette espérance de la présence du Christ au milieu de nous. Noël c’est Emmanuel, Dieu est avec nous.

Mgr Bruno Ateba Edo, évêque de Maroua-Mokolo, dans le nord du Cameroun c
Mgr Bruno Ateba Edo, évêque de Maroua-Mokolo, dans le nord du Cameroun c

Quel est votre message de Noël à l’endroit de toutes les personnes qui, à cause d’insécurités ou pour d’autres raisons se trouvent loin de leur territoire ou de leur famille?

C’est un message d’espérance «le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une lumière» nous a dit le prophète Isaïe. L’espérance ne peut s’évanouir, je leur dis d’avoir toujours l’espérance. Respirez l’espérance qui ne peut être étouffée par rien, ni par personne! Parce que notre cœur espère toujours et nous le devons à la miséricorde avec laquelle Dieu vient à notre rencontre sans jamais nous abandonner. Car, saint Paul parle de Dieu comme le Dieu de l’espérance. Le Seigneur est avec nous, Dieu a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son fils unique pour nous sauver et Dieu vient à notre rencontre à travers nos frères et sœurs.

Le message de Noël, si tu es triste, réjouis-toi, Noël est joie, la joie du Seigneur, la joie du cœur; si tu as des ennemies, réconcilies-toi, Noël est paix; si tu as des amis, vas les chercher, Noël est rencontre; s’il y a des pauvres autour de toi, aides les, Noël est charité; si tu as de l’orgueil, sacrifies le, Noël est humilité; si tu as des péchés, convertis-toi, Noël est grâce; si tu es dans les ténèbres, allumes ta lampe, Noël est lumière; si tu as de la haine, oublies la, Noël est amour. Joyeux Noël!!!

Mgr Bruno Ateba Edo, évêque de Maroua-Mokolo au Cameroun.

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23 décembre 2022, 11:53